Il est tout de même spectaculaire d’entendre le ministre de l’Education nationale affirmer que la rentrée scolaire s’est très bien passée alors que nous apprenons aujourd’hui, 40 jours après, qu’il manque des enseignants dans 35 % des établissements ! Tout ceci n’est rien d’autre que du sabotage de l’enseignement, la destruction de toute une génération d’élèves à cause d’une gestion catastrophique des moyens de l’État.
La rentrée « s’est bien passée », répète le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye.
Mais dans les établissements et chez les parents d’élèves, les témoignages sont nombreux d’enseignants qui manquent à l’appel, dans un contexte inédit de pénurie . Qu’en est-il exactement ?
Selon une enquête du principal syndicat de chefs d’établissement, le SNPDEN, dont « Les Echos » ont pris connaissance, les 1.300 réponses donnent un état des lieux assez fiable sur les 7.000 collèges et 3.200 lycées de l’Hexagone. Un mois après la rentrée, 35 % des établissements affirment avoir au moins un poste d’enseignant vacant ; 32 % – ce ne sont pas forcément les mêmes – indiquent avoir au moins une absence longue non remplacée ; 35 % ont au moins un poste de personnel non enseignant qui n’a pas été pourvu.
« Un écart de points de vue »
« C’est quand même dingue ! s’exclame Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN. On nous raconte que la rentrée s’est bien passée alors que, de toute évidence, il y a un écart de points de vue. »
En visite, la semaine dernière, en Eure-et-Loir, Pap Ndiaye a expliqué qu’il manquait « moins des postes en tant que tels que des bouts d’heure par-ci par-là, et c’est cela que nous devons combler ». « Le ministre peut réfléchir en équivalents temps plein, réagit Bruno Bobkiewicz, mais l’élève, lui, s’en fiche, s’il n’a pas de professeur de technologie, ça veut dire qu’il n’a pas de cours de technologie. »
Comment va se dérouler le reste de l’année dans ce contexte ? La situation inquiète d’autant plus que, pour tenir l’objectif d’avoir « un professeur devant chaque élève » à la rentrée , le ministère a puisé dans les viviers de remplaçants.
Ces professeurs remplaçants sont « un enjeu majeur pour les élèves comme pour les familles », rappellent les documents budgétaires attachés au projet de loi de Finances. Ils citent aussi l’engagement du Grenelle de l’éducation , selon lequel, en cas d’absence d’un professeur, les écoles et les établissements « devront assurer la permanence pédagogique sur l’ensemble du temps scolaire prévu pour les élèves ».
Des « cours en ligne » supervisés par des assistants
Le gouvernement a même fixé « des indicateurs d’efficacité et d’efficience du remplacement des personnels enseignants du point de vue du contribuable », apprend-on à la lecture des documents budgétaires…
Les Echos
8 octobre 2022