Wall Street annonce les mesures
Ce dont le journal les Échos avertissait, ce mercredi, en montrant la catastrophique annonce de Marine Le Pen de dépenser vingt-trois milliards d’euros qui devraient être empruntés sur le marché international avec non plus un euro mais après le Frexit promis ou l’imitation de l’Angleterre craintive de la concurrence européenne, un franc promis à la dévaluation, est confirmé par le journal de Wall Street, dans un article qui n’est pas près d’être oublié. Il s’agit d’un diagnostic de faillite du pays suivi du pronostic de l’inévitable hausse et création d’impôts, suivant une formule très anciennement attribuée à la France par l’école de droit de Bologne, à l’aube des Temps Modernes, d’être un pays de trop nombreux juristes et d’impositions excessives ; pareille situation engendre des troubles dont notre Histoire est chroniquement pleine, et à vrai dire, il y a de la naïveté à vouloir prendre le pouvoir dans un État réduit à l’impuissance pour des raisons d’aveuglement et de légèreté autant que circonstancielles. L’on incriminera, dans cette campagne l’immigration, l’Europe et, morceau obligé, le poids de la fourmi allemande. La cigale nationale chantera-t-elle ce prochain été ? Le Wall Street Journal est persuadé du contraire, quand il imprime qu’atteignant deux mille milliards, French debt joins the peripheral list, la dette française rejoint, selon un terme technique, la “liste périphérique” de pays tels la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Italie, cette dernière ayant néanmoins des ressources supérieures aux nôtres, mieux à même de supporter un choc financier.
Nos candidats se partagent en “européens” au sens politique et en nationalistes ou indépendants, et en avocats ils déploient des arguments vraisemblables avec des points réels, comme la lourdeur de l’administration européenne, sa gabegie ou son inefficacité en plusieurs domaines, mais personne ne regarde la France en elle-même vidée de sa substance par une illusion sociale, à savoir la tromperie faite au peuple entendu, au sens “latin”, comme un corps politique, – ne parlons pas de la masse hypnotisée par les images et les slogans médiatisés – sur l’état des ressources françaises.
“Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre”
Qu’après les présidentielles où le taux de participation pourrait être fort moyen, car personne de sensé ne peut croire en la démocratie, autrement que dans une utopie, des mesures obligées, mécaniques soient prises, comme le blocage des avoirs financiers, le gel momentané des assurances-vie et surtout une imposition telle sur les biens, les entreprises et les revenus du travail que la classe moyenne, par exemple, soit réduite, et qu’un paupérisme fleurisse, sous les mots menteurs maçonniques de solidarité, de vivre ensemble ou autres niaiseries, avec un salaire minimum et autres aides à une nation grabataire, en voie de sous-développement, bref le “miracle grec” d’un automate dont aucune pièce n’est vivante mais est mue par un rouage extérieur à sa volonté, cela tout homme politique, tout candidat, tout parti le sait. Mais il faut respecter le malade, et l’on se préoccupe de sa bonne mort, de l’euthanasier ! Et là aussi l’illusion saisit les plus cyniques et prétendus réalistes, car le réveil des forces anarchiques et manipulées offrira ce spectacle que le célèbre commandant du siège de Paris, Moltke, décrivait à un correspondant socialiste allemand idéaliste, sur le fameux gouvernement de la Commune de Paris et les drapeaux rouges : les communards, comme on les appelait, ont tout bouleversé, pillé, abîmé, mais, observait ce militaire philosophe, ils n’ont pas touché aux hôtels des Rothschild. Et il en ira de même, car gouverner, c’est prévoir, et notre dette de deux mille milliards a été bien prévue par les prêteurs !
Nous devrions, sur la suggestion de l’ancienne présidente d’Argentine visitant une classe primaire, conseiller aux maîtres de laisser de côté “Romeo et Juliette” et de faire lire “Le Marchand de Venise”. Mais le proverbe espagnol est éternel : “Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre”.
Pierre Dortiguier