La première raison d’une révolution semble être la proclamation d’un idéal ou de principes, la liberté et l’égalité, pour l’une, en 1789, le concept de fraternité ne venant qu’en 1848, pour glorifier la franc-maçonnerie et étant l’œuvre d’un membre de cette organisation internationale nommé Louis Blanc, le communisme ou le socialisme scientifique pour l’autre, en 1917 tout comme l’on fonde une géométrie sur de nouveaux axiomes. Mais elle se lie aussi indissolublement à une nation, à un caractère de peuple, qui fait que l’on parle de révolution française, identifiée à ces principes abstraits qui servent de concepts à la rhétorique politicienne, ou russe, même si l’élément russe chrétien ou musulman céda le pas devant le nombre de juifs de l’Empire, comme le notèrent tous les adversaires de la révolution russe bolchevique,ce dernier terme signifiait majoritaire, mais au sein de quelques cinq pour cent de la population impériale.
Il y aurait donc une forme d’idéalisme révolutionnaire auquel succéderait un désenchantement réaliste, celui des enrichissements, par exemple, des uns et de la ruine financière des autres, comme il s’est vu pendant le cours de la révolution française, qui fit une nouvelle noblesse d’argent, et créa une aristocratie alors qu’elle prétendait vilipender l’ancienne. Un des maîtres de la prose française, breton de naissance, François René de Chateaubriand, qui perdit sa sœur décapitée, et connut les horreurs de cette époque, souligne que les victimes de la guillotine, furent en général de très simples gens, des couturières, des femmes du peuple, des artisans,etc.. et non des ennemis de celui-ci, et la répression russe bolchevique s’abattit tellement sur les populations et les réduisit tant à la famine, que jamais le régime ne fut réellement soutenu et qu’il est effacé des mémoires aujourd’hui, comme synonyme de corruption, que la religion qu’il prétendait étouffer par un athéisme scientifique officiel et académique s’est renforcée, et que la popularité du Tsar est retrouvée intacte : M.Poutine lui-même, ancien officier en Allemagne occupée des services du renseignement politique, sous le régime soviétique, a accueilli les restes de la famille royale massacrée par des révolutionnaires qui, du reste, à Ekaterinbourg, lieu du massacre du couple et des enfants, sur ordre supérieur, ont peint sur le mur des inscriptions en caractère hébraïque ! La photographie a fait le tour du monde.
La question qui se pose est de savoir si ces deux principales révolutions ont été falsifiées ou si elles ne contenaient pas en elles de faux principes qui, tel le figuier dont parle Issa (béni soit-il) dans l’Évangile, ne peut produire que ses fruits ! Tel arbre, tel fruit !
De nombreux écrivains dès le début de la révolution française ont critiqué la vanité de ses principes, comme par exemple, l’impossibilité d’une égalité entre les hommes, ou l’idée d’une liberté sans limites, mais ont aussi fait ressortir la fausseté de la lutte antiaristocratique ou populaire, car c’étaient des aristocrates, et de mœurs dissolues, qui menaient le mouvement pour prendre la place de leurs pairs. Le principe conducteur était « ôte toi de là que je m’y mettre » et le but pratique des deux Assemblées étaient de freiner le pouvoir du roi, pour lui substituer celui de son cousin, le duc d’Orléans, qui se faisait appeler Philippe-Égalité, et était à la tête de la Franc-maçonnerie, Grand-maître du Grand Orient de France, institution créée en Angleterre, en 1717. Ce prince de sang royal vota la mort de son parent, ce qui donna la voix de majorité nécessaire et ensuite ayant voulu se dégager de la secte redoutable de la Franc-maçonnerie fut également décapité. L’étude des archives au XXème siècle a révélé que son argent qui venait des lieux de spectacle, des magasins et de la prostitution là où se trouve la place du Palais-Royal, servait à alimenter la presse la plus extrémiste, révolutionnaire, car cette Révolution visait à changer de tête, non de société. L’un de mes camarades d’études de lycée parisien, de mes et amis de l’École des Chartes, M. Alfred Fierro, qui a publié un grand dictionnaire de la révolution et de l’empire, m’a dit que sur 80.000 électeurs environ, seuls 12.000 étaient présents, car il fallait voter à main levée, sous l’observation de comités révolutionnaires, lesquels eux-mêmes ne représentaient pas plus de 5% , mettons 10%, des rues de Paris. En fait cette révolution française ne fut pas populaire, mais elle fut un coup d’État à l’intérieur de la famille royale appuyée sur des démagogues. Toutes les écoles qui furent créées avaient été décidées sous l’Ancien Régime et les guerres déclarées à l’Europe continuèrent celles de la monarchie. On peut même dire que cette révolution enleva des droits au peuple, comme celui de former des corporations pour se défendre et la loi dit Le Chapelier interdit, sous la Révolution, de former des syndicats.
