Même George Orwell, ne l’aurait pas imaginé dans son célèbre ouvrage 1984. La Chine dérive vers un monde orwellien où les citoyens sont surveillés en permanence et doivent s’auto-censurer dans leur comportement pour ne pas froisser l’Autorité, qu’on pourrait assimiler au fictif Big Brother. Cette information est un indicateur inquiétant quant à la direction que prend le monde dans la réduction des libertés individuelles. Nous avions déjà eu le Patriot Act aux États-Unis, aujourd’hui nous avons le système de notation des citoyens en Chine, et demain ce sera au tour de quel pays ?
Lancé en 2014, le projet vise à récompenser les bons comportements et à punir les mauvais via un système de points. La mise en place a déjà commencé : dès le 1er mai 2018, les Chinois ayant une mauvaise «note sociale» se verront interdire l’achat de billets de train ou d’avion pour une période pouvant aller jusqu’à un an, a fait savoir Pékin vendredi dernier.
Des points en plus pour l’achat de produits chinois, de bonnes performances au travail ou la publication sur un réseau social d’un article vantant les mérites de l’économie nationale. Des points en moins en cas d’opinions politiques dissidentes, de recherches en ligne suspectes ou de passages piétons traversés à la hâte, alors que le feu est rouge. La Chine travaille depuis 2014 sur un système d’évaluation de ses propres citoyens programmé pour être mis en place en 2020. L’empire du Milieu vient même d’accélérer le calendrier: dès le 1er mai prochain, les individus ayant une mauvaise «note sociale» seront inscrits sur une liste noire les empêchant d’acheter des billets de train ou d’avion pour une période pouvant aller jusqu’à un an, selon deux communiqués de la Commission nationale de développement de la réforme en date du deux mars et publiés sur internet vendredi dernier. Lors du Chaos Communication Congress (CCC), l’une des plus importantes conférences de hackers qui se tenait en décembre 2017 à Leipzig, la chercheuse Katika Kühnreich avait présenté les résultats de ses recherches sur le sujet.
D’après elle, un tel système fonctionnera en exploitant les mécanismes du jeu, tels que les scores et la comparaison entre amis, pour devenir un insidieux mais très puissant instrument de contrôle social. Il combinera les données de plusieurs outils existants, dont ceux déployés par les géants du Web Alibaba, Tencent et Baidu. Tous trois ont d’ores et déjà lancé des expérimentations sur ce système de «crédits sociaux», qui donne accès à certains services en fonction de l’évaluation du client. 700 millions d’internautes ont accès à leurs services respectifs en Chine. «Le SCS (pour Social Credit System) utilisera de vrais noms, des données de consommateurs, notamment via Alipay, le système de paiement d’Alibaba, ou des applications de rencontres, dont Baihe», précise Katika Kühnreich. Les enregistrements des tribunaux, de la police, des banques, des impôts et des employeurs, seront eux aussi utilisés.
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Le Figaro