Puisque nous sommes en plein procès de l’affaire Merah, que l’ex-patron du renseignement intérieur Monsieur Bernard Squarcini a témoigné à la barre, il était utile et nécessaire de vous remémorer cet article du journal Le Point concernant l’interview de la sœur Merah, Souad. Interview qui nous donne quelques détails sur les liens entre son frère Mohamed et la DCRI de l’époque.
La sœur de Mohamed Merah nie tout antisémitisme dans sa famille et revient sur les liens de son frère avec la DCRI. Interview.
Quels liens Mohamed Merah avait-il avec les policiers de la DCRI ? Avait-il accepté de collaborer avec les policiers du renseignement à son retour du Pakistan en 2011 ? C’est l’une des questions auxquelles Souad Merah répond dans l’interview donnée ce vendredi au cabinet de son avocat, Me Christian Etelin. Son autre frère Abdelkader, emprisonné et présenté comme l’un des piliers de la mouvance salafiste radicale dans les notes de la DCRI, s’est-il tourné vers l’islam faute d’avoir réussi à se convertir au judaïsme ? Souad Merah, qui vient de porter plainte contre son autre frère Abdelghani, éclaire d’un jour nouveau les personnalités de Kader et Mohamed.
Avez-vous été élevés dans la haine des juifs ?
Souad Merah : Pas du tout. Ni Kader, ni moi, ni Mohamed n’avons été élevés avec cette haine qu’Abdel prétend. On n’est pas du tout antisémites, on n’est pas du tout haineux de qui que ce soit. Mon frère Kader est tolérant. Par exemple, avant de rentrer dans l’islam, il a fait des recherches sur le judaïsme. Ça l’a même poussé à faire des démarches pour se convertir. Ça n’a pas abouti parce que c’était trop compliqué d’intégrer la religion juive. Mais il s’est renseigné auprès de rabbins, auprès de l’épicier casher. Souvent il allait discuter avec lui. Finalement, il est allé vers l’islam parce que cette religion demande juste de reconnaître le prophète. S’il était vraiment antisémite je ne pense pas qu’il aurait entrepris cette démarche.
Il a vraiment failli se convertir ?
Oui, il était vraiment intéressé. Moi je ne comprenais pas ; pour moi, c’était logique d’être musulman. Lui, non, il s’intéressait beaucoup à cette religion.
Que savez-vous des liens entretenus par votre frère avec les policiers de la DCRI ?
Quelques jours après le retour de son second voyage au Pakistan, j’ai reçu un appel d’un un homme se présentant comme un officier de police et qui cherchait à joindre Mohamed. Je lui ai répondu qu’il était hospitalisé. Plus tard, Mohamed l’a rappelé pour prendre rendez-vous avec lui. Quelques jours après cet appel, j’ai déposé mon frère qui était convoqué rue du Rempart-Saint-Étienne (le siège de la Direction régionale du renseignement intérieur, NDLR). Dans la voiture, il m’a dit : “S’ils me proposent de bosser pour eux, je bosse pour eux.” Je lui ai dit : “Tu vas devenir une balance ?” Il ne m’a pas répondu. Mais à son retour de l’entretien, il m’a dit qu’on lui avait “seulement posé des questions sur ses voyages”. Après la mort de Mohamed, la jeune femme avec laquelle il s’était marié religieusement m’a raconté avoir surpris plusieurs conversations téléphoniques entre cet officier de police et mon frère. Le ton de […]
Jean Manuel Escarnot – Le Point