Il est peu probable que les élections démocrateuses puissent mener à quoi que ce soit de positif et de concret, mais on voit bien que le peuple commence à comprendre et ne vote plus pour les partis classiques voyous qui ont détruit leur pays ! Malheureusement, le système gagne un temps précieux en faisant croire qu’il est possible de le changer de l’intérieur… et c’est son but.
A quelques mois d’élections législatives cruciales en Espagne, les résultats des élections régionales et municipales qui se tenaient ce dimanche seront scrutés de près. Les nouveaux partis, Podemos (gauche radicale) et Ciuadanos (centre droit) espéraient tailler des croupières aux deux partis de gouvernement que sont le Parti populaire (droite au pouvoir) et le Parti socialiste (gauche, dans l’opposition).
C’est une forte poussée des «indignés» qui sonne comme un avertissement pour l’establishment politique espagnol à quelques mois des élections législatives. Résultat le plus marquant des élections régionales et municipales qui se tenaient ce dimanche, une liste issue du mouvement des «Indignés» et intégrée par l’antilibéral Podemos, est en tête aux élections pour la mairie de Barcelone, et une autre, de la même tendance, deuxième à Madrid avec des chances d’être élue, selon des résultats officiels partiels.
A Barcelone, la liste de la militante anti-expulsions Ada Colau est en tête devant celle du maire sortant Xavier Trias, un nationaliste conservateur. Elle obtient onze sièges, contre dix pour les nationalistes conservateurs de CiU, cinq pour le nouveau parti Ciudadanos (centre droit) et quatre pour le Parti socialiste catalan (PSE). Devant des militants euphoriques, Ada Colau, 41 ans, qui hésitait encore à l’automne 2014 à se lancer dans l’arène politique, a déclaré en pleurs qu’avec sa liste, «l’espoir» l’avait emporté : «La citoyenneté a gagné, l’espoir a gagné, le désir de changement a vaincu la campagne de la peur, de la résignation, et avec ça c’est nous tous qui gagnons, surtout Barcelone»..
A Madrid, la liste de l’ex-juge «rouge»Manuela Carmena, 71 ans, est deuxième après celle du Parti populaire (droite au pouvoir) mais pourrait gouverner avec l’appui du Parti socialiste, selon des résultats publiés après dépouillement de plus de 90% des bulletins. Alors que la droite dirige ddepuis 1991 la capitale espagnole, la liste du Parti populaire, en tête, n’obtient que 21 conseillers. Et «Ahora Madrid de Manuela Carmena, alliée à Podemos, le pendant espagnol de Syriza en Grèce, disposera de 20 sièges. Le Parti socialiste est troisième avec neuf conseillers.
A Madrid comme à Barcelone, l’élection du maire ne se fait pas au suffrage universel direct et donnera lieu dans les jours qui viennent à des tractations peut-être complexes entre conseillers municipaux sollicités pour soutenir l’un ou l’autre. En revanche, pour les régionales, le Parti populaire (droite au gouvernement) se maintiendrait au pouvoir dans la région de Madrid, où il gouverne depuis vingt ans, selon un sondage TNS Demoscopia, mais avec entre 43 et 46 députés, il serait loin d’atteindre la majorité absolue (65 sièges), essuyant un fort revers par rapport au résultat obtenu en 2011 (72 sièges).
Des régionales et des municipales avant les législatives
Les Espagnols votaient pour les régionales et les municipales qui pourraient donc redessiner le paysage politique national, dominé par la droite, avec l’arrivée de nouveaux partis et d’une génération d’«Indignés» espérant ravir Barcelone, voire même Madrid. «C’est la première fois que nous votons avec enthousiasme», a dit Eva Quintas, 32 ans, venue déposer un bulletin pour l’antilibéral Podemos dans le centre de Madrid. Dans le quartier très huppé jouxtant le grand parc du Retiro, c’était au contraire la «peur de la gauche radicale», qui dominait selon Paco, vendeur de journaux écoutant avec une neutralité feinte les commentaires des électeurs quittant un bureau de vote proche.
Le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy (Parti populaire, droite) s’est impliqué à fond dans la campagne, tout comme Pedro Sanchez, secrétaire général du Parti socialiste (PSOE), aujourd’hui dans l’opposition. Les deux grands partis de gouvernement espagnols espèrent éviter une correction sévère, alors que le mot d’ordre pour beaucoup dimanche était «botar» (chasser d’un coup de pied) plutôt que «votar» (voter). Selon les sondages diffusés récemment, ces élections pourraient signer la fin du bipartisme entre PP et PSOE en place depuis 1982, au profit d’un «système à l’italienne» où les alliances seront inévitables.
Les partis traditionnels face à Podemos et Ciudadanos
Après presque six ans de crise, l’Espagne 2.0 pourrait commencer à les délaisser «pour la nouvelle politique» incarnée par Podemos, allié du parti grec Syriza ou Ciudadanos, de centre-droit, formations fondées par des trentenaires, le professeur de Sciences Politiques Pablo Iglesias (956.000 followers sur Twitter, soit 150.000 de plus que Rajoy) et l’avocat Albert Rivera.
Ce sont 35 millions d’électeurs – sur 46,5 millions d’habitants – qui étaient appelés aux urnes. Mais une forte hausse du vote des jeunes, attirés par ces nouveaux partis, était attendue. 13 des 17 parlements régionaux devaient être renouvelés. L’hégémonie de la droite y est forte : elle tient 13 communautés autonomes. Les électeurs étaient aussi appelés à choisir aussi 8.122 maires, à commencer par ceux de Madrid, Barcelone et Valence, les trois plus grandes villes, dirigées par le Parti populaire (Madrid et Valence) ou des nationalistes conservateurs (Barcelone).
Ces élections interviennent après une crise ayant entraîné des traumatismes qui n’ont pas encore été effacés, en dépit de la reprise amorcée en 2014 (+1,4%). Des milliers de jeunes ont émigré pour fuir le chômage touchant la moitié d’entre eux et encore 23,7% de la population active. Le tout dans un climat délétère alimenté par d’innombrables affaires de corruption en pleine cure d’austérité.