Une technique de détournement d’argent public au bénéfice de politiciens véreux est en train d’être éventée et mise en lumière, via l’instruction de l’affaire Bigmillion de l’UMP du tandem Sarközy/Fillon. Elle consiste à surfacturer des services très simples, comme la confection banale de brochures ou de construction de sites Internet, à coups de centaines de milliers d’euros… Parfois ces brochures n’existent même pas ; elles ont pourtant été facturées et encaissées… Le système politique français est en très mauvaise situation car la corruption a gangrené tous les étages.
L’affaire Bygmalion du Val-de-Marne arrive devant les juges.
Selon nos informations, le 23 janvier prochain, l’ancien député-maire de Saint-Maur Henri Plagnol (DVD) et trois de ses collaboratrices sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Créteil dans ce dossier.
Il leur est reproché d’avoir accepté des factures de la part d’Idéepole, filiale du groupe Bygmalion, pour des prestations non effectuées ou des prestations majorées de frais d’urgence alors qu’il n’en était rien. Plusieurs milliers d’euros auraient été réglés à tort par la ville à cette société. Des factures adressées par Idéepole et que les collaboratrices de l’ancien maire ont signé pour qu’elles soient réglées.
Le 23 janvier prochain, Henri Plagnol, toujours conseiller d’Etat, ancien ministre, sera jugé pour complicité de détournement de fonds publics et complicité de faux en organisant des réunions, des rendez-vous… Son ancienne directrice de cabinet et ses deux anciennes directrices de communication comparaîtront, elles, pour faux et usage de faux et détournement de fonds publics. Il faut dire que l’une d’elle avait auparavant travaillé au cabinet du secrétaire d’Etat Jean-François Copé avec les fondateurs de Bygmalion, Bastien Millot et Guy Alvès. Deux ans plus tard, elle était d’ailleurs partie travailler chez Bygmalion.
Dans ce dossier sont également poursuivis Bastien Millot, PDG de Bygmalion, pour recel de détournement de fonds publics, ainsi qu’un directeur de projet de la société, pour complicité de détournement de fonds.
L’édition de documents de communication de la mairie de Saint-Maur a été surévaluée par Ideepole, une filiale de Bygmalion. (LP/Elsa Marnette).
À la base, le dossier portait sur une somme de 218 050 € hors taxe présumée litigieuse et qu’une poignée d’élus dissidents, dont l’actuel maire Sylvain Berrios (LR), avait dénoncé au procureur. Parmi ces prestations : des frais d’exécution en urgence systématique, des prestations de suivi et de conseil post-création, le guide de la ville facturé deux fois en 2009 puis 2010 ou un guide senior « non publié ». Mais selon les accusés, les sommes en jeu s’établiraient plutôt à 25 000 € maximum.
Quoi qu’il en soit, une question reste en suspens et devrait animer l’audience au tribunal : les sommes trop perçues par Bygmalion ont-elles été reversées aux personnes poursuivies ? Ont-elles bénéficié d’avantages quels qu’ils soient pour avoir acquitté ces factures abusives ?
La ville de Saint-Maur a d’ores et déjà annoncé qu’elle se portera partie civile lors de l’audience du 23 janvier, pour récupérer les sommes payées à tort par les habitants.
Les dates clés2008. Début de la collaboration entre la ville de Saint-Maur et Idéepole, filiale de Bygmalion.
Début 2013. Signalement des faits au procureur par des élus dissidents dont celui qui est devenu maire de Saint-Maur, Sylvain Berrios (LR). S’en suivra une lutte fratricide contre le maire de l’époque Henri Plagnol (DVD).
15 mars 2013. Ouverture d’une enquête préliminaire pour des présomptions de favoritisme, de détournement de fonds publics, de prises illégales d’intérêt et de faux et usage de faux.
10 juin 2014. Perquisition à la mairie de Saint-Maur par des enquêteurs de la brigade de répression de la délinquance économique qui y sont restés pendant cinq heures et ont « saisi un certain nombre de documents ».
23 janvier 2017. Procès au tribunal correctionnel de Créteil.