Documentaire tout ce qu’il y a de plus officiel, démontrant clairement que la CIA avait infiltré la culture européenne de manière très active en recrutant et en engageant de grandes figures intellectuelles de l’époque. Si c’est les bolcheviques qui le font tout le monde crie à la dictature et au scandale mais si c’est l’Occident qui le fait, ça passe comme une lettre à la poste. La moindre critique du système aura alors tendance à être ridiculisée en étant traitée de théorie du complot. Pourtant les preuves sont extrêmement nombreuses, les archives très détaillées, c’est un secret de polichinelle. Pire que tout, maintenant que l’on sait tout cela, ces intellectuels traîtres qui ont collaboré avec une puissance étrangère sont toujours célébrés en France comme si de rien n’était. Ce qui démontre encore une fois que les élites actuelles au pouvoir n’ont aucune once de patriotisme, bien au contraire, elles poursuivent de plus belle ce travail honteux de collaboration…
Quand la CIA infiltrait la culture
Fruit de trois ans de recherches, ce documentaire montre comment les services secrets américains ont manipulé les milieux artistiques et intellectuels européens pendant la guerre froide. Beaucoup d’écrivains travaillèrent ainsi pour la CIA. Dans les années de l’après-guerre, les services secrets américains lancent une vaste opération d’infiltration des milieux européens de la culture. Ils lui consacrent plusieurs millions de dollars et s’appuient sur un organisme, le « Congrès pour la liberté de la culture », dont le siège se trouve à Paris. La capitale française est un lieu stratégique pour publier des revues lues jusqu’en Afrique, en Amérique latine et dans les pays arabes.
Le Congrès pour la liberté de la culture s’intéresse aux artistes et intellectuels de gauche, qu’il essaie de soustraire à l’influence marxiste et de gagner à la cause américaine. En France, la revue Preuves dirigée par Raymond Aron constitue le fer de lance de cette diffusion de la pensée anticommuniste. En Allemagne, le « Kongress für kulturelle Freiheit » naît en juin 1950 à Berlin, en zone d’occupation américaine. La revue Der Monat reçoit les premiers subsides de la CIA vers 1958. Elle compte parmi ses collaborateurs d’éminents journalistes et les principaux représentants des maisons d’édition en Allemagne fédérale. Le Congrès dispose ainsi de relais à Berlin, Munich et Francfort. Il s’établit aussi à Cologne où il développe des relations privilégiées avec les rédactions de la presse écrite et de la télévision. Heinrich Böll, futur Prix Nobel de littérature (en 1972), est approché et travaillera — plusieurs documents le confirment — pendant plus de dix ans pour le Congrès et ses différentes organisations. Sans savoir qu’il oeuvre en fait pour la CIA ? C’est ce que pense Günter Grass, autre cible de l’agence américaine. Au-delà de ces deux personnalités, toute la fine fleur des arts et des lettres a été approchée par les services secrets américains et leur a apporté son soutien, le plus souvent sans le savoir. C’est ce que montre très bien ce documentaire, fruit de trois ans de minutieuses recherches.
Source : Arté