Lucifer et Satan dans l’Apocalypse chrétienne
Le mot est pris dans son sens premier grec académique, du moins, de révélation ou mieux de dévoilement traduisant le préfixe apo qui est dans le “latin”, comme abstraire ou l’allemand “ab”, ce dernier acte correspondant, à parler analogiquement, à l’éclaircie du douzième ciel chez les Zoroastriens ou dans le dernier Imam retrouvant la visibilité dans le shiisme duodécimain, puisque l’Islam, quand bien même on critique la chronologie, vient en dernier. La force démoniaque séparant les étants de l’être, soit l’homme ou les mondes vivants de Dieu – puisque la rébellion contre Dieu, la nature et l’ordre politique sont de source identique constamment renouvelée – se divise, selon l’enseignement attribué à Issa (béni soit-il) ; car sa fonction, fut non pas d’écrire mais d’enseigner par la parole, ce que Platon exprime supérieur à l’écrit, source de conflits ! On lui a attribué cette parole qu’un royaume divisé contre lui-même doit périr, et ce royaume est celui des forces mauvaises, terme plus exact que démoniaques, car l’on parle, dans le sens de génie, d’un démon de Socrate !
Il s’agit du mal et du bien, du laid et du beau, du chaos et de l’ordre, de la dysharmonie et de l’harmonie, du pouvoir et de l’anarchie.
Dans cette Apocalypse bien postérieure, du reste, au premier christianisme, comme on passe de l’enfance à l’adolescence, deux forces sont en effet décrites, comme une apparition de personnages, puisqu’il s’agit d’une vision, et que celle-ci, comme ce qui est concret a plus de valeur dans certains milieux – dont l’hellénique – qu’ailleurs où l’on écoute aveuglément comme le rappelle l’ex letton Nahum Bronfmann dans son livre, Le paradoxe juif, paru en français vers 1973 et citant une phrase d’Ernest Renan. Deux bêtes terribles apparaissent de deux lieux différents, voire opposés, le premier aérien, le second maritime.
“Idéalisme absolu et matérialisme absolu se rejoignent“
Dans la tradition grecque et syriaque — cette dernière répondant le mieux à une science chrétienne de l’esprit, et des relations entre celui-ci, le corps et l’être subtil intermédiaire, que le suisse allemand Paracelse (mort en 1541 à Salzbourg), bienfaiteur de l’humanité souffrante et conservateur de la santé, créateur de la médecine du travail et mort à la tâche — définit comme l’éthérique, le dit astral dont le New Age veut cultiver les qualités, étant la couronne du physique.
Le premier monstre veut déraciner l’humanité et son entourage, briser la création contre laquelle il se révolte en permanence, en insufflant à l’humanité le mépris de sa condition, et au sens large cela se retrouve dans une forme de poésie baudelairienne ou parnassienne, où la beauté s’éloigne de la vie, comme, chez Théophile Gautier (mort en 1872), dans l’Art pour l’Art ! et aussi dans le mépris ou l’opprobre jeté sur la reproduction, ou l’abaissement féminin etc. Le second monstre marin, comme nous l’avons indiqué, est venu par la suite, selon la tradition chrétienne, et entraînant moins d’entités que le premier qui, selon un autre propos d’Issa (béni soit-il) a été vu tomber du Ciel, comme l’éclair, précipité, part d’un principe opposé. Il ne veut pas par excès de mysticisme orgueilleux désincarner, mais détruire l’humanité et la nature par excès de matérialisation ! Tel est Satan, le séparateur – comme le disent et l’arabe shitan et l’allemand scheiden).
Deux vices sont en jeu. Le sommet de l’orgueil et l’abîme de la jalousie. Deux entités distinctes ou deux manières d’analyser poétiquement ce mal qui rampe dans le monde. Ce New age dogmatique, empli de gourous, sectaire, est luciférien, avec les illuminations de l’esprit abolissant le monde ou le vêtant d’illusions. Le New World Order, qui se veut sceptique ou libertaire, républicain, traînant son urne électorale, comme un mendiant sa cassette, est satanique, car il repose sur la déchéance de toutes les races et leur empoisonnement, nature comprise.”Idéalisme absolu et matérialisme absolu se rejoignent” est une formule de philosophie, car le dialectique est un rapport constant de la pensée humaine à la pensée divine, et l’absolutisme est l’essence vide du mal manifestée.