Voici encore une fois la preuve que ces personnalités, actuellement au pouvoir, n’ont honte de rien, ne reculent devant aucune limite, pas même celle du conflit d’intérêts et des liens familiaux directs avec un membre du gouvernement. C’est sidérant, c’est comme s’il n’y avait qu’une seule personne capable de prendre la direction de l’Inserm, le mari de la ministre de la santé, Agnès Buzyn ! Et même si l’information est médiatisée, eh bien, ils ne reculent pas pour autant ! Même la prestigieuse revue scientifique The Lancet s’est étonnée de cette mascarade à la française !
La défense ridicule de Madame Agnès Buzyn consiste à expliquer que ce n’est pas elle qui s’occupe de l’Inserm mais que le dossier a été déporté sur l’Élysée ! Comme si c’était suffisant pour garantir la neutralité ! Nous verrons bien ce qu’ils oseront faire le 6 août prochain puisque c’est à cette date que le nom du nouveau directeur sera dévoilé !
C’est le président de la République qui nommera le futur directeur général. Ce qui pose la question d’un possible conflit d’intérêt.L’Inserm, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, se cherche actuellement son futur directeur général. Parmi les candidats déclarés : le généticien Philippe Froguel, la cancérologue, Jessica Zucman-Rossi, et un familier de la maison, Yves Lévy. Et pour cause, ce dernier a été président-directeur général de 2014 à 2018. Il a depuis terminé son mandat mais reste actuellement PDG par intérim. Problème : médecin immunologiste, professeur d’université, spécialiste du VIH, Yves Lévy est aussi… le mari d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé.Sa possible reconduction relance donc la polémique d’un possible conflit d’intérêt, qui avait éclaté une première fois lors de la nomination d’Agnès Buzyn au gouvernement.
Si les fonctions de Yves Lévy avaient fait polémique à l’époque, c’est parce que l’Inserm, qui représente 14.000 chercheurs, 300 laboratoires et qui dispose d’un budget de 900 millions d’euros (pour 2018) est un institut public, placé, depuis sa création en 1964, sous la double tutelle des ministères de la Recherche et de la Santé. Avec la nomination d’Agnès Buzyn à la tête du ministère de la Santé, il était impossible de ne pas envisager de possibles conflits d’intérêt.
A l’époque, la ministre avait tenté de désamorcer la polémique. Assurant que le sujet était “clairement identifié” et en cours de traitement “au niveau du secrétariat général de l’Élysée”, le cabinet de la ministre a annoncé que Madame Buzyn “ne traitera pas les sujets en lien avec l’Inserm” grâce à la mise en place d’un “système de déport”, détaillait alors “le Monde”.
De fait, depuis mai 2017, l’Inserm ne dépend plus du ministère de la Santé. Pour mettre fin aux débats, un décret a été voté déclarant que les actes relatifs à l’Inserm seraient désormais gérés par Matignon, et non par le ministère de la Santé. Les décisions relatives à l’Inserm sont aujourd’hui prises par le Premier ministre et le ministre de la Recherche.
La communauté scientifique s’insurge
Plus de conflit d’intérêt, donc, jusqu’à ce que “le Figaro” révèle mardi 26 juillet qu’Yves Lévy s’est présenté devant la commission d’examen des candidatures il y a un mois, le 21 juin. Un choix qui relance les soupçons.
Dans la communauté scientifique, beaucoup s’insurgent, y compris à l’étranger. Dans un éditorial publié le 12 juin, la prestigieuse revue médicale britannique “The Lancet” a ainsi critiqué l’éventualité de ce nouveau mandat et dénoncé “l’opacité” de la nomination du futur directeur de l’Inserm.
En effet, le processus de désignation de l’Inserm est encadré par la loi Fioraso, votée en 2013. Les candidats sont d’abord reçus par un jury, présidé cette année par Alain Beretz, directeur général de la recherche et de l’innovation au ministère de la Recherche. A l’issue de ces entretiens, le jury transmet au ministre de la Santé et au ministre de la Recherche la liste des noms retenus. Les deux ministres proposent ensuite l’un des noms au président de la République, qui se charge de nommer le nouveau directeur de l’organisme public.
Avec le décret, cependant, le Premier ministre devrait remplacer le ministre de la Santé pour le choix du directeur. Ce dont doute toutefois “The Lancet”. Mais soit. En principe, si Yves Lévy est reconduit, ce sera donc grâce à Édouard Philippe, Frédérique Vidal et Emmanuel Macron. Trois “collègues” de son épouse, Agnès Buzyn.
Le nom du futur directeur général dévoilé le 6 août
Pour la revue scientifique britannique, “la réputation du milieu scientifique a été endommagé par cet épisode, tant sur la scène nationale qu’internationale”. Elle intime donc à l’exécutif français de “restaurer la confiance dans un système terni par cette opacité”. Et donc d’être totalement transparent vis-à-vis de cette nomination en rendant public les candidats et le contenu des délibérations.
La ministre Agnès Buzyn a quant à elle été de nombreuses fois interrogée sur les intentions de son mari. Elle a toujours répondu qu’elle ne se mêlait pas de la carrière de son époux. Elle a même assuré au “Journal du Dimanche”, le 10 juin dernier, que “le sujet n’a jamais été évoqué avec le président ou avec le Premier ministre”.
Le nom du […]
E.P. – L’Obs