Les hommes naissent-ils bons ou mauvais ? En voilà une question au bac-philo qu’elle est bonne. Je serais plutôt de l’avis de Johan Livernette, les hommes ne sont pas fondamentalement bons. Rousseau avait tort sur ce point. Ses enfants jetés à l’assistance publique avant d’écrire son livre sur l’éducation ne m’auraient pas contredit. Les hommes naissent fondamentalement faillibles. Ils naissent avec la possibilité du bien et la possibilité du mal. Mais certains naissent avec une possibilité du bien plus grande que celle du mal, et d’autres avec une possibilité du mal plus grande que celle du bien. La prédestination coexiste avec le libre-arbitre… mystère divin.
L’épouse de Patrick Sébastien résume ces possibilités déterminantes en disant : “certains naissent bons, d’autres mauvais”. Résumé abrupt s’il en est. Car il y a toujours une infime possibilité du bien même chez ceux qui déploient une infâme possibilité du mal : les fous de Sion, les “fous d’Allah”, les fous du Veau d’or, les fous d’eux-mêmes… Le Créateur laisse toujours la possibilité à la créature humaine de choisir le bien, mais il ne la lui laisse qu’un certain temps. Jusqu’au jour du Jugement dernier, l’homme peut choisir entre deux chemins, le bon ou le mauvais ; après ce jour terrible, un seul chemin s’ouvrira devant lui. Pour certains, ce sera le chemin vers le mal intégral, pour d’autres le chemin vers la félicité, le bien intégral. Certains songent au Paradis comme un jardin des délices, oui mais un jardin où règne la joie sans ombre, le bien intégral, c’est-à-dire la dictature du bien. Le seul bon régime politique pour l’humanité c’est la dictature… du bien. Le Messie sera le dictateur du bien qui appliquera implacablement la justice divine. La dictature de l’argent ne pourra être brisée que par une autre dictature, celle du bien. La démocratie n’est bonne que si le bon grain est largement majoritaire et l’ivraie minoritaire ; aujourd’hui, il semble que ce soit l’inverse. Que faire alors des mauvais ? Des plus mauvais ? De ceux que nul ne peut amender et qui entraînent tous les autres. On est tenté de les exterminer, avouons-le, mais les commandements divins nous l’interdisent, ils nous interdisent de faire justice à la place de la justice divine, car souvent l’homme fait mal, lorsqu’il veut faire bien. Et parfois, lorsqu’il fait bien on croit qu’il fait mal.
…c’est que cet épisode de Zadig s’inspire directement de la sourate de la Caverne.
Dans son conte philosophique Zadig, Voltaire nous raconte l’histoire d’un vieil ermite, Jesrad qui lit le livre de la destinée… un livre incompréhensible pour Zadig, pourtant instruit. Jesrad accepte d’accompagner et d’enseigner Zadig en lui faisant promettre de ne pas le quitter quoi qu’il fasse. La première nuit, Jesrad vole de l’or à un riche. Le lendemain, il offre cet or à un avare pas hospitalier. La deuxième nuit, il brûle la maison d’un philosophe, et la troisième, il tue le neveu d’une veuve. Jesrad dévoile alors qu’il est un ange à Zadig interloqué. L’ange lui explique que le riche ainsi volé comprendrait la vanité de la richesse, l’avare l’hospitalité, le philosophe découvrirait un trésor sous les cendres de sa maison, et la tante survivrait à son neveu meurtrier. Zadig, sceptique quant à la nécessité des malheurs pour accomplir le bien, s’incline finalement devant l’ange. Le chapitre se termine alors par l’appel de l’ange à Zadig de rejoindre Babylone. Tout cela est bel et bon, mais ce que les gens ne savent pas, ou ne veulent pas savoir, ou ne peuvent pas savoir dans l’école de la laïcité maçonnique fanatique, c’est que cet épisode de Zadig s’inspire directement de la sourate de la Caverne. En effet, dans ce passage du Coran, à partir du verset soixante-cinq, Moïse rencontre un sage dont il veut apprendre la science. Le sage envoyé par Dieu accepte en faisant promettre Moïse de ne pas l’interrompre. Le sage commence alors par endommager un bateau, puis tue un enfant, et enfin redresse dans une maison un mur proche de l’écroulement sans demander de salaire. Moïse effaré ne cesse de l’interrompre jusqu’à ce que le sage lui explique que le bateau appartenant à des pauvres était convoité par un roi qui saisissait tout bateau de force, que l’enfant était pervers et aurait mené ses parents à leur perte, et que la maison appartenant à des enfants orphelins recelait un trésor que les villageois se seraient accaparés avant que les enfants n’atteignent leur majorité.
Bien-sûr, Voltaire était faillible, et il a failli, cependant il fut sans doute l’un des plus grands, sinon le plus grand esprit européen, mais il fut surtout un signe de l’insondable et universelle sagesse du Coran, dont n’ont absolument aucune idée ces “fous de Dieu” qui veulent nous imposer leur folie sans issue, leur stupidité en béton armé et leurs calomnies abjectes que rien ne peut arrêter, pas même le mois de Ramadan…