Les parents se demanderont ensuite pourquoi leurs enfants sont malades et atteints de cancer. Les autorités publiques ne font strictement rien et trahissent leur mission de protection des citoyens. Il faut bien comprendre que notre environnement est extrêmement pollué et que toutes ces attaques quotidiennes de produits chimiques ne peuvent que très mal finir. Un enfant peut manipuler de longues heures ses jouets, le temps nécessaire pour inhaler et avaler tous les produits toxiques dont on parle.
Selon l’Agence européenne des produits chimiques, près d’un produit de consommation sur cinq contient des substances de synthèse ou des métaux lourds interdits dans l’Union européenne
Plomb, amiante, phtalates, mercure, chrome hexavalent… Environ 18% des 5600 produits de consommation courante testés dans 27 pays de l’Union européenne contenaient des substances de synthèse, des fibres ou des métaux lourds interdits par la réglementation communautaire. C’est le résultat majeur d’un rapport d’inspection rendu public, mardi 13 février, par l’Agence européenne des produits chimiques [ECHA], l’instance chargée d’appliquer le règlement Reach (enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques) de 2007.
Une variété d’objets du quotidien
L’agence, basée à Helsinki (Finlande), a fait rechercher 14 substances – considérées comme les plus problématiques pour la santé au regard de la classification européenne – dans une variété d’objets du quotidien: bijoux, vêtements, produits de bricolage, pièces de véhicule automobile, jouets, etc. Les taux de non-conformité les plus élevés concernent cette dernière catégorie. Près de 20% des 1202 mesures de phtalates dans les jouets montrent la présence effective de ces plastifiants. Ce taux est «très élevé», estime l’ECHA dans son rapport, d’autant plus que l’interdiction de ces substances dans les jouets a été instaurée «il y a maintenant de nombreuses années».
Parmi l’ensemble des produits testés, ce taux de non-conformité dans une catégorie d’objets spécifiquement destinés aux enfants est potentiellement le plus problématique. Les trois phtalates recherchés (DEHP, DBP, BBP) sont en effet des perturbateurs endocriniens, dont les effets délétères (notamment sur le neurodéveloppement, le métabolisme, la fertilité) sont d’autant plus importants que les individus exposés sont jeunes.
Les vêtements et les articles en cuir ne sont pas en reste. Selon les données colligées par l’ECHA, 13,3% des 467 articles de cuir testés contiennent du chrome hexavalent. Ce composé hautement cancérogène est parfois utilisé dans le traitement des peaux, notamment afin de les rendre imputrescibles, mais la mise sur le marché de pièces de cuir en contenant plus de 3 milligrammes par kilo est théoriquement interdite.
Disparités d’échantillonnage
De plus, environ 12% des bijoux analysés révèlent la présence de cadmium et 14% d’une sélection d’éléments suspectés de contenir de l’amiante (récipients isothermes, chauffages catalytiques, plaquettes de frein) contiennent effectivement la fibre minérale interdite. Cependant, l’ECHA précise que les éléments en question étaient «probablement produits avant que les restrictions interdisant les objets contenant de l’amiante n’entrent en vigueur».
A des degrés divers, les bijoux contiennent des métaux interdits pour des usages au contact du corps humain – plomb, cadmium, nickel. Et des instruments de mesure en forte proportion (principalement des thermomètres) contiennent du mercure, interdit en Europe.
« Les résultats ne doivent pas être vus comme représentatifs du marché dans son ensemble.» Agence européenne des produits chimiques
Le lien entre la non-conformité d’un article et sa provenance est d’autant plus fort que celle-ci n’a pu être établie. Près de 40% des objets d’origine inconnue présentent des taux anormaux de substances interdites. C’est le cas pour 17% des objets testés importés de Chine et pour 10% de ceux issus d’un pays de l’Union.
Cependant, ces chiffres ne signifient pas que 17% de l’ensemble des importations chinoises ou que 10% des produits fabriqués en Europe sont dangereux. L’échantillonnage n’a en effet pas été exhaustif, tant s’en faut. «Les inspecteurs ont ciblé les segments du marché sur lesquels ils suspectaient la présence de produits non conformes, explique-t-on à l’ECHA. Les résultats ne doivent donc pas être vus comme représentatifs du marché dans son ensemble. Il s’agit là de la première inspection de cette ampleur et nous devrions la répéter dans quelques années et conduire des analyses sur les mêmes produits, en recherchant les mêmes substances, pour détecter une possible amélioration de la situation.
« Il y a de plus en plus de restrictions et une plus grande faculté des autorités à s’assurer que les produits sont sûrs » Agence européenne des produits chimiques
A l’heure actuelle, l’agence européenne ne peut donc dire si la situation est meilleure ou pire que par le passé. «Il y a eu auparavant des projets européens de plus petite envergure, portant sur des restrictions spécifiques, expose-t-on à l’ECHA. Les taux de non-conformité se situaient alors entre 2,5% et 10%, mais nous ne pensons pas que ces résultats soient comparables avec ceux présentés aujourd’hui. Il existe plus de 60 restrictions [d’usage de certains produits] et la situation pour chacune d’elles peut être assez différente.»
L’agence insiste sur le fait que la prise de conscience des impacts et des risques de certaines substances est de plus en plus forte et qu’«il y a de plus en plus de restrictions et une plus grande faculté des autorités à s’assurer que les produits sont sûrs». «Nous pouvons dire que l’application de la législation sur les produits chimiques en général est plus rigoureuse aujourd’hui que jamais», assure-t-on à l’ECHA.
Cependant, les disparités d’échantillonnage rendent délicates les comparaisons entre États membres. Sur les quelque 5600 produits analysés (dont 18% non conformes), l’Autriche en a ainsi analysé 16, la Belgique 516, le Royaume-Uni 444, quand […]
Stéphane Foucart, Le Monde / Le Temps [Suisse]