[citation source=””]Nouvelle rubrique Maghreb/Islam qui sera alimentée par nos envoyés spéciaux en Algérie, fins connaisseurs des enjeux et des arcanes du pouvoir.[/citation]
Depuis la chute vertigineuse du prix du baril sur le marché mondial, l’Algérie connaît une baisse drastique de ses revenus, sachant que son économie est essentiellement tributaire de ses exportations en hydrocarbures. De 111 $ à la mi-2014, le baril ne rapporte guère plus de 58 $. D’où la nécessité de recourir à la dévaluation de la monnaie nationale. C’est ce qui a déjà été fait puisque le dollar coûte désormais 98,7 DA au lieu de 79 DA il y a tout juste une année et ce n’est pas fini.
C’est ainsi que la rumeur s’est vite propagée quant à la forte probabilité d’une augmentation du prix du carburant à la pompe. Il est vrai que ce prix est actuellement le plus bas au monde, de l’ordre de 0,23 $ le litre contre une moyenne mondiale de 1, 13 $, soit près de 5 fois moins. Une telle mesure ne peut être prise sans en évaluer les répercussions inévitables sur l’économie générale. C’est pourquoi cette rumeur s’apparente plus à un ballon d’essai destiné à recueillir les premières réactions au sein de la population et des capitaines d’industrie, plutôt qu’à une mesure mûrement réfléchie et fermement décidée. En vérité, les responsables politiques, pris de court, ne savent pas comment réagir face à cette crise aussi sévère que soudaine, certes prévisible mais à laquelle ils ne se sont pas préparés.
Les responsables ont recours au tâtonnement et souvent, n’hésitent pas à reculer, assénant un coup dur, voire fatal, à la crédibilité du gouvernement, du reste lourdement entamée. C’est ainsi que le cahier des charges concernant l’importation des véhicules a été retiré alors qu’il venait d’être publié au JORADP. Un acte qui témoigne de l’amateurisme des dirigeants.
L’idée de réduire les importations, en les limitant à l’essentiel, — si elle constitue une mesure rationnelle et sage — est loin de séduire la clientèle de vautours qui gravitent autour des cercles du pouvoir et qui font fortune en se positionnant sur ce créneau particulièrement convoité. Alors, ceux qui ont spolié le pouvoir et qui se soucient avant tout de s’y maintenir, réfléchiront à deux fois avant de prendre des décisions d’ordre général qui risqueraient de leur aliéner ces soutiens de circonstance, versatiles à souhait et adeptes du donnant-donnant.
Bref, ces augmentations de prix, ajoutées à la dévaluation du dinar elle-même source d’érosion du pouvoir d’achat, entraîneront par un effet de spirale et à travers l’augmentation du coût du transport (de marchandises et de voyageurs) un cercle vicieux infernal qui, si le marché mondial des hydrocarbures ne renoue pas assez rapidement avec l’embellie financière, risque de produire, à moyen terme, au sein des populations, des secousses d’une violence telle que le régime lui-même risque d’être emporté.
Sans oublier la volonté de soumettre la nouvelle autoroute (sic) est-ouest à un péage qui ne fera qu’aggraver les choses !
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est ce que bon nombre d’Algériens appellent de leurs vœux — quitte à en pâtir eux-mêmes un certain temps — pour que le pays soit enfin débarrassé de façon pacifique, de cette bourgeoisie compradore, aussi bien civile que militaire, totalement corrompue et parasite et d’un régime à bout de souffle et en panne d’idées et de ressources, dirigé par procuration par une constellation hétérogène de voyous opportunistes, voraces et insatiables.
[citation source=”Morjane T. El-Watan”] En une année, la monnaie nationale s’est considérablement dépréciée. Aujourd’hui, un dollar américain équivaut à 98,7 DA au taux de change officiel, contre 79 DA en mai 2014. Le responsable ? Selon la Banque d’Algérie, le pétrole, dont la valeur a chuté de manière vertigineuse cette dernière année. Mi-2014, le prix du baril caracolait à 111 dollars, aujourd’hui il avoisine les 58 dollars. La dépréciation du dinar, confirmée par la Banque d’Algérie, en dit long sur l’état de santé inquiétant de notre économie. Selon Farid Yaïci, professeur d’économie à l’université de Béjaïa, «c’est la preuve que l’économie algérienne n’est pas compétitive». Comme cette dépréciation depuis le début de l’année, de nombreux marqueurs alertent sur l’urgence d’une réaction économique. La première sonnette d’alarme a été tirée par le Centre national de l’informatique et des statistiques (CNIS) des Douanes à la fin du premier trimestre 2015 ; son rapport révélait une balance commerciale déficitaire pour la première fois en Algérie depuis de nombreuses années. Car les revenus liés à l’exportation d’hydrocarbures – entre 94 et 98% des ventes de l’Algérie vers l’étranger – ont chuté de 31% par rapport au premier trimestre 2014 et ne parviennent plus à maintenir un équilibre économique face au flux massif d’importations. Alors, que faire pour redynamiser l’économie ? «Etant donné qu’on importe plus qu’on exporte, explique l’économiste Samir Belal de l’université de Boumerdès, la meilleure façon de rétablir l’équilibre, c’est de dévaluer la monnaie.» Mais en douceur, car «le risque d’une dépréciation trop brutale serait de provoquer une hausse des prix», ajoute-t-il. Pour l’économiste Farid Yaïci, au contraire, une dévaluation n’aurait qu’un impact minime, car il ne ferait pas remonter le prix de notre principal – sinon exclusif – produit d’exportation : le pétrole. Dans le métier, les regards se tournent vers la future loi de finances complémentaire, qui devrait être présentée prochainement devant l’Assemblée populaire nationale. Avec comme espoir secret qu’elle s’attaque aux subventions de l’Etat. Par exemple, celle accordée au carburant, fixant son prix en Algérie dans les plus bas au monde. Le carburant se vend actuellement 0,23 dollar le litre, contre une moyenne mondiale à 1,13 dollar. Urgences «C’est insensé, le prix d’un litre d’essence en Algérie coûte moins cher qu’une bouteille d’eau», s’indigne Samir Belal. Attention toutefois, répond le collectif d’économistes Nabni : toucher aux subventions oui, mais pas n’importe comment. «On pourrait libérer graduellement le prix de l’essence, tout en maintenant un processus de compensation pour les classes les plus démunies, en conservant par exemple une subvention sur le carburant pour les transports en commun», développe Abdelkrim Boudra de Nabni. Autre option pour rétablir l’équilibre commercial : restreindre les importations. C’est ce que tente timidement de faire depuis peu le gouvernement, en essayant de ne froisser aucune partie. Pour preuve, le nouveau cahier des charges sur les importations de voitures, publié à la mi-avril au Journal officiel, qui vient finalement d’être retiré. Les concessionnaires étrangers ne peuvent que s’en réjouir. «Le problème de fond, c’est qu’il n’y a pas véritablement de ligne de conduite. On a l’impression que les décideurs ne savent pas quoi faire», estime Samir Belal. C’est ce que craint aussi le professeur Yaïci : «Je pense qu’on ne peut s’attendre qu’à des politiques d’urgence, court-termistes. Pourtant, ce qu’il faudrait, c’est une véritable réforme structurelle portant sur l’innovation, la diversification de nos produits d’exportation et l’amélioration de nos compétences.» Morjane T.[/citation]