On a 3 millions de personnes sous Levothyrox et ça n’interpelle personne, leur situation depuis le changement de formule ne dérange pas grand monde dans les ministères et les universités. Il n’est même pas question d’effets secondaires dus aux excipients, mais qu’un nombre aussi élevé de malades ne fasse pas réagir les autorités est sidérant et démontre qu’ils sont complètement perdus et incompétents. Idem pour l’épidémie d’autisme, Parkinson, cancers divers…
Fatima prend, comme trois millions de Français, du Levothyrox à cause de problèmes de thyroïde. Un comprimé dont la nouvelle composition est décriée pour ses effets indésirables.
Chaque jour,trente minutes avant son petit déjeuner, Fatima avale un comprimé de Levothyrox. Ce rituel, elle l’a adopté en 2010, quand sa thyroïde lui a été retirée à cause d’un risque sérieux de cancer. « C’est un traitement à vie », précise cette habitante de Sarcelles (Val-d’Oise). Comme elle, trois millions de Français recourent à ce médicament incontournable, qui permet de compléter et/ou de remplacer les hormones que la thyroïde ne fabrique plus.
Tout allait bien pour cette jeune femme de 30 ans jusqu’à ce que la composition des comprimés change du jour au lendemain. « Depuis, je perds mes cheveux, je me sens fatiguée alors que pendant six ans j’ai été bien stable », se plaint-elle.
Le mot : thyroïde
La thyroïde est une glande qui fabrique principalement trois hormones, dont le rôle est très important pour l’ensemble de l’organisme. Située dans le cou, elle agit, entre autres, sur l’humeur, la régulation de la température du corps et la prise de poids. La thyroïde peut être le siège de plusieurs affections : de maladies auto-immunes aux cancers… Des maladies qui peuvent être diagnostiquées par des analyses biologiques et une échographie.
Des effets indésirables qu’elle est loin d’être la seule à ressentir. Nadia, une nourrice de 44 ans, éprouve elle aussi de la fatigue mais également des vertiges et son coeur se met soudainement à battre la chamade. « On m’avait pourtant dit à la pharmacie que le médicament était le même, qu’il n’y avait que l’emballage qui avait changé », témoigne-t-elle. Elle apprendra plus tard, par son médecin, que le laboratoire Merck a bien modifié la formule en mars, à la demande de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). « Même nous, on n’était pas au courant », se désole Penda, une préparatrice en pharmacie du Havre (Seine-Maritime).
C’est ce manque d’information qui a conduit Sylvie, 54 ans, à lancer en juin une pétition en ligne. Elle affichait mardi plus de 21 000 signatures et quelque 8 900 commentaires. « Je me suis sentie prise au piège, explique cette habitante d’Arras (Pas-de-Calais). On aurait dû être consultés au préalable, c’est scandaleux.» Opérée d’un cancer de la thyroïde l’an dernier et sous Levothyrox depuis, elle ressent, comme Fatima et Nadia, des troubles. Une situation qu’elle redoutait « après avoir lu sur Internet tous les témoignages de patients souffrant d’effets secondaires ».
Aujourd’hui, avec sa pétition, elle demande au laboratoire Merck de « revenir à l’ancienne formule ». Ou, mieux, de proposer les deux. Car si, pour des milliers de patients, le nouveau Levothyrox suscite au bas mot des interrogations et des inquiétudes, « pour de nombreux autres utilisateurs, il n’engendre aucun désagrément », reconnaît Béate Barthès, présidente de l’association Vivre sans thyroïde. Mais le fabricant ne compte pas revenir à la précédente composition. « Ça va rester ainsi », répond Sylvie Chabac, directrice des affaires médicales chez Merck France. La nouvelle composition devrait même être adoptée au niveau européen.
Une formule censée être plus efficace
C’est à la demande de l’Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) que la formule du Levothyrox a été modifiée en mars et commercialisée sous un nouveau packaging. « L’objectif était de garantir une teneur en lévothyroxine (NDLR : une hormone thyroïdienne de synthèse) plus constante dans le médicament », explique Jean-Michel Race, directeur des médicaments en endocrinologie à l’ANSM.
Car, d’une boîte à l’autre, le dosage pouvait varier. « Ces fluctuations étaient à l’origine de perturbations de l’équilibre thyroïdien chez certains patients », confirme la docteur Sylvie Chabac, directrice des affaires médicales au laboratoire Merck France. Si pour la majorité des malades l’ancien traitement était efficace, « il y avait chez un certain nombre de personnes une plus grande difficulté à atteindre l’équilibre hormonal », assure Jean-Michel Race. D’où la volonté d’agir.
Quelles modifications ont été apportées ? « On a supprimé le lactose. On l’a remplacé par de l’acide citrique, un excipient qu’on retrouve partout dans l’alimentation, et par du mannitol, à toutes petites doses, détaille Sylvie Chabac. La nouvelle composition a été démontrée bioéquivalente à l’ancienne sur la base de deux études pharmaceutiques.»
Jean-Michel Race insiste : « La lévothyroxine présente dans la nouvelle formule est rigoureusement identique à celle fabriquée normalement par la thyroïde, comme pour l’ancienne formule.»
Alors, comment expliquer les désagréments ressentis par les patients ? « Pour la grande majorité des trois millions de patients sous Levothyrox, cela se passe bien », balaie Sylvie Chabac. Par mesure de précaution, l’ANSM conseille tout de même une prise de sang « quatre à huit semaines après le début de la prise de la nouvelle formule et de procéder à un signalement en cas d’effets indésirables ». Une nouvelle information de l’ANSM auprès des malades est par ailleurs prévue dans les prochains jours.
Le laboratoire Merck assure de son côté qu’il avait mis en place en mars « un plan de communication large touchant plus de 100 000 professionnels de santé et […]
Le Parisien