De plus en plus nombreux sont ceux qui veulent briser le système moderne inique actuel en revendiquant plus de liberté. Dissipons ici un malentendu. La liberté n’est pas l’accomplissement de nos désirs mais de notre volonté. Ainsi, la volonté est donc libre lorsqu’elle maîtrise les désirs vers son accomplissement. Nous avons donc seulement la liberté de maîtriser nos désirs, ceux qui s’y laissent aller en sont les esclaves. La “liberté des désirs” que la modernité maçonnique tente d’imposer au monde à coup de bombardements, conduit paradoxalement à la pire servitude, la pire car celle-ci a été nommée “liberté”… par des esclaves arrivés malheureusement au pouvoir, esclaves de leurs désirs (de puissance sans limite, de domination sans partage… ), esclaves de Satan.
La société du désir est donc une société de servitude, une société soutenue par la loi de l’argent. Pour briser cette société et sa loi, il faut donc que la volonté redevienne libre. Le problème c’est que la volonté est devenue plus que jamais dépendante, subordonnée aux désirs. On pourrait même dire qu’aujourd’hui, dans la modernité maçonnique, le désir précède la volonté. Dans certains cas, par exemple pour les traders de Wall-Street ou de la City, le désir annihile tout simplement la volonté. Et les traders deviennent ainsi la proie de leurs désirs, toujours plus abjects et pervers, entraînant dans leur irresponsabilité des déséquilibres économiques et sociaux gigantesques. La loi du désir c’est la destruction de la loi, et en particulier la loi de la volonté qui est de viser son bien (la volonté libre vise son bien). Voilà donc vers quoi nous nous acheminons : la destruction de la volonté, et donc de la liberté. Ainsi, il ne faut pas s’étonner de l’absence de volonté politique, cette absence est dans la logique de ce système. Pour briser ce système, il faut d’abord arriver à discerner le désir de la volonté. On prend bien trop souvent celui-là pour celle-ci. Mais la volonté peut-elle être véritablement non-conditionnée par le désir ? Peut-elle précéder le désir ? Depuis Freud, cela est devenu inenvisageable ! L’envisager ferait de nous assurément des fascistes. Mais envisageons-le quand même. Comment dès lors atteindre en nous une volonté libre de tout désir ?
… la liberté n’est pas un idéal moral, elle est seulement la possibilité d’éprouver un idéal moral, le moyen de le mettre en œuvre.
Une volonté libre est d’abord celle qui ne s’égare pas, et qui atteint son bien finalement. La loi de la volonté c’est de viser son bien, et cette loi est brisée lorsque le désir devient la loi. Mais précisément, quel est ce bien visé par la volonté libre ? Savoir quel est ce bien qui nous manque, n’est-ce pas déjà l’atteindre un peu ? Du coup, qu’est-ce qui est modifié dans la volonté lorsqu’elle atteint pleinement son bien ? On pourrait déjà penser que lorsqu’elle atteint son bien, la volonté n’est plus tendue, vers ce but, ni vers aucun autre but puisqu’elle a atteint l’essentiel : son bien. Ce bien a donc pour conséquence une certaine disposition de la volonté, et est donc cause de cette disposition. Deux hypothèses sont alors possibles, soit cette cause est dans notre volonté, soit elle est en-deçà de celle-ci. Ou au-delà. Si cette cause était dans notre volonté, nous pourrions atteindre ce bien spontanément, ce qui n’est pas le cas ; nous sommes donc bien obligés d’admettre cet en-deçà, ce Souverain Bien comme disait Platon, cette loi morale en nous comme disait Kant, loi vivante que l’on peut tout aussi bien appeler Dieu, simplement. C’est donc seulement en se rapprochant de Dieu qu’on peut libérer notre volonté et l’accomplir, et, de proche en proche, briser ce système. La volonté humaine ne peut donc pas atteindre son bien politique sans se soumettre à cet en-deçà moral. Les laudateurs de la démocratie athénienne antique, qui sont toujours obligés d’indiquer que les femmes (dans l’Athènes antique les épouses riches étaient paradoxalement moins libres que les épouses pauvres), les esclaves (Platon lui-même fut esclave puis affranchi) et les métèques (Aristote lui-même était métèque à Athènes, ce qui ne l’empêcha pas de devenir Aristote et de fonder à Athènes même l’une des plus prestigieuse école de philosophie, le Lycée) n’étaient pas citoyens, omettent toujours de préciser que “à Athènes, comme dans toutes les cités grecques, la religion faisait partie intégrante de la politeia. Le caractère démocratique de sa constitution n’y changeait rien. Au contraire, comme le pouvoir était dévolu à l’ensemble du demos (les citoyens), les fonctions religieuses prenaient davantage d’importance pour chaque citoyen”. “Le citoyen athénien ne se comportait donc pas comme un simple “fidèle”, il pouvait être amené au cours de sa vie à exercer des responsabilités à caractère religieux. La notion de clergé (ou de classe sacerdotale) disparaît. C’étaient les magistrats de la cité qui organisaient et présidaient les cérémonies, les prêtres eux-mêmes étant élus ou tirés au sort. Outre le fait que comme bouleute, le citoyen athénien était nécessairement amené un jour ou l’autre à légiférer dans le domaine religieux, il pouvait se trouver dans une des situations suivantes : affecté à la tholos, épistate, archonte-roi, prêtre élu ou tiré au sort”. Précisons encore que “les frais de la plupart des fêtes religieuses (chorégies, sacrifices, banquets) n’étaient pas à la charge de la cité mais des plus riches des citoyens qui les finançaient sur leurs propres fonds” !
Finalement, l’expression la plus fidèle de la liberté politique (la démocratie athénienne) n’était faite que de responsabilités et devoirs religieux et politiques, c’est-à-dire de stricte soumission à une forme morale ; la “liberté des désirs” n’existaient pas pour les citoyens athéniens ! Ils ne faisaient que servir un idéal moral. Et la liberté n’est pas un idéal moral, elle est seulement la possibilité d’éprouver un idéal moral, le moyen de le mettre en œuvre. La liberté est vide et destructrice, auto-destructrice si elle est posée comme idéal moral, comme c’est le cas dans les sociétés modernes occidentales. Ce système moderne procède de cette “destructicité” indestructible ! Le seul moyen d’enrayer ce système est donc de ne plus jouir de sa liberté pour la mettre entièrement au service de l’idéal moral le plus élevé. Qui aujourd’hui est capable d’un tel sacrifice… et d’entraîner d’autres à un tel sacrifice, d’en entraîner suffisamment pour qu’un changement politique s’opère…