Claude Guéant, bras droit de Sarközy, porte une grave accusation contre ce dernier puisqu’il prouve que c’est bien lui qui a porté Pérol à la tête de la BPCE. Pire encore, son témoignage diffère totalement de ses propos tenus lors de l’instruction de cette affaire, puisqu’il avait affirmé à l’époque que c’était les banques qui avaient jeté leur dévolu sur M. Pérol ! Bref, le mensonge et le complot font partie du quotidien de nos politiques véreux et ça commence à se voir et se savoir.
À LA BARRE François Pérol, ex-secrétaire général adjoint de l’Élysée devenu en 2009 patron de BPCE est jugé pour prise illégale d’intérêt.
Fut-ce bien à retardement, la vérité a fini par sortir jeudi 25 juin de la bouche de Claude Guéant. Oui, c’est bien Nicolas Sarkozy qui, en mars 2009, a suggéré – si ce n’est imposé – la nomination de François Pérol, alors secrétaire général adjoint à l’Élysée, comme futur président de la BPCE (issue du rapprochement en cours entre les Banques populaires et les Caisses d’Épargne) : « Le président de la République a demandé à M. Pérol de prendre ces fonctions», a déclaré Guéant jeudi à la barre du tribunal correctionnel de Paris.
En cours d’instruction, Guéant s’était ridiculisé en proclamant aux enquêteurs que l’initiative proviendrait des banques elles-mêmes, tout à son souci de protéger Sarkozy. Convoqué à la barre du tribunal et devant témoigner sous serment dans le cadre du procès Pérol, jugé pour prise illégale d’intérêt, l’ancien n°2 de l’Élysée ne pouvait plus mentir ouvertement. Tout juste bémoliser, histoire de dédouaner Pérol qui risque deux ans de prison : «Le Président ne lui a guère laissé le choix. Il a pris sa nomination comme un défi, un devoir plus qu’une satisfaction.»
Le précédent témoin convoqué jeudi à la barre, Christian Noyer gouverneur de la Banque de France (tutelle du secteur bancaire), a lui aussi tempéré ce fait du prince. A l’entendre, si les deux banques frappaient alors régulièrement à la porte de l’Élysée en vue de réclamer cinq milliards d’euros de fonds publics, c’était en vue de contourner leurs interlocuteurs habituels, le ministère des Finances, la direction du Trésor ou la Commission bancaire : «Ils s’illusionnaient en prenant rendez-vous à la présidence de la République, pensant faire appel d’une décision prise en commun», par l’ensemble des pouvoirs publics. Le procès se poursuit jusqu’au jeudi 2 juillet.