La même chose vaut pour la Russie dont les deux révolutions de 1905 et de 1917 furent financées par des banquiers américains, comme chacun sait en Europe, dont les Shiffs, les Warburg, etc. dans le but d’affaiblir l’Empire Russe et l’empêcher, comme on s’y efforce aujourd’hui de constituer des États-Unis d’Orient liés à l’Europe. L’histoire se répète, ou comme l’écrit le philosophe Schopenhauer, c’est la même chose, mais d’une autre façon, autrement !
En fait cette révolution ne s’est pas fourvoyée, elle a accompli son œuvre de destruction d’une société imparfaite, soit, injuste comme toute société humaine, car Dieu seul est juste entièrement, mais qui avait une vitalité insupportable aux nouveaux maîtres financiers du monde, ceux qui fondèrent la FED, en décembre 1913 aux États-Unis.
On met au bénéfice de la Révolution russe des progrès techniques, qui furent le développement de la société tsariste et son organisation militaire qui lui permit de vaincre le concurrent européen allemand, lui fut fournie dès avant guerre par Ford et l’industrie états-unienne.
Mais il y avait un art de briller qui attirait les naïfs. Ainsi les premiers actes du Komintern, de l’association révolutionnaire des partis communistes, fut de réunir à Bakou en 1920 un congrès pour favoriser l’émancipation coloniale des peuples, et le succès fut grand auprès des Iraniens notamment, et des gens du nord de l’Iran prirent même des armes pour fonder une république soviétique, mais l’on ne voyait pas la soumission des peuples russes, tatares etc. à la domination d’une clique minoritaire qui fut sauvée, à chaque fois du désastre par l’intervention économique états-unienne.
Mais le pouvoir des mots l’emporte. Le grand peintre espagnol catalan Salvador Dali, dont l’art religieux et idéaliste est une réfutation de l’art abstrait et matérialiste, a imaginé les soldats de Napoléon et leur drapeau tricolore, se réveiller du froid devant Moscou, y entrer et proclamer les principes du communisme. C’est, on ne peut mieux, démontrer par l’image, que la révolution russe et la fille directe de la révolution française, une duperie de mots au service d’agitateurs désireux de ruiner une partie de leurs compatriotes pour s’enrichir, comme des vautours, sur leurs dépouilles.
Il suffit de voir qui fut la victime de la révolution chinoise, d’abord maçonnique avec Sun Yat Sen, puis communiste avec Mao Tse Toung, ce fut l’unité du peuple, car les deux révolutions furent suivies d’une lutte civile meurtrière et ce ne fut pas le capitalisme qui fut vaincu, mais confisqué au profit d’une classe sociale. Et comment juger du patriotisme de celle-ci, quand on sait que cette présente Chine possède, par l’encouragement des dirigeants communistes d’autrefois, succédant à la révolution culturelle que nous avons vue de nos propres yeux, acheter des bons du trésor américain, et conserver parallèlement une administration communiste et une classe d’affairistes liant son sort économique au dollar ? Car, à cet égard, sur un plan économique, la Russie est plus autonome que la Chine victime de ses anciens dirigeants communistes. Que préféraient les USA, une Chine nationaliste ou une Chine communiste ? L’histoire le dira, mais l’auteur a son opinion que partagent déjà plusieurs lecteurs, surtout ceux qui connaissent les coulisses du théâtre politique occidental !
L’on en vient à des considérations plus larges et philosophiques. Nous avons lu souvent que les philosophes avaient en Europe bien accueilli la révolution française, dont, pour le dire brièvement, la révolution iranienne, j’entends celle impulsée par l’Imam Khomeini d’heureuse mémoire, est bien l’antithèse, ce qui explique sa continuité et l’acharnement d’un demi-monde contre elle. Or, si les principes furent bien accueillis, car qui pourrait contester les bienfaits de la liberté et que la justice n’est pas l’égalité, mais, selon la juste définition de Leibniz, le savant mathématicien et métaphysicien allemand, que l’égalité est « la plus petite des inégalités », le cours des événements détourna le monde civilisé de cette ruine des principes traditionnels de la vie sociale, et religieuse. En Grande-Bretagne, l’Irlandais Edmund Burke (1729-1797) écrivit des Réflexions sur la Révolution française, dès le début de celle-ci, et Emmanuel Kant (1724-1804), jusqu’à Friedrich Georg Wilhelm Friedrich Hegel (1770-1831) condamnèrent cette nouvelle violence que plusieurs gens voyaient satanique. Les philosophes allemands nommés étaient contre les sectes maçonniques, à la différence de Goethe, ce qui est un point important, et ce jusqu’à Martin Heidegger (1889-1976).
