Article très intéressant d’Olivier Mukuna concernant le cirque Soral/Dieudonné/Conversano, démontant brique par brique l’arnaque du franco-camerounais. Nous ne pouvons que lui reprocher le fait de dire que Nabe en a parlé avant, alors qu’il est bien pire que Soral question ego-tripe et bien pire que Dieudonné question lâcheté… Rappelons que le très daechiste et pro terroriste Nabe nous attaque en justice pour reproduction illégale de ses œuvres (sic) et prend pour sa défense le très médiatique frère la truelle Emmanuel Pierrat, avocat de Pierre Bergé et de bien d’autres hommes de grande qualité.
Dernière chose, il semble de plus en plus que Dieudonné ne soit pas si lâche que ça, du moins stratégiquement car c’est toujours lui qui retire à chaque fois les marrons du feu, créant buzz sur buzz pour alimenter son bizz. Je ne sais donc pas qui est le plus dégueulasse des deux, en fin de compte…
L’épuisante escroquerie M’Bala M’Bala par Olivier Mukuna
La dernière clownerie frelatée de Dieudonné ne mériterait que le silence si elle n’était révélatrice d’une déchéance en osmose avec l’époque. Celle du cynisme le plus éculé, de la duplicité la plus mercantile, du mensonge pour boussole. En supervisant, ce 6 décembre, un guet-apens afin que son gourou puisse cogner à deux reprises un jeune psychotique en mal de célébrité, Dieudonné a poussé plus loin le curseur de la connerie et à nouveau tutoyé le sordide1. A l’instar d’un buzz d’Hanouna ou d’un tweet de Trump, le tabassage filmé de Daniel Conversano par Alain Soral a évidemment embrasé le net. Les uns, découvrant la lâcheté agressive du pervers national-socialiste sous subutex. Les autres, se réjouissant de voir un jeune suprémaciste blanc, boursoufflé d’arrogance, s’en prendre plein la gueule par “le maître du logos”…
Au-delà des éventuelles suites judiciaires, beaucoup jugeront que “l’organisation” comme “l’arbitrage” truqués de Dieudonné aura au moins permis de ridiculiser 2 psychotiques, en concurrence acharnée sur le marché virtuel du néofascisme commercial. Ils auraient pourtant tort de prendre cette “bagarre de récré” pour un simple divertissement. Témoignant de la perte de clientèle du gourou et de son premier disciple, cet épisode confirme dans quelle fange les 2 subversifs du porte-feuilles sont prêts à se rouler pour vendre leurs camelotes respectives. Soit, pour le comique, un spectacle répétitif, aigri et humoristiquement faible, entouré de dizaines de vidéos cherchant à fourguer les aberrantes “ananassurances” et “ananacrédit”. Pour l’autre, un discours manipulatoire à prétention sociopolitique, véritable boule puante d’incohérences, de conspirationnisme et de racisme virulents, lubrifiant du site français d’extrême-droite le plus fréquenté où s’achète ouvrages anti-juifs et négrophobes, matériel de “survie” et autres âneries pour fans décervelés. Nommément cité par ce duo d’escrocs, dans une vidéo dépassant les 200.000 vues en 4 jours2, je me vois contraint d’y répondre. Alors que je n’en ai pas la moindre envie. Sur la base d’un long travail journalistique (2003-2014), j’ai déjà exprimé le bilan de ce que j’avais à dire sur la régression extrême-droitière et raciste de Dieudonné3. Parallèlement, Soral ne m’a jamais intéressé d’un point de vue journalistique, politique ou intellectuel. Ce n’est qu’en 2011 que sa mythomanie profonde m’a contraint à écrire et diffuser une lettre ouverte4 afin qu’il cesse ses mensonges à mon endroit dans ses monologues-vidéos sur canapé rouge.
Il y eût ensuite mon texte décrivant notre “altercation” au Théâtre de la Main d’Or. Une confrontation que je n’avais pas demandée et que Dieudonné m’imposa par ruse. Au cours de ce tête-à-tête, devant 2 témoins, l’autoproclamé “entraîneur de boxe” se mit à sangloter après que je lui aie ordonné de sortir pour “régler ça à l’ancienne”5. Rompant son silence de 5 ans sur ce fait précis, Dieudonné vient aujourd’hui de bafouer la vérité. En mentant face caméras sur injonction de son gourou, il a montré ses chaînes mentales, celles du “nègre de maison” prêt à commettre toutes les bassesses pour satisfaire son maître blanc. Ce comportement minable m’attriste davantage qu’il ne me surprend. En 2011, en décidant de protéger son mentor, il avait déjà choisi, lui, l’artiste sans convictions politiques, de mettre ses pas dans ceux d’un mythomane néofasciste en fin de parcours grotesque. Car arabo-négrophobe et misogyne, Alain Soral aka “Zguegalair”6 l’est assurément. Comme l’ont démontré sa récente condamnation judiciaire dans “l’affaire Binti”7 ou ses insultes racistes en guise de “réponse” à ma lettre ouverte. Ce cas psychiatrique croit dur comme fer en une hiérarchisation raciale à la française. De celle qui propulse le Français blanc et catholique au sommet et renvoie à l’invisibilité et la servilité sociopolitiques les citoyens français noirs et arabes. Mais pour élargir sa clientèle et mieux manipuler les “musulmans patriotes”, le gourou enrobe évidemment sa conviction de flatteries et de dénonciations de l’islamophobie. Plus on est jeune, isolé et ignare, plus cette escroquerie a des chances de faire mouche. Ainsi que l’a minutieusement démontré Salim Laïbi dans son livre d’enquête : “Le mythomane – La face cachée d’Alain Soral”8. Si j’ai estimé informatif et digne d’intérêt public mes livres9 et film10, j’ai aussi longtemps espéré que l’artiste se libère de sa dérive fondamentale, qu’il retrouve un courage bantu et dégage d’un coup de pied au cul son gourou. Je me suis trompé. Lorsqu’en 2014, j’ai interviewé l’humoriste pour l’hebdo flamand Knack11 et le quotidien francophone Sudpresse12, j’ai compris mon erreur. Devenu systématiquement grossier et vulgaire, totalement obsédé par l’argent et les injonctions de son maître blanc, Dieudonné est devenu à moitié fou. Sautant d’une manip’ à une autre, d’une demi-escroquerie à une autre, d’un mensonge à un autre, dans une amnésie des plus stupéfiantes, pourvu que “la maille” soit en bout de course.
