C’est tout de même très inquiétant, la facilité avec laquelle ces pédocriminels agissent et en face la lenteur de la police ! Sans oublier les peines ridicules qui sont appliquées par la justice lorsque celle-ci ose timidement, de temps en temps, affirmer sa présence…
Ce matin, cinq hommes comparaissent devant le tribunal correctionnel de Termonde pour avoir créé, partagé et échangé 9 millions de contenus pédopornographiques au sein d’un réseau très organisé et structuré.
À l’heure actuelle, 38 enfants ont déjà été identifiés. D’autres milliers doivent encore être retrouvés. Les cinq hommes sont poursuivis pour traite des êtres humains et risquent 20 ans de prison, le double pour les récidivistes.
Des photos sur la plage
Tout commence en 2015. Un policier en vacances à Blankenberge remarque un homme qui prend des photos d’enfants sur la plage. L’attitude semble suspecte aux yeux du policier qui prévient ses collègues. L’homme qui prend des photos est connu des services de police pour des faits similaires. Il est arrêté, les perquisitions s’enchaînent.
Chez l’un des trois Belges, les enquêteurs retrouvent un disque dur avec 9 millions de contenus pédopornographiques dont 664 séries inédites. Chaque série comprenant une centaine de photos et de vidéos, du « fait maison ». Pour les analystes d’Europol, c’est tout à fait « unique ». Généralement, le contenu retrouvé est ancien et circule depuis des années sur le web. Ici, il s’agit de matière nouvelle. Autrement dit, des photos et des vidéos des propres enfants des accusés, de leurs beaux-enfants ou encore d’enfants de connaissances.
Les accusés ne se limitaient pas à des contacts en ligne. Ils se retrouvaient aussi dans la vie réelle. Ils passaient des vacances ensemble, faisaient des excursions à la piscine, la patinoire ou encore au marché de Noël. Lors de ces moments, ils regardaient des contenus pédopornographiques, mais en créaient aussi en abusant sexuellement des enfants. Certains ne sont pas plus âgés que deux ans. Les cinq accusés étaient également équipés avec, par exemple, une montre avec une caméra intégrée pour pouvoir filmer à leur insu les enfants qui nageaient ou qui prenaient leur douche.Child Focus se porte partie civile
Fait rare selon Heidi De Pauw, la directrice de Child Focus, ce dossier est porté par la Belgique. Souvent, ce sont des polices étrangères qui alertent sur les cas de pédopornographie. L’association a d’ailleurs décidé de se porter partie civile pour être le visage des victimes. « 38 enfants ont déjà été identifiés, mais il y en a sans doute des milliers d’autres », constate Heidi De Pauw.
La charge retenue contre les cinq accusés est la traite d’êtres humains. Ils risquent 20 ans de prison, le double pour ceux qui sont en situation de récidive.
Melanie Joris
RTBF24 janvier 2020