Cette nouvelle loi qui transforme les humains en donneurs par défaut, en sacs à organes dans lesquels les chirurgiens peuvent se servir, cause de réelles questions morales et religieuses. Le Grand rabbin Gugenheim vient d’émettre un avis défavorable concernant cette pratique lorsqu’elle touche des juifs pratiquants.
Lorsque l’on ajoute à cette nouvelle loi l’arrêt de la Cour de Cassation sur la régularisation de la GPA en France, on comprend qu’un grand pas vient d’être franchi en France, celui de la chosification de l’être humain et sa marchandisation. Il paraît même que c’est ça le “progrès”, que c’est du pur humanisme…
En France, le prélèvement d’organes sera bientôt rendu automatique.
Un problème dans certains cas-limites au regard de la loi juive selon le Grand Rabbin Gugenheim. Notamment les dons de cœur et de foie.
Quitte à choquer, le Grand rabbin Gugenheim a récemment pris position dans le cadre de la future loi qui rendra automatique en France le don d’organes post-mortem, dès cette année.
Pour le décisionnaire consistorial et actuel Grand rabbin de Paris, plutôt réputé pour l’intransigeance de ses décisions, il faut s’inscrire sur le « fichier national du refus » du dons d’organes, rapporte Actualité Juive.
Dans les colonnes de l’hebdomadaire juif, le rabbin Michel Gugenheim nuance et précise tout d’abord les cas où le don est permis voire obligatoire.
C’est le cas du prélèvement à partir « d’un donneur vivant qui effectuerait un don d’organes [sans mettre sa vie en danger] à un proche compatible » : il s’agit d’une « grande mitsva, » dit-il.
Le deuxième concerne le don post-mortem, plus délicat.
« Si tirer profit d’un défunt et ne pas l’enterrer, tombe sous le coup d’un triple interdit, celui-ci peut être repoussé par l’application de la règle selon laquelle préserver une vie humaine repousse tous les interdits de la Torah ». À la condition, toutefois précise-t-il, que le futur donneur soit identifié. Selon le Grand rabbin de Paris, il est interdit que l’organe prélevé soit conservé dans une banque pour « une utilisation ultérieure ».
Le troisième cas, est un cas-limite et problématique.
Celui où l’on prélève un ou des organes d’une personne dont on est certain de la mort imminente, mais à qui l’on doit prélever les organes de son vivant pour pouvoir ensuite les transplanter : « Dans ce cas, le principe halakhique selon lequel « on ne repousse pas une vie au bénéfice d’une autre vie » l’emporte et le prélèvement est donc interdit ».
Problème, on ne peut prélever cœur et foie que du vivant d’un donneur potentiel. Ces prélèvements seraient donc systématiquement interdits, quitte à ne pas sauver la vie de personnes attendant une transplantation.
Cependant, rappelle le rabbin Gugenheim lui-même, une décision rabbinique israélienne datant de la fin des années 90 « avait donné l’autorisation de ces transplantations, ce qui avait provoqué une vive contestation de la part des plus grands décisionnaires de la Torah ». Décisionnaires ultra-orthodoxes du côté de qui le grand rabbin de Paris a généralement tendance à se ranger. Il préconise donc le « doute juridique ».
Ainsi pour éviter l’automatisme du prélèvement induit par la nouvelle disposition, et laisser ce difficile choix aux proches, le rabbin Gugenheim appelle « fermement » à s’inscrire sur le fichier national du refus. Choquant ?
Le débat n’est pas fini en Israël, notamment autour de la question centrale de la mort cérébrale. Comme le rappelle le blog Modern Orthodox, qui a produit un état des lieux du débat, assez détaillé, l’avis du rav Moshé Fenstein, un autre décisionnaire orthodoxe central, suscite le débat, le « rav Tendler, gendre du rav Fenstein et spécialiste en éthique médicale, affirme catégoriquement que son beau-père [figure éminemment respectée du monde ultra-orthodoxe – Ndlr] considérait la mort cérébrale comme mort valable et apporte comme preuve une de ses responsa. (Iguerot Moché, Y.D III, 132).
Times of Israël – Staff