Il est vrai que tout sépare en apparence le président Rouhani et son homologue états-unien Trump, et néanmoins l’on ne remarque pas suffisamment l’agité du bocal proche-oriental qui crie comme un écorché à la menace iranienne, saute comme un cabri quand il a l’occasion de dénoncer le soutien au terrorisme, ainsi qu’il nomme l’opposition qui est faite par le Liban et la Syrie, avec l’Irak et l’Iran, à leur destruction par la secte ayant inscrit sur la Knesset la mention de la superficie de son empire local, du Nil à l’Euphrate. Netanyaou a constamment adressé son soutien à Trump, et le candidat à la Présidence américain, semblait le porter dans son cœur, puisqu’il le qualifiait de terrific man, de type terrible, formidable, au sens laudatif, dans un entretien à la télévision sioniste locale.
« Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis », selon le beau vers du normand Corneille.
Certains critiques, sinon avisés, du moins habiles, voient dans la rhétorique de Trump faisant des procès d’intention à l’Iran, sans, du reste, exiger la dénonciation, par ailleurs illégale, du traité déjà conclu de suspension réciproque, des sanctions, par la part occidentale et sino-russe, l’ancienne Grande Tartarie, et de la suspension pour quinze ans des progrès atomiques maintenus à un niveau d’incapacité militaire, une agitation à usage interne ou susceptible de calmer la brutalité israélienne.
Remarquons tout d’abord, que l’alliance avec Israël, entendu comme État, est privilégiée par les Anglo-américains ou la France anglo-américaine, l’Allemagne anglo-américaine, mais aussi la Russie post-soviétique de Poutine et des oligarques américanisés comme en témoigne le dernier séjour du ministre de la Défense « russe » venu, nous dit-on, discuter de points techniques, en clair donner les assurances de sécurité sur le maintien du Golan et des territoires annexés en 1967. L’Iran doit savoir que les deux coalitions anglo-russes des deux guerres mondiales dirigées contre lui, sont maintenant au service de l’entretien de la machine de guerre proche-orientale. L’Amérique et la Grande-Bretagne (la France jouant le second rôle de figurant), tout autant que la Russie se portent garants de la sécurité ou de la liberté d’action d’Israël. Que faire alors, sinon ne point se faire d’illusion sur le fait de savoir qui commande : ce n’est point Trump ou Poutine, ce n’est pas, selon une plaisanterie soviétique, l’Ambassadeur qui dirige son personnel, mais le concierge de l’Ambassade qui représente l’organe de surveillance de tous les diplomates, pions sur l’échiquier ; et ce concierge soviétique ce sont les Libermann, Netanhaou et Katz, les chefs d’orchestre de l’Occident et de l’Orient asservis.
Cela peut-il durer ? Les USA et la Russie faussement désoviétisés sont sous emprise. La stratégie iranienne consiste à voir le point de rupture possible entre ces colosses aux pieds d’argile, et le vrai maître des lieux. Ce ne sont ni Trump, ni Poutine ; et le plus rebelle des deux chevaux de l’attelage du Diable, n’est pas celui qui paraît le plus discipliné, ferme et opposé à toute remise en cause de l’Armée Rouge. Penser, c’est juger et apprécier la hauteur d’une pyramide ou la grandeur de sa base, et surtout noter l’œil qui est dans son cône, et que Roosevelt introduisit sur le dollar.
Le refus présidentiel iranien de rencontre de Trump a pu s’inspirer de pareilles considérations, sinon il marquerait une abstention de jugement dont les agités de Tel-Aviv ne manqueront pas de tirer argument pour jouer au pompier pyromane, en quoi ils excellent et se feront remarquer comme champions toutes catégories jusqu’à la fin des temps.
Pierre Dortiguier