Dans l’agitation révolutionnaire les forces chaotiques se mêlent aux revendications légitimes de justice. Mais dans les révolutions françaises et russes le comploteurs, disposant de fortes sommes d’argent corrupteur, ont orienté les revendications de justice pour stimuler leur appétit de pouvoir, au service, on ne le redira jamais assez, de sociétés occultes, qui « agitent le peuple avant de s’en servir », selon le mot de Talleyrand, franc-maçon, au début de la Révolution.
La princesse allemande devenue la reine Marie-Antoinette sera décapitée, et l’on comprend en notre siècle, mieux que de son temps, la raison de son procès sans preuves, car elle avait écrit en 1790 – un an à peine après le début des événements – à son frère Léopold II, Empereur allemand résidant à Vienne, cette lettre française : « Prenez bien garde là-bas à toute association de franc-maçons : c’est par cette voie que tous les monstres d’ici compte d’arriver dans tous les pays au même but. Ô Dieu garde ma patrie et vous même de pareils malheurs ». Nous citons de mémoire, et si l’on recherchait les faux principes d’associations comme les Monafeqins bien nommés, les Frères Musulmans et autres ténors du Califat imaginé dans les laboratoires de guerre psychologique, nous verrions ce type d’associations, et c’est un mérité et de l’Imam Khomeini et de sa constitution dualiste préservant le spirituel et lui confiant une suprématie de décision quant aux principes, que de tels mots d’ordres d’apparence élevés n’abusent point le peuple réduit à l’état de masse.
En réalité la déception révolutionnaire est un facteur de tyrannie, et c’est pourquoi les promoteurs de révolutions comme la russe et la française ou chinoise maniaient l’utopie, car ils savaient que la société se diviserait, que l’anarchie se produirait et donc qu’ils apparaîtraient comme des facteurs d’ordre. C’est une ruse diabolique.
Je me permets de donner comme Français une anecdote sur cette Révolution, qui m’a été confiée l’année du bicentenaire de la Révolution française, par un défunt ami, directeur longtemps de l’Hôtel de Lamoignon ou Bibliothèque Historique de la ville de Paris, dans le quatrième arrondissement, l’archiviste et excellent latiniste et germaniste, Jean Dérens (1943-2012, que son âme repose en paix), père du célèbre journaliste Hadrien Dérens ! Il découvrit un document, un livre de raison, comme on l’appelle ou de comptes établis par un démolisseur du Faubourg parisien où se trouvait la célèbre prison de la Bastille. Cet homme marque à la date du 13 ou 12 juillet, je cite de mémoire, donc la veille ou avant-veille de la dite prise de la fameuse forteresse de la Bastille, servant de prison, du 14 juillet : « Ai reçu l’argent pour la démolition de la Bastille, attends toujours les ouvriers ». La publication de cette simple page ruine toute la légende révolutionnaire, car chacun sait ou devrait savoir que l’idée de s’attaquer à la Bastille, prison royale de luxe, qui ne contenait que quelques fous et quelques fils de famille riche enfermés à la demande de leurs parents, est venue d’une terrasse du Palais Royal, quand un journaliste stipendié par le Duc d’Orléans a organisé cette sanglante mascarade. C’est l’année suivante, que fut proclamée l’unité de la Nation et c’est cet anniversaire qui est la fête de la République française. Bien sûr ce témoignage du journal d’un entrepreneur parisien est censuré ! Nous le confions à la revue téhéranaise.
Le sens du mot de révolution n’est pas celui de changement, mais de tourner autour de son axe, comme le fait le barillet d’un revolver. Tourner autour de soi-même renvoie au principe de l’identité ou de l’existence, et c’est ce qui a fait dire à un philosophe aussi éminent que Heidegger qui connut la révolution allemande qui s’opposait aux révolutions française et russe, que le concept de peuple ne saurait être séparé de Dieu. Au contraire la maçonnerie des Frères Musulmans, comme celle des révolutionnaires français opposent soit Dieu au peuple, soit le peuple à Dieu. Les révolutions russe et chinoise, vietnamienne etc. ne concevaient le peuple que sur la négation de Dieu.
Nous quittons la politique pour la théologie, mais remarquons une chose, en conclusion : des iraniens comme Ghazali et Avicenne pouvaient s’opposer, mais il avaient comme modèle philosophique Platon et Aristote qui fondaient leur État non sur l’égalité ou le partage, mais sur la justice et c’est là le sens incorruptible de la révolution, celle des hommes dans leur société ou des intelligences célestes dans leur mouvement : l’observation de cette justice infalsifiable qui est le rappel fait par le sceau des Prophètes.