Cette condamnation est l’occasion de rappeler que LLP avait dénoncé le Mediator dans une vidéo (cf. ci-dessous) il y a 12 ans maintenant, avant même l’explosion du scandale sanitaire via le Dr Frachon. À l’époque on le prenait pour un illuminé ou un complotiste paranoïaque, sauf que le temps a donné raison à Monsieur Salim Laïbi, le laboratoire Servier ayant été condamné et les magouilles politico-pharmaco-chimiques dénoncées et prouvées publiquement. L’objectif de ce travail de dénonciation et de lanceur d’alerte était simple : réduire au maximum le nombre de consommateurs de ce poison, permettant ainsi de garder, le plus longtemps possible, les valves cardiaques en bon état, autrement dit, non calcifiées et donc fonctionnelles ! Accessoirement, mais c’est loin d’être négligeable, cela permet à la Sécurité sociale de faire quelque dizaines de millions d’économies, voire plus…
Jamais en France des victimes n’avaient été autant dédommagées.
3600 personnes ont touché en tout 115,9 millions d’euros pour leurs problèmes cardiaques liés à ce médicament dangereux du laboratoire Servier.
Le chiffre est impressionnant. Le laboratoire Servier a déjà versé « 115,9 millions d’euros à 3 600 patients » qui ont développé des pathologies cardiaques liées à la défectuosité du médicament Mediator, retiré du marché en 2009, selon un bilan actualisé que nous avons consulté. Et l’addition devrait même grimper à 141,3 millions d’euros, ce qui correspond au total des offres faites par le laboratoire. Si certains patients n’ont touché que quelques milliers d’euros, d’autres, gravement touchés par des pathologies du cœur, ont perçu plusieurs centaines de milliers d’euros, et même jusqu’à 1 million. Au total, c’est un record en France en matière d’indemnisation médicale.
Pour les associations de patients, c’est une bonne nouvelle. « Il était temps que ceux qui ont subi dans leur chair des dommages touchent une compensation décente ! Chez nous, c’était jusqu’à présent la portion congrue », s’indigne Georges-Alexandre Imbert, président de l’Association d’aide aux victimes des accidents de médicaments. Un exemple ? « Aux Etats-Unis, des fabricants ont été condamnés à verser des centaines de millions d’euros à des personnes dont la santé avait été dégradée par les médicaments de la classe des statines, mais en France les victimes n’ont rien eu. Espérons que cette affaire sera un tournant. »Des chèques avant le procès pénal
Chez Servier, on fait aujourd’hui profil bas. Laurent Boussu, responsable de la cellule d’indemnisation reconnaît « qu’il est indéniable que des patients ont souffert d’effets indésirables liés à la prise de Mediator. Nous réitérons nos sincères regrets aux patients touchés par ce drame et à leur famille ». Concrètement, le carnet de chèque a été largement sorti. « Nous avons pris, dès 2011, l’engagement d’indemniser les victimes, sans attendre l’issue des procédures en justice. » Faut-il voir un lien entre ces sommes rondelettes et le grand procès pénal prévu à partir du 23 septembre, sachant que les victimes indemnisées par Servier s’engagent à ne pas y témoigner ?
« Le procès arrive, mais il y a une totale déconnexion entre cette actualité et l’indemnisation des victimes », affirme Laurent Boussu. Charles Joseph-Oudin, qui défend plusieurs victimes dans ce dossier, n’a pas la même vision : « Au début, ils ont rechigné à verser des indemnités. Si les choses se sont améliorées, c’est grâce uniquement…
Photo d’illustration : si certains patients n’ont touché que quelques milliers d’euros, d’autres ont perçu plusieurs centaines de milliers d’euros, et même jusqu’à 1 million. LP/Frédéric Dugit