Le gourou exalté et son disciple peu enthousiaste annonçant, en 2014, la création de leur parti mort-né “Réconciliation Nationale”…
Au lieu d’une “révolution par le rire”, c’est bien d’un fonds de commerce pour abrutis ricanants dont a accouché l’interminable “affaire Dieudonné”. La messe était dite depuis que son prénom a fait le tour du monde suite à l’interdiction de son spectacle par Manuel Valls et un Conseil d’État sous influence. Un Premier ministre contre un fou du Roi. Quelle affiche rutilante ! Quelle consécration pour cet artiste aspirant à la subversion. Mais Dieudo n’est pas Coluche. Une fois de plus, M’Bala M’Bala a manqué son rendez-vous avec l’Histoire pour s’enfoncer, chaque année davantage, dans les poubelles de celle-ci. Accroché aux mollets d’un gourou encore plus dingue et dangereux que lui. Rideaux ? Pas vraiment. Dans le marécage de merde où ce duo s’éclabousse, une jeunesse exclue et sans repères y trempe plus que les doigts de pied. S’y perd et désespère toujours un peu plus. Jusqu’à brûler ce qu’elle aura adoré pour se tourner vers “l’avenir” : les néofascisme et suprémacisme blancs, décomplexés, sans fards, sans sketchs ni escroqueries. Ce courant représenté par les Conversano, Ryssen et leur oncle Henry De Lesquen13. Des psychotiques au discours idéologique construit, aux punchlines balancées en missiles transgressifs pour viser les tripes des blancs qui souffrent et veulent en attribuer la faute à un bouc émissaire… A l’époque, j’ai tenté d’attirer l’attention sur ce “dossier” lorsque celui-ci n’avait pas encore atteint son degré de pourriture actuelle. Sans succès. Livres, films, conférences, journalisme intègre n’ont que peu d’influence. A plus forte raison dans une époque qui se fout allègrement du factuel comme de la vérité. Dans une époque où triomphe le concept de “post-vérité”14, violences et victimes doivent surgir pour amorcer une demi-prise de conscience, souvent insuffisante. Aujourd’hui, nous y sommes :
le retour en force du racial, une islamophobie virulente qui se substitue à l’antisémitisme des années 30, la guerre des mondes peu civilisés, sur fond d’attentats terroristes, de racisme structurel et d’incompétences politiques ; le tout, mis en spectacle par des médias au faîte de leur superficialité mercantile, corrompus de bêtise et de soumissions, quasiment tous vendus aux puissances financières…Dans ce contexte, comment s’étonner que les Zemmour, Lesquen ou Conversano marquent des points ? Tenir, à contre-courant, exercer son métier et défendre ses fondamentaux, m’a coûté quelques sacrifices. Personnels et professionnels. A mon humble niveau belgo-congolais, je me sens proche de ce qu’a vécu le franco-espagnol Ignacio Ramonet. “Mon cas n’est pas unique”, estime le journaliste et directeur de la version espagnole du Monde Diplomatique. “Je connais en France, en Espagne, dans d’autres pays européens, de nombreux intellectuels et journalistes condamnés au silence, à ‘l’invisibilité’ et à la marginalité parce qu’ils ne pensent pas comme le chœur féroce des médias dominants […] Cela n’a pas eu lieu il y a cinquante ans dans une dictature poussiéreuse lointaine. Non, ça se passe maintenant dans nos “démocraties médiatiques”. Je continue à en souffrir à l’heure actuelle”15. Cette victoire des censeurs et de leurs suiveurs n’est pas prête de s’arrêter. A quelques exceptions près, tels Mediapart ou legrandsoir, se raréfie le journalisme indépendant qui propose une alternative insoumise aux puissances d’argent. C’est avec tristesse que j’observe ma conception du métier mourir à petit feu. Ce qui ne doit pas m’empêcher de reconnaître la prémonition comme la lucidité d’un des meilleurs écrivains français contemporains : Marc-Édouard Nabe. Dès 2012 et quelques jours après l’interdiction du spectacle nantais de Dieudonné, Nabe déclarait ceci dans une émission supprimée par France Télévisions :
Marc-Edouard Nabe interviewé par Frédéric Taddeï, en 2014 sur France 2, après l’interdiction du spectacle nantais de Dieudonné.