C’est le premier flic de France, celui qui doit arrêter les méchants et les vilains… C’est bien lui qui avait triché concernant son CV avec de faux diplômes…
Gouvernement. L’éphémère ministre de l’Intérieur a quitté ses fonctions hier, pressé par l’Elysée et Matignon. Question d’exemplarité dans un contexte « d’affaires ».
Son sort a été scellé en quelques minutes à peine. Moins de vingt-quatre heures après les révélations de l’émission « Quotidien » sur les CDD de ses deux filles mineures à l’Assemblée comme assistantes parlementaires, le ministre de l’Intérieur a démissionné mardi. « Ce n’était pas possible autrement », soupire un conseiller de l’Elysée. Et tant pis si Bruno Le Roux est un ami de François Hollande, fidèle parmi les fidèles, lui qui a été le patron des députés socialistes pendant une grande partie du quinquennat. « Le président n’a pas hésité. Il n’y a pas eu de débat », raconte l’un de ses proches.
François Hollande et son Premier ministre ont découvert « l’affaire » lundi, peu après l’émission. « Bruno ne les a pas prévenus. Il savait que ces informations allaient sortir. Il n’a rien vu venir, son entourage non plus », note, encore étonné, un conseiller ministériel. C’est Gaspard Gantzer, le Monsieur Communication du chef de l’Etat, qui en a informé ce dernier, alors qu’il se trouvait à l’Elysée avec le Premier ministre du Japon. Une fois le dîner de travail avec Shinzo Abe achevé, les portables se sont mis à chauffer. François Hollande a sans doute espéré que Bruno Le Roux démente les faits… il n’en a rien été. Le Premier ministre et le président ont ensuite longuement échangé. « Leur religion a été faite à ce moment-là, dans la soirée », confie un témoin. A cause de la nature des faits, mais aussi du contexte avec « l’affaire Penelope », en pleine campagne. Alors que les principaux candidats à la présidentielle débattent sur le plateau de TF 1, le couple exécutif décide de faire « vite et propre », et de voir dès le lendemain celui qui serait bientôt l’ex-locataire de la Place Beauvau.Trois mois et quinze jours
A 14 h 30 hier, mardi, les trois hommes se retrouvent donc à l’Elysée. Un moment douloureux. « Avec un peu de tristesse côté Hollande pour son vieux camarade », relève un conseiller ministériel. « C’est un épisode pénible », confirme un poids lourd du gouvernement. Pendant cette grosse demi-heure d’entretien, Bruno Le Roux, défait, a demandé à annoncer lui-même sa démission à la presse. Une faveur que lui a accordée le président. Quelques heures plus tard, le regard sombre, l’éphémère ministre de l’Intérieur — il sera resté en poste trois mois et quinze jours — a pris la parole à 18 heures, devant une forêt de micros et de caméras et a mis un terme à sa courte carrière ministérielle….