Ceci est une découverte grave dont les conséquences mortelles sont catastrophiques mais elle ne fera pas autant de bruit qu’un attentat. Pourtant les morts seront bien là, nombreuses, lentes et douloureuses puisque les cancers seront au rendez-vous.
Une expertise indépendante révèle des traces de ce métal radioactif et toxique, dans les berges de la Loire. Sortir du nucléaire veut porter plainte contre EDF.
C’est une incroyable révélation faite par l’IRSN, l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (organisme public et indépendant). Des traces de rejets de plutonium ont été retrouvées dans les berges de la Loire (en aval d’Angers), à Montjean-sur-Loire.
Ces résultats, obtenus en collaboration avec l’Université de Tours et après des prélèvements réalisés en juillet 2015, montrent « des pics de concentration en plutonium pour les années 1969 et 1980, qui correspondent à deux accidents intervenus sur la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) », peut-on lire sur le site web de l’institut.
Pour rappel, deux réacteurs de Saint-Laurent-des-Eaux ont subi des accidents qui ont conduit à la fusion d’éléments de combustibles : le 17 octobre 1969 sur le réacteur « SLA1 » et le 13 mars 1980 sur le réacteur « SLA2 ». De plus, le 21 avril 1980, l’éclatement d’un conteneur d’un élément combustible dans la piscine d’entreposage des combustibles usés du réacteur SLA2 a conduit à une contamination importante de l’eau de cette piscine.
Après un traitement par filtration pendant quelques mois, cette eau a été rejetée dans la Loire. Pourquoi le site de Montjean-sur-Loire ? Parce que, selon la note de l’IRSN, il constitue « une marge alluviale de la plaine d’inondation de l’île Chalonne. Cette marge n’est immergée que pendant les crues, soit entre 20 et 40 jours par an au cours des 50 dernières années, et offre des conditions satisfaisantes de conservation des dépôts ». Le site a été choisi parce qu’il est « situé à l’aval de tous les centres nucléaires de production d’électricité (CNPE) du bassin de la Loire ».
C’est ce que dénonce le réseau Sortir du nucléaire, dans un communiqué : « Ces pics de concentration en plutonium pour les années 1969 et 1980 […] attestent sans équivoque des apports additionnels en plutonium du bassin de la Loire. La Loire alimente les nappes phréatiques utilisées quotidiennement pour l’alimentation en eau potable des populations. La faune et la flore sont impactées par ces contaminations et les autorités le savent depuis 30 ans ! »
Contacté ce lundi par téléphone, l’Angevin Bernard Petiteau (Sortir du nucléaire 49), ne cache pas son inquiétude : « On nous a caché ce rejet de matière toxique. Le plutonium est un poison, et il peut se retrouver dans la chaîne alimentaire ! » Il affirme que les membres de son réseau doivent se réunir en milieu de semaine, pour envisager une plainte à l’encontre d’EDF.