En guise de prime de bienvenue, le nouveau DG de Sanofi, ce gigantesque trust pharmacochimique, se voit remettre un chèque de 4 millions €, avant même d’avoir commencé à travailler et d’avoir prouvé ses compétences et son dynamisme. C’est ce qui a fait réagir les salariés syndiqués, outrés par une telle extravagance. Ils ont accueilli les actionnaires réunis en AG en distribuant des tracts en forme de coupures de 4 millions €. Laurence Parisot, quant à elle bien sûr, n’y a vu aucun inconvénient félicitant le groupe d’avoir réussi à débaucher un capitaine d’industrie français et de haut niveau. C’est ainsi que ces gens-là se sucrent : golden hello, parachutes dorés et autres avantages en nature.
[citation source=””]Le président du conseil, Serge Weinberg, qui a assuré l’intérim après l’éviction brutale de l’ancien directeur général Chris Viehbacher, entre directement dans le vif du sujet. « L’année 2014 a été contrastée. Nous avons dû nous séparer de Chris Viehbacher qui assurait un management solitaire et manquait de transparence vis a vis du conseil. La fin du deuxième semestre 2014 a été marquée par un profond changement aux USA avec la mise en place de l’Obama-care et la plus grande vigilance des payeurs qui nous ont obligé à consentir des rabais sur les prix. L’innovation et la diversification du groupe seront clés », précise-t-il, avant de se réjouir de l’arrivée d’Olivier Brandicourt à qui il donne la parole. « Voici mes premières observations » indique le nouveau directeur général fraîchement arrivé de chez Bayer. « Sanofi entre dans une importante phase de lancements, avec 18 lancements d’ici 2020. Un lancement va intervenir tous les six mois dans différents domaines. Après l’arrivée sur le marché il y a quelques semaines de Toujeo, le successeur de Lantus, nous devrions notamment obtenir d’ici la fin de l’année les autorisations pour des produits à fort potentiel comme l’anti-cholestérol Praluent ou le vaccin contre la dengue. Il me semble important d’adapter les dépenses aux lancements et d’investir dans les produits biologiques. Je veillerai à la réussite de ces lancements et j’ai prévu d’analyser en profondeur le portefeuille de recherche. J’ai également démarré une revue stratégique des activités du groupe. Tous les efforts vont se concentrer sur la qualité d’exécution de la stratégie ». Est-ce la conséquence de l’impressionnant dispositif de sécurité mais l’AG est étrangement calme contrairement aux autres années où les salariés l’avaient rendu houleuse. Lors de son intervention, le directeur Jérôme Contamine confirme que la situation financière du groupe est très saine avec 7 milliards de dette nette pour 56 milliards de fonds propres et un niveau de cash-flow disponible de 7 milliards. « Les efforts d’investissement, notamment en augmentation de capacités de fabrication de produits biologiques, vont être accrus et atteindre 1,8 milliard contre 1,2 milliard en 2014. » 2015 sera une année de transition avant de recueillir les fruits de tous les lancements. Le bénéfice par action sera quasi stable à changes constants. Ouverture de la session questions-réponses. Concernant le développement des accords externes, Olivier Brandicourt revient sur la qualité du partenariat avec Regeneron dans lequel le groupe a récemment augmenté sa participation de 16 à 22% et a la possibilité de monter jusqu’à 30% dans le capital de la biotech américaine. À la question sur le retrait de la 23e résolution qui concerne l’abaissement de déclaration du franchissement de seuil de 1 à 0,5%, le président a répondu que cela aurait été compliqué pour certains grands actionnaires. Au sujet du travail du comité stratégique, Serge Weinberg a notamment indiqué que celui-ci avait regardé de nombreuses acquisitions mais qu’elles ne s’étaient pas concrétisées. Autre question sur l’absence du délai prioritaire de 5 jours dans la 14e résolution concernant les augmentations de capital sans DPS. Réponse : « Ce dispositif aurait été trop compliqué. Le plafond d’augmentation de capital sans DPS a été abaissé à 10%. » La rémunération du nouveau directeur général est toujours en toile de fond avec notamment ses 4 millions de golden hello et un parachute doré qui intègre une ancienneté de 10 ans. À un actionnaire déçu du départ de Chris Viehbacher et attaquant le peu de dynamisme de sa stratégie, Olivier Brandicourt s’est défendu : « vous n’imaginez pas que j’allais déjà vous donner ma vision stratégique aujourd’hui. Je serai en mesure de le faire en novembre. » A quoi Serge Weinberg a ajouté : « Chris Viehbacher a amené une profonde transformation de la recherche de Sanofi. Toutefois, en 2013, les profits warning se sont succédé. Les divisions oncologie et diabète sont dans une moins bonne situation aujourd’hui qu’elles n’étaient il y a quelques années. » Toute les résolutions ont été adoptées notamment celles (14 à 18) ayant trait aux demandes d’émissions d’actions sans DPS dépassant 5% du capital. La quatrième qui traite du parachute doré d’Olivier Brandicourt et la onzième qui concerne la rémunération de Chris Viehbacher n’ont été adoptées qu’à respectivement 64% et 61,6%. Anne Barloutaud, à l’assemblée générale. Anne Barloutaud, à l’assemblée générale[/citation]