C’est une véritable déclaration de guerre à la magistrature et plus spécialement au parquet national financier. Le choix de Dupond-Moretti est plus que contestable, car il arrive à un moment de tension extrême ; on devine une volonté de l’exécutif de fermer le PNF qui est devenu trop dangereux pour les magouilles de certains… D’ailleurs, lorsqu’un journaliste lui avait demandé s’il pouvait accepter un poste de ministre de la justice de Macron, Dupond-Moretti avait répondu : « Que voulez-vous que j’aille faire là-bas ? Je suis sûr que je ne veux pas faire de politique » ; ce qui démontre à quel point il respecte sa propre parole ! Quant aux réformes urgentes à mettre en place, il avait cité 2 changements importants : séparer le siège du parquet et responsabiliser les juges. On verra du coup s’il va mettre en application ces belles promesses ou nous faire une Nicolas Hulot qui n’a absolument rien pu faire et a dû quitter son poste sans prévenir…
Le célèbre avocat pénaliste a été nommé garde des Sceaux ce lundi 6 juillet lors du remaniement du gouvernement après la nomination de Jean Castex à Matignon.
La « grande gueule du barreau » succède à Nicole Belloubet qui sort du gouvernement.
Il devait intervenir dans une matinale radio à la rentrée. À la surprise générale, Éric Dupond-Moretti mettra finalement sa célèbre faconde au service du gouvernement formé par le nouveau Premier ministre Jean Castex. L’avocat pénaliste, ténor du barreau, a été nommé ce lundi 6 juillet garde des Sceaux. Âgé de 59 ans, il succède à Nicole Belloubet, l’une des rares sortantes de l’équipe précédente, non reconduite après trois années au gouvernement.
Éric Dupond-Moretti à la place Vendôme, c’est l’avocat le plus médiatique de France qui fait irruption dans la vie politique. Surnommé « Acquittator » pour ses 145 victoires aux assises, cet ogre des prétoires s’est fait connaître pour ses dossiers ultra médiatisés, son verbe haut et sa constance au côté des « indéfendables ».
Né avec l’affaire d’Outreau, il a mis son talent et sa verve à la barre au service de personnalités controversées comme Jérôme Cahuzac, Patrick Balkany, Jérôme Kerviel, Georges Tron ou Abdelkader Merah. Il s’est aussi essayé au cinéma dans son propre rôle et sur les planches dans un spectacle seul en scène, « Éric Dupond-Moretti à la barre ».
Un passif avec les magistrats
Rompu aux coups de gueule en audience, Éric Dupond-Moretti l’est aussi aux coups de griffes à l’encontre de la magistrature. Très critique à l’encontre de l’institution judiciaire, il a régulièrement mis en cause la loyauté des juges et attaqué le système. Partisan de la suppression de l’École nationale de la magistrature, il s’est mis à dos de nombreux magistrats.
Au début du mois, il a porté plainte contre le Parquet national financier dans le cadre des investigations menées pour identifier la taupe dans l’affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy, dénonçant « une clique de juges qui s’autorisent tout ». Ces prises de position pourraient peser lourd dans sa gestion des dossiers légués par sa prédécesseure Nicole Belloubet, dont les rapports avec le parquet n’étaient déjà pas au beau fixe.
Aux manettes de la Chancellerie, le nouveau garde des Sceaux récupère plusieurs dossiers chauds interrompus par le coronavirus. Charge à lui de mener à bien la réforme du droit pénal pour l’environnement, le chantier de l’indépendance de la justice et celui du nouveau code pénal pour mineurs.
Dans la foulée de sa nomination, le Premier ministre Jean Castex a martelé dimanche sa volonté d‘accélérer sur la réforme des retraites, un sujet sensible pour lequel le nouveau ministre de la Justice, qui s’était lui-même mobilisé contre le texte, va devoir renouer le dialogue avec les avocats, farouchement opposés au projet.
6 juillet 2020