Cheeeh : comment Patrick Drahi va justifier le plan social de BFM/RMC !

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Il est vraiment jouissif de voir les salariés de cette chaîne de propagande ultra capitaliste se faire avoir par les mêmes techniques boursières, comptables et managériales dont ils faisaient la promotion la veille ! On se demande bien par quel tour de magie ils se croyaient protégés des dérives du capitalisme sauvage ? C’est ce qu’on appelle le karma ou le juste retour des choses et ceci n’est que le début.


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extRadioTV, propriétaire de BFM TV et RMC, a lancé un plan social de près de 400 postes, bien que la société soit bénéficiaire.

Toutefois, elle est en train d’absorber discrètement une société luxembourgeoise lourdement déficitaire, ce qui la ferait tomber dans le rouge, et pourrait permettre de justifier le plan social devant les tribunaux.

Le 19 mai, SFR a annoncé un plan social chez NextRadioTV, sa branche médias qui comprend notamment BFM TV et RMC. Le groupe de Patrick Drahi veut supprimer 330 à 380 postes en CDI, et jusqu’à 200 pigistes et intermittents, soit près d’un tiers de l’effectif. Le projet a été mal accueilli par la plupart des salariés, qui, pour la première fois, se sont mis en grève du mercredi 24 au dimanche 28 juin. La direction justifie le plan social par la crise du coronavirus, qui va entraîner un recul du chiffre d’affaires cette année. Mais les syndicats rétorquent que, malgré ce recul, NextRadioTv restera rentable en 2020. “Les bénéfices de NextRadioTV sont en croissance constante et atteignent 120 millions d’euros en 2019, soit +300% en 5 ans”, a assuré l’intersyndicale dans un communiqué. Ce texte ajoute que le propriétaire de NextRadioTV, SFR, a réalisé 3 milliards d’euros de bénéfice net en 2019. Ces profits ont permis à SFR de distribuer l’an dernier 2,3 milliards d’euros de dividendes à son propriétaire, Altice Europe.

Cette bonne santé financière rend le plan social difficile à justifier en interne, auprès de la presse, et surtout en justice si les licenciements venaient à être contestés. Interrogé par “Capital”, l’avocat de l’intersyndicale Roger Koskas explique : “D’un point de vue juridique, un licenciement pour motif économique doit être justifié soit par une activité déficitaire, soit par une volonté de maintenir la compétitivité de l’entreprise. Lorsque l’activité de l’entreprise dans le même champ d’activité est globalement profitable, alors les prud’hommes peuvent considérer le licenciement comme abusif. Le salarié licencié a alors droit à des indemnités pour licenciement sans cause réelle ni sérieuse. Des dizaines d’entreprises ont été condamnées pour cela, de Goodyear à Henkel. Dans la crise actuelle, la position d’une entreprise qui licencie alors qu’elle est profitable est encore moins défendable, car la solidarité nationale devrait être réservée aux entreprises au bord de la faillite, ou au moins déficitaires”.
Hasard ou coïncidence, le groupe de Patrick Drahi a pris, juste avant le plan social, une mesure qui permettra de réduire ce risque juridique. Selon les informations de “Capital”, il a décidé de transférer à NextRadioTV une structure luxembourgeoise baptisée Altice TV. Celle-ci s’avère être un gouffre financier : en 2019, Altice TV a enregistré une perte brute d’exploitation (Ebitda) de 130,5 millions d’euros, et une perte opérationnelle de 600 millions d’euros, indique le rapport annuel d’Altice Europe. Bref, ces pertes suffiront largement à faire tomber NextRadioTv dans le rouge…


JAMAL HENNI
Capital

28 juin 2020

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