L’authentique Testament politique d’Hitler
Sous ce titre a paru, il y a une génération, avec une préface de l’ambassadeur de France en Allemagne, André François Poncet, qui avait bien connu le Chef de l’Etat, c’est-à-dire, à traduire le latin caput qui donne chef, la tête de l’Allemagne, une suite de considérations rassemblées par François Genoux et que lui aurait donné la veuve de Martin Bormann. L’édition allemande accompagnée d’un essai par Hugh R. Tvor-Roper, parue en 1981 à Hamburg, reprenait le même texte de François Poncet, mais en postface. Le titre complet mentionne des entretiens de février à avril 1945 recueillis par ce Martin Bormann dont on sait par quelque investigation scrupuleuse qu’il ne se trouvait pas à Berlin au temps indiqué. Or, celui qui est l’auteur de cette découverte d’entretiens privés, le banquier suisse qui fit tant pour les cause arabe palestinienne ou l’indépendance algérienne, et se suicida, en présence de sa femme, conformément à la loi suisse, devant témoins, pour échapper à un procès politique, n’a jamais présenté de document original allemand d’où il aurait procédé à la diffusion. Une confusion inévitable dans l’intelligence du lecteur doit, sur ce point de la publication, être dissipée, pour l’honneur de la muse Clio ! Il existe une suite de trois testaments, dont deux, comme nous avons eu l’occasion de le publier dans un article précédent, établissent clairement, à l’encontre de toute une littérature menteuse à sensation, la décision de mourir plutôt que de capituler, et celle de laisser le gouvernement entre les mains de l’amiral Karl Dönitz. Cette dernière décision est présentée dans la deuxième partie de ce testament politique fait devant notaire et trois témoins, et signé de la main de celui qui remettait ainsi la charge de Président du Reich au célèbre sous-marinier de la Première Guerre mondiale qui avait combattu la marine russe sous pavillon turc, en Mer Noire. Ce titre de Reichspräsident déjà porté sous la République de Weimar (toujours un Reich, quoique passé de la forme monarchique à la forme républicaine présidentielle) était, dans cet acte notarié, distingué de celui de Chancelier du Reich qui revenait à Goebbels, le grand-amiral Dönitz cumulant sa charge qu’il exercera jusqu’à mi-mai, avec le ministère de la guerre et le commandement suprême de la marine de guerre.
Il faut noter, contre tous les racontars et les fabricateurs de vidéo pour les esprits fantasques du net, en mal de masturbation politique, que ce testament, intitulé Mon testament politique (Mein politisches Testament) exclut, au début de sa seconde partie, le maréchal Göring de toutes les charges attribuées par décret et par le Parlement, et les confient au Grand amiral Dönitz, tout comme est écarté Himmler, en précisant d’abord l’imminence de sa mort : “J’exclus avant ma mort (Ich stosse vor meinem Tode aus) le ci-devant Reichsführer-SS et ministre de l’intérieur Heinrich Himmler du parti tout comme des autres charges de l’Etat“, et de le remplacer.
“Moi même et mon épouse choisissons, pour échapper à la honte de la déposition et de la capitulation, la mort.”
“Göring et Himmler ont par des négociations secrètes avec l’ennemi, qu’ils ont tenues à mon insu et contre ma volonté, aussi bien que par la tentative, en opposition à la loi, de se saisir du pouvoir en soi dans l’Etat, ont ajouté au pays et à l’ensemble du peuple un dommage inestimable, abstraction faite du manque de loyauté envers ma personne“.
Comme il est visible, Göring s’est suicidé pour échapper à la pendaison politique, et Himmler aurait, à parler vrai, et m’a été confirmé par mon collègue et ancien professeur de français Friedrich de Lüneburg, été suicidé dans un hôtel de ce Lüneburg,en Allemagne du Nord, par les agents britanniques, inhumé anonymement dans la lande. Il avait été, avant la proclamation du troisième Reich, chef de la police de Munich, comme le Derrick des séries télévisées qui fut lui-même un temps dans le corps d’élite connu, et élève à l’école de Graz en Styrie.
