Persécution de la conscience morale
Prenons cette somme d’invectives que la tribune du Point lance contre Monsieur Salim Laïbi ; elle est constituée d’une suite non d’idées vraies ou fausses, de faits réels ou supposés, mais de signaux pour demander à la machine humaine de s’arrêter, comme à un allumage de feux rouges, sous peine de risquer ce déraillement que l’on entend par dérapage ! Nous ne les reprendrons point séparément, car il appartient à notre ami de les réfuter, et les lecteurs de son site l’auront accompagné dans cette tâche nécessaire.
Qu’il y ait, comme à la base de tout ce qui forme l’esprit républicain ou pagaille démocratique ou corruption générale nourrie par le règne des riches ou ploutocratie et autres friponneries, ce sentiment de jalousie que le grand Goethe disait être la vérité du principe d’égalité, de ce qui met sur le même plan bien et mal, vrai et faux, innocence et impureté, religion et incrédulité, colonisation et émancipation des peuples, il suffit d’en lire la première ligne : avoir un million de vues, pour cet article parisien, est très suspect en effet, quand on n’est pas promu par les médias officiels, car l’on peut instruire, là où maintenant l’on tient le public dans l’ignorance ou laisse mariner leur capacité de jugement dans une bouillie de semi-vérités, soit d’écorce vraisemblable avec un fruit intérieur empoisonné !
Les termes de complotisme, de révisionnisme, bref tous les poncifs s’y trouvent, et qui justifient la seule loi fondamentale du système révolutionnaire maçonnique mis en place ou formalisé depuis l’époque de Philippe-Égalité, du Duc d’Orléans, dont un chartiste apprécié, feu mon ami d’études Jean Dérens me confiait qu’il stipendiait le hideux Marat ; ce que seules les archives n’ont révélé qu’au XXe siècle. Et cette loi fondamentale est celle des Suspects qui suffit à vous décapiter physiquement ou moralement. C’est cette Terreur qui est périodiquement remise à l’ordre du jour. Elle a des imitateurs à l’étranger, mais sa marque de fabrique, sa touche d’origine est parisienne, et à cet égard les dénonciateurs Marseillais voulant clouer Salim Laïbi au pilori ; sont dignes de leurs éducateurs !
Ce type de procès court à travers les âges.
Vraiment ridicule est l’accusation de favoriser le terrorisme qui lui est faite, mais, au fait, quel éducateur a mieux expliqué patiemment et avec retenue que celui qui est maintenant accusé et sur son site du LLP démonte, comme dans la vidéo sur le massacre de Nice, les rouages de la subversion moderne ayant d’abord en 1992 frappé son pays natal, et je puis préciser, sa famille ?
Que des gens aient des opinions, ou sans atteindre jusque là, des réflexes différents, surtout au sein d’une communauté religieuse, cela se voit ailleurs, chez les Chrétiens anciens et nouveaux, charnels ou utopistes etc., partout où l’homme se frotte à ses semblables, avec la même capacité à piquer que le hérisson dont parle avec esprit Schopenhauer. Mais qu’on agite un drapeau religieux, pour clouer un homme au poteau, et lui faire subir le spectacle de la danse du scalp, démontrerait, s’il en était encore besoin, un type d’opération d’envergure, sous faux drapeau, en l’occurrence musulman, sorte de perpétuelle machination Gladio dont le terme final est une mise à mort médiatique !
Je n’accuse personne, avec des effets de manches, en avocat bavard comme sont les sophistes gardiens des démocraties mues aisément en tyrannies (comme nous l’ont fait savoir les Conventions révolutionnaires et leur succession soviétique) mais constate en amateur de l’art rhétorique et de logique, qu’il eût été facile de répondre à tout ce qui semble insupportable aux rédacteurs de cette accusation publique, par justement des réfutations argumentées sur chacun des points soulevés. M. Salim Laïbi est sensé ; il n’est pas homme, à cet égard, à se réjouir de la mort d’un être cher, comme cela a été fait contre lui par un semi-habile dans un moment d’égarement ou d’absence de maîtrise de soi, porte ouverte aux démons. Ses livres et vidéos sont construits, et témoignent d’une attention continue, d’un goût de la précision, du genre de celle que je voulais qu’eussent mes élèves. Au lieu de mesurer la solidité de ses arguments on lui adresse un panier d’insultes et d’affirmations péremptoires, exactement comme ce panier de figues mêlées dans lequel Cléopâtre, pour se suicider, aurait demandé qu’on plaçât un serpent.
Il y a dans tout procès, particulièrement sur fond religieux ou communautaire, à considérer l’importance première, oui, la primauté de la conscience morale sur la profession de foi, d’être en bref scrupuleux : on peut, sinon, réunir une foule et lui faire crier des slogans, des mots qui frappent (slogan est le mot écossais formé sur l’allemand schlagen, frapper), même et surtout si elle n’a compris que superficiellement les choses, comme les Évangiles s’accordent à faire crier à mort envers Issa (béni soit-il) devant un haut fonctionnaire romain convaincu de l’innocence de l’accusé. Ce type de procès court à travers les âges. Mais bâtir une idée politique ou religieuse, ou tenir une opinion contre quiconque, sans un solide socle moral préalable, tout comme écrire une histoire sans examen des sources, est malhonnête. Salim s’est toujours astreint à cette règle d’examen, et cela contrarie les passions qui ne s’enflent que d’envie et éclatent un jour en brisant l’âme qui les a enfantées.
Pierre Dortiguier