La crise de la bourse chinoise s’accentue de jour en jour pourtant nos médias n’en parlent que très peu. On se demande bien comment la Chine, en s’accaparant la production industrielle de la planète entière, peut se retrouver en pleine crise ? Plus rien ne tient la route, absolument rien, aucun raisonnement ne permet de comprendre ce qui se passe car tout est manipulé, manigancé et trafiqué.
L’actuelle dégringolade des actions chinoises provoque de fortes prises de position dans les médias anglo-saxons. Pour sauver ses bourses, la Chine impose des restrictions sur des comptes de courtage.L’actuelle dégringolade des actions chinoises provoque de fortes prises de position dans les médias anglo-saxons. Les premières, sur le ton du contentement, comparent la baisse du marché de Shanghai à la grande crise de Wall Street de 1929, l’épouvantail absolu outre-Atlantique en matière de krach boursier. Ce que beaucoup ont l’air d’oublier, c’est que, quinze ans et une guerre mondiale plus tard, l’Amérique était devenu le géant que l’on sait.
Les deuxièmes affirment que les autorités chinoises auront beau prendre toutes les mesures étatiques qu’elles voudront pour contrer une telle baisse, elles seront inutiles. Sachant que les lois de la pesanteur boursière finissent toujours par s’appliquer, on ne peut qu’acquiescer. Mais, comme on va le voir plus loin, c’est aussi un piège.
Les troisièmes sont beaucoup plus ambiguës, car il s’agit d’un mélange de crainte et de dépit. En effet, la formidable croissance chinoise de ces dernières décennies était réelle et elle a permis à l’Occident de s’y adosser, en imprimant du papier à qui mieux mieux. Or, si maintenant la bourse chinoise devait imploser, les autorités de Pékin ne manqueraient pas d’avoir recours, elles aussi, à la planche à billets pour maintenir leur système à flot, accentuant à coup sûr la déflation mondiale, à l’instar de ce que nous ont offert les Japonais depuis 1989. Ce scénario, les Américains veulent l’éviter par-dessus tout, car il menacerait leur prospérité.
Cela dit, les médias occidentaux, si prompts à dénoncer une bulle boursière en Chine, ont totalement occulté une récente nouvelle d’une autre importance que les états d’âme des boursicoteurs de l’Empire du Milieu, à savoir la création de la BAII, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures.
Cette nouvelle entité, à ne pas confondre avec la Banque asiatique de développement, basée à Manille et pure émanation de l’Oncle Sam et du Japon, veut supplanter le FMI et la Banque mondiale en Asie. Avec un capital de dotation équivalent à 100 milliards de dollars, cette banque, qui regroupe 56 pays dont 17 européens, parmi lesquels on retrouve le Royaume-Uni, est dirigée par une troïka Chine, Inde, Russie. Cet acteur investira dans de grands projets d’infrastructures à travers tout le continent asiatique.
La BAII va surtout prêter en yuan. Et c’est là que le bât blesse. Car Washington, argumentant que la bourse chinoise est sous influence, veut en profiter pour retarder le plus longtemps possible l’entrée de la monnaie chinoise au cœur du système construit à Bretton Woods en 1944, et au sein duquel le dollar règne toujours en maître. Tel est le vrai enjeu qui se joue actuellement, à savoir défendre la prééminence occidentale, issue d’un autre âge, face à une Asie qui émerge.
François Gilliéron – Consultant indépendant