Considérons, pour son intérêt géopolitique, le début du dernier document de dix pages dactylographiées. Y est rappelé son engagement volontaire en 1914, évoqué une Allemagne en ruine, les efforts diplomatiques trois jours avant le déclenchement de la guerre mondiale, pour l’empêcher, et un terme revient, familier aujourd’hui, de comploteurs de l’argent et de la finance (Geld-und Finanzverschwörer), dont il ne rend pas, contrairement à ce qui est dit étourdiment, “les juifs” (terme introuvable sans le Testament) artisans, mais “le judaïsme”. Et la conclusion de la deuxième partie reprend cette expression en lui accolant l’épithète d’international, mais il s’agit là d’un système et non de personnes indistinctes. Il est à noter qu’il ne le désigne pas comme ennemi du seul Empire allemand ou de l’Europe, mais “empoisonneur mondial (Weltvergifter) de tous les peuples“. C’est comme si deux internationalismes s’affrontaient.
Il dit son intention de demeurer “dans la capitale de cet Empire“. L’éditeur du testament, le Dr Get Sudholt précise, dans une étude détaillée, qu’il fut proposé par le général commandant de Prague venu en avion le chercher, de le sortir de l’étreinte stalinienne, mais qu’il déclina l’offre, car il était passé à un plan supérieur d’historicité, et Berlin sera toujours, y compris pour les Autrichiens, à l’ombre de Frédéric II dont le portrait, avec celui en médaillon de sa mère Klara, est devant ses yeux à l’approche de la mort.
Le critique allemand, qui reste toujours impartial, comme il se doit, et ne manque donc pas de reproduire l’éloge funèbre rédigé par Knut Hamsun, prix Nobel de Littérature, paru le 7 mai 1945 dans le journal norvégien Aftenposten qui valut à l’auteur d’être enfermé par des experts politiques dans un asile psychiatrique, ce qui ne l’empêcha pas d’en sortir et de publier presque centenaire, ses mémoires, écrit avec bon sens qu’on parle toujours de cet homme, mais sans en connaître les traits spécifiques. Il dépeint celle rencontré en 1929 dans le magasin du photographe Hoffmann, qu’il épousera dans la nuit du 28 au 29 – le testament étant du 29 avril, à 4 heures du matin- comme d’une femme jeune, svelte, blonde, les yeux bleus, élevée à l’Institut des jeunes filles anglaises fondé en 1610, il faut le noter, par une persécutée catholique anglaise Mary Ward (1585-1645), et qui est en annexe du château munichois de Nymphenburg datant de 1840, ordre religieux d’éducation féminine, que l’on désignait comme des jésuitesses, parce que leur fondatrice a voulu qu’il fût le pendant féminin de l’ordre d’enseignement et missionnaire des Jésuites ! Le père était professeur d’enseignement technique : elle voulut ne pas abandonner l’homme qu’elle rejoignit, alors qu’il s’y opposait, à Berlin, et c’est, précise le critique contemporain, en remerciement qu’il l’épousa. “Elle va, de son vœu, en épouse (als Gattin), avec moi, à la mort” est-il écrit dans “Mon Testament privé”, de trois pages, portant les signatures de Goebbels, Martin Bormann et du colonel Nicolas von Below, alors que le Testament politique porte toujours les noms de Goebbels et de Bormann, mais substitue Hans Krebs à von Below qui écrira ses mémoires. C’est dans cet acte notarié que se trouve ce qui devrait clouer le bec à tous les conteurs d’histoires sur la survie du couple en Amérique du Sud qui aurait eu une descendance, “Moi même et mon épouse choisissons, pour échapper à la honte de la déposition et de la capitulation, la mort. Ich selbst und meine Gattin wählen, um der Schande des Absetzens oder der Kapitulation zu entgehen, den Tod. C’est notre volonté d’être aussitôt incinérés à l’endroit où j’ai accompli la plus grande partie de mon travail quotidien, au cours d’un service de douze ans pour mon peuple. “Es ist unser Wille, sofort, an der Stelle verbrannt zu werden, an der ich den grössten Teil meiner täglichen Arbeit im Laufe eines zwölfjährigen Dienstes an meinem Volke geleist habe.” Quand le fameux Djougachvili surnommé Staline lance avec arrogance à Truman qu’il ne croit pas en la mort de son ennemi, il joue la comédie, comme sa lignée, à bonne école, aura toujours su le faire !