Le Parlement européen a voté ce mardi la levée de l’immunité de Jérôme Lavrilleux à la demande des juges français enquêtant sur l’affaire Bygmalion. L’eurodéputé pourra désormais être mis en examen, placé sous contrôle judiciaire ou encore en garde à vue par exemple.
C’est l’un des personnages clés de l’affaire Bygmalion. Le Parlement européen a voté à une large majorité ce mardi la levée de l’immunité de Jérôme Lavrilleux demandée par la justice française dans le cadre de l’enquête sur un système de fausses factures présumé lors de la campagne présidentielle 2012 de Nicolas Sarkozy. Le député européen avait reconnu à la télévision en mai 2014 des “dérapages“.
Avant le vote des eurodéputés, la commission des Affaires juridiques du Parlement européen s’était elle aussi prononcée en faveur de la levée de l’immunité inhérente au mandat de Jérôme Lavrilleux. A l’unanimité, ses membres avaient estimé que les faits reprochés à leur collègue ne relevaient pas de son activité de député ni d’une volonté de nuire à cette dernière. Avec l’aboutissement de cette procédure initiée début septembre 2014 par une requête des juges d’instruction, l’ancien directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy pourra désormais être mis en examen, placé sous contrôle judiciaire ou encore en garde à vue par exemple.
Avant de siéger au sein de l’assemblée communautaire, depuis septembre 2014, Jérôme Lavrilleux était l’un des hommes forts de l’appareil UMP. Il a ainsi été le directeur de cabinet de Jean-François Copé quand celui-ci présidait le parti et également le directeur adjoint de la campagne présidentielle 2012 de Nicolas Sarkozy.
Très vite, lorsque l’affaire Bygmalion avait éclaté, celui qui est désormais eurodéputé avait reconnu, la larme à l’œil et en direct sur BFMTV, “11 millions d’euros de dépenses liées à la campagne ventilées sur d’autres opérations (…) une partie a été absorbée par l’UMP“. Évoquant des responsabilités partagées, sans dire par qui, il s’était refusé à impliquer Jean-François Copé ou Nicolas Sarkozy.
Dans le cadre de cette affaire Bygmalion, les magistrats du pôle financier soupçonnent un dépassement de 18,5 millions d’euros du plafond légal qui avait été fixé à 22,5 millions pour un candidat qualifié pour le second tour. Pour ce faire, Event & Cie, filiale de Bygmalion, aurait émis des fausses factures présentées à l’UMP notamment pour l’organisation de conférences ou séminaires fantômes, selon les éléments recueillis par les enquêteurs lors de perquisitions.
A ce jour, dix personnes, dont trois anciens responsables de la campagne de Nicolas Sarkozy (le directeur de campagne Guillaume Lambert, le trésorier Philippe Briand et Philippe Blanchetier, en charge du suivi financier), ont été mis en examen dans cette affaire. Tous nient leur implication, à l’exception des quatre anciens cadres de Bygmalion qui ont reconnu les faits. Aucun des protagonistes n’a à ce jour impliqué Nicolas Sarkozy, qui réfute avoir eu connaissance d’un système de fausses factures.