C’est tout de même extraordinaire que presque un médecin sur deux du secteur hospitalier ait peur de faire une erreur à cause justement de conditions de travail exécrables. Ce chiffre est effrayant et rend compte de la gravité de la situation. Comme toujours, ils attendent tout le drame, l’accident mortel avant de réagir.
À titre d’exemple, la maternité de l’hôpital Nord de Marseille ne possède qu’un seul médecin pédiatre, une dame qui doit s’occuper aussi bien de la maternité que du service de natalité ! Il peut se passer de longues heures sans qu’il n’y aucun médecin dans la maternité alors que les femmes viennent d’accoucher !!!
Dans une nouvelle étude*, Odoxa interroge les personnels et praticiens hospitaliers sur l’organisation de leur temps de travail et les conséquences de celle-ci sur leur pratique.
Résultat, plus de 60 % des soignants (62 % des agents, 64 % des médecins) considèrent manquer fréquemment de temps pour réaliser correctement leurs tâches.
Semaines à rallonge
Les praticiens hospitaliers sont débordés. En moyenne, les hospitaliers interrogés travaillent 47 heures par semaine. Un chiffre qui peut grimper à 50 heures ou plus pour 44 % d’entre eux. Des semaines à rallonge auxquelles il convient d’ajouter les sollicitations en dehors des heures de service. Une situation que la moitié des praticiens interrogés subit au moins une fois par semaine.
Ils sont contraints, bien souvent, de travailler vite… et mal. 62 % des médecins déclarent manquer « souvent » ou « toujours » de temps pour réaliser toutes leurs tâches. En conséquence, 68 % des professionnels interrogés avouent devoir travailler « très rapidement », au détriment du patient.
Les praticiens hospitaliers sont 43 % à se dire préoccupés par la crainte de faire des erreurs par manque de temps. 60 % des médecins jugent insuffisant le temps d’échange entre professionnels sur la prise en charge du patient. Les sondés ont également été interrogés sur les aspects de leur travail qui leur font perdre le plus de temps. Sans surprise, la réalisation de tâches administratives arrive en tête. Viennent ensuite les interruptions et la réalisation de tâches logistiques.
Face à ce constat, les professionnels se sentent bien seuls et ne voient pas l’avenir sous de meilleurs auspices. Neuf sur dix ont le sentiment que leur charge de travail s’intensifie plus ou moins fortement. Une large majorité (77 %) a le sentiment que leur direction ne fait rien pour essayer d’améliorer les choses.
Enfin, faute de pouvoir échanger suffisamment longtemps avec les patients, c’est l’éducation et la prévention qui sont sacrifiées. 43 % des praticiens reconnaissent n’avoir « rarement » ou « jamais »le temps d’aborder ces questions pendant une consultation.
Pour y remédier, une solution a clairement la cote chez les médecins : l’embauche de personnels. 42 % des praticiens interrogés y sont favorables, juste devant la simplification organisationnelle (32 %) et le développement du numérique et de la e-santé (12 %).
* Baromètre « Le carnet de santé des Français et des personnels hospitaliers » pour la MNH (actionnaire du « Quotidien »), « le Figaro » et France Info, réalisé en mai par Internet auprès de 962 Français et de 1 458 adhérents de la MNH, dont 1 223 soignants et 176 médecins
Source : Lequotidiendumedecin.fr