Nous avons aujourd’hui un système de santé et politique capable de vacciner 65 millions de personnes pour 5 cas de tétanos ou de grippe A H1N1 virtuelle ; par contre, des centaines de cas de syphilis dus à des comportement sexuels dépravés ne remettront jamais en cause ces pratiques à risques. Aucune campagne de santé publique qui pousse les jeunes à l’abstinence, ou du moins à avoir des partenaires stables, connus et propres ne sera organisée : JAMAIS. Ils vont continuer à distribuer des préservatifs comme si ces derniers préservaient de quoi que ce soit…
On pensait que cette maladie sexuellement transmissible appartenait au passé. C’est faux : en France, on recense désormais près de 500 nouveaux cas par an.
Elle est suggérée partout dans les romans du XIXe siècle, sans jamais être citée. La syphilis était la maladie de la honte, celle dont on ne parlait pas, ou seulement en ces termes : « vérole », « mal de Naples »… De grands écrivains, des peintres, des musiciens en sont morts, ce qui donne à cet ancêtre des infections sexuellement transmissibles un petit côté suranné.
Pourtant, la maladie est toujours d’actualité, et qui plus est en recrudescence en France, même si aujourd’hui on sait la soigner.
On pensait, à tort, que les antibiotiques avaient eu raison de cette infection qui, si elle n’est pas traitée, peut entraîner des lésions de la peau et des muqueuses pouvant toucher de nombreux organes, des complications sur le cerveau, les nerfs, le cœur et les yeux. La syphilis est due à une bactérie, le tréponème pâle, qui se transmet lors de rapports sexuels non protégés (si l’on ne prend pas en compte les transmissions materno-fœtales). Les premiers cas sont réapparus en 1999, et « l’augmentation est constante et progressive », annonce Florence Lot, responsable de l’unité VIH, hépatite B et C à l’Institut de veille sanitaire (InVS). Il existerait aujourd’hui environ 400 à 500 nouveaux cas déclarés par an.
Le centre hospitalier de Brive-la-Gaillarde a récemment indiqué avoir diagnostiqué une quarantaine de personnes porteuses de la maladie en 2015, contre en moyenne deux cas par an pendant les années précédentes. « Nous avons un nombre plus important de cas au niveau national, c’est certain. Toutefois, la raