La déclaration du président du conseil national de l’Ordre des médecins, le Docteur Patrick Bouet, auteur du livre Santé : Explosion programmée aux éditions de l’Observatoire, est une excellente chose, sauf qu’elle tardait à venir. Comment expliquer le silence des chefs de service des hôpitaux qui voient le système se dégrader, voire s’écrouler sous leurs yeux, sans même réagir ? Comment expliquer que le conseil de l’Ordre soit si timoré devant ce désastre alors que nous apprenons que 25% des médecins généralistes sont en situation de détresse professionnelle et que les suicides se multiplient ! Ce désastre sanitaire ne date pas d’aujourd’hui, il a été mis en place depuis au moins deux décennies, ce n’est pas une nouveauté !
« Il y a urgence à tout repenser de fond en comble ».
Patrick Bouet, président du conseil national de l’Ordre des médecins, demande, dimanche 29 avril, au gouvernement « une réforme globale » du système de santé qu’il juge « à bout de souffle », dans un entretien au Journal du dimanche. « Nous sommes vraiment arrivés à la fin d’un cycle », déclare Patrick Bouet, auteur du livre Santé : Explosion programmée (éditions de l’Observatoire) qui paraît mercredi.
« Si la machine continue de tourner, c’est grâce à l’engagement des aides-soignantes, des infirmiers, des kinés et des médecins, étudiants, libéraux ou salariés du public et du privé. C’est miraculeux qu’ils continuent de croire en leur mission !, ajoute ce médecin généraliste en Seine-Saint-Denis. Emmanuel Macron s’était engagé à réformer les retraites mais il n’avait pas prévu de s’attaquer au système de santé. Aussi nous craignons que le projet en préparation au ministère de la Santé soit plus un cataplasme que la réforme globale attendue par l’ensemble de la population.»
« L’économie de la santé et ses disciples ont imposé leur dictature »
Il estime que « toutes les réformes successives n’ont eu qu’un seul but : assurer l’équilibre budgétaire. Cela donne le tournis, un plan de retour à l’équilibre chaque année !» « L’économie de la santé et ses disciples ont imposé leur dictature dans les cabinets ministériels, la haute administration, au détriment de l’exigence de solidarité et d’innovation thérapeutique », ajoute-t-il.
Patrick Bouet juge que « la réforme du système de santé ne peut pas se cantonner à un toilettage de la T2A », la tarification à l’activité des hôpitaux. « Un autre problème important est le regroupement des établissements en groupes hospitaliers de territoire qui s’achève, selon lui. La fausse bonne idée était de mutualiser les ressources et d’assurer une meilleure rentabilité en supprimant des services, en organisant des achats groupés. Dans les faits, cela ne fonctionne pas.»
France TV Info / AFP