Ce que l’on ne peut manquer de constater depuis le début du « Hirak », il y a une année maintenant, c’est le silence total, durant plusieurs mois, des médias français. Devant le caractère inédit de la « révolution du sourire », de son pacifisme et surtout de sa continuité sans faille, quelques organes de presse se sont mis à en parler et à rapporter à leur manière ce qu’il se passe en Algérie. Mais comment ne pas s’interroger sur le but poursuivi par ces médias quand ils parlent de milliers de manifestants alors que les processions de « hirakistes » comptent des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes de tous âges, de tout sexe et de toutes conditions sociales. Quand ce journaliste d’un média public écrit que le « Hirak […] n’a pu empêcher l’organisation d’une présidentielle en décembre et l’élection d’Abdelmadjid Tebboune, ancien fidèle d’Abdelaziz Bouteflika, malgré une abstention record (plus de 60%) », insinuerait-il par là que le Hirak a échoué alors qu’il aurait été plus juste et surtout plus honnête et courageux de dire que l’État-major militaire a réalisé un coup de force en imposant une personnalité du sérail malléable à merci. La France officielle ne retient toujours pas les leçons du passé et joue la carte du pouvoir pour la satisfaction d’intérêts immédiats, dût-elle hypothéquer l’avenir ; elle devrait pourtant savoir que nulle puissance au monde ne saurait vaincre un peuple déterminé à recouvrer sa dignité et sa liberté.
Le mouvement populaire de contestation agite le pays depuis un an.
« Nous sommes venus vous dégager ! » Plusieurs milliers de personnes sont rassemblées au cœur d’Alger, samedi 22 février, pour célébrer le premier anniversaire du déclenchement du « Hirak », mouvement de contestation inédit qui agite l’Algérie depuis un an. Autour de la Grande Poste, lieu de regroupement historique des manifestations, un dispositif policier semblable a celui constaté les vendredis, jours de manifestation hebdomadaire dans la capitale algérienne, a été déployé.
Le 22 février 2019, les Algériens descendaient en masse dans les rues des grandes villes, notamment à Alger où toute manifestation est pourtant interdite, pour s’opposer à la volonté annoncée du président Abdelaziz Bouteflika de briguer un cinquième mandat. Six semaines de manifestations de plus en plus massives avaient contraint le haut commandement de l’armée, pilier du régime, à exiger et obtenir la démission de M. Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans.
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Photo d’illustration : le « Hirak » défile dans Alger, en Algérie, le 21 février 2020. (BILLAL BENSALEM / AFP)
franceinfo / AFP
France Télévisions
22 février 2020