C’est tout de même assez extraordinaire de voir la question libyenne se régler en Italie plutôt qu’à Alger ou Rabat, par exemple ! Extraordinaire cette absence des pays arabes dans le règlement de ces conflits civils de leurs voisins et frères ! Le cas algérien avait été négocié également à Rome, à une certaine époque ! Cela donne une certaine idée de la disparition des états maghrébins, de la fin de toute autonomie, souveraineté et vision d’ensemble de ces mêmes pays sous domination onusienne, une domination à vrai dire totalement occidentale.
Le dossier libyen est toujours au cœur de la rencontre internationale au sommet qui se poursuit à Rome.
L’objectif est celui d’encourager les factions rivales à signer un accord politique destiné à être signé le mercredi 16 décembre. Les représentants de dix-sept pays, dont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Union européenne, l’Union africaine et la Ligue arabe ont appelé à signer l’accord, proposé par la médiation onusienne, et à un cessez-le-feu immédiat pour pouvoir l’appliquer au plus vite. Des représentants libyens des deux camps, celui du Parlement de Tobrouk et celui du Congrès général de Tripoli se sont engagés à signer mercredi prochain 16 décembre, au Maroc, l’accord qui prévoit la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Parlant ainsi – fait rare – d’une seule voix, les dix-sept pays et les quatre organisations présents à Rome ont souligné l’urgence, pour les Libyens, de signer l’accord préparé sous l’égide des Nations unies et cela afin de mettre en place au plus vite un gouvernement d’union qui puisse faire face aux défis sécuritaires et notamment l’avancée de l’organisation Etat islamique. La communauté internationale assure au futur gouvernement d’union ses soutiens politique et financier. Même si l’accord ne fait pas l’unanimité parmi les Libyens, une quarantaine de membres des deux Parlements rivaux se sont engagés à le signer dès ce mercredi.
Comité présidentiel
Ce texte, négocié depuis plus d’un an par l’ONU instaure un comité présidentiel composé de neuf membres dont un président, Fayez el-Sarraj, personnalité quasi inconnue du public en Libye. Ce comité, composé de quatre membres de chaque Parlement rival, devra être formé dans les 40 jours suivant la signature de l’accord. Ce dernier prévoit aussi la nomination, par ce comité, des directeurs de la Banque centrale et de la compagnie pétrolière nationale. Ces deux institutions font actuellement l’objet d’une lutte féroce entre les deux camps libyens. La dernière étape, pas des moindres, prévoit une extension d’un an du mandat du Parlement de Tobrouk le seul reconnu et son déménagement à Tripoli, la capitale.
Divisions
Néanmoins, reste encore à savoir qui parmi les Libyens signera l’accord, car il ne fait toujours pas l’unanimité. Pour la communauté internationale, la grande partie des Libyens, des deux camps, est prête à signer l’accord pour un gouvernement d’union nationale. Mais en coulisse, les divisions se font jour. Dimanche 13 décembre, alors qu’une quarantaine de représentants libyens s’engageaient à signer l’accord, dans la ville de Misrata, un groupe de chefs tribaux appelait à le rejeter au profit d’un accord 100 % libyen. Problème, c’est en partie sur ce type d’acteurs locaux que repose la bonne marche d’un futur accord en Libye. Les termes de l’accord proposés par l’ONU sont également contestés par des membres des deux Assemblées rivales dont certains ont signé un accord le 7 décembre à Tunis. Mais Martin Kobler, l’envoyé spécial de l’ONU, espère réunir plusieurs dizaines de signatures ce mercredi à Skhirat au Maroc, non seulement de la part de membres des deux Parlements rivaux mais aussi de maires et de représentants des partis politiques libyens. Quitte à élargir plus tard le cercle des adhérents au dialogue. En revanche, cela ne dit rien de l’attitude des milices sur le terrain, toutes plus ou moins alliées à l’une des parties libyennes au conflit. Il paraît évident que leur pouvoir de nuisance serait ravageur si elles décidaient de ne pas soutenir l’accord interlibyen.
RTL.fr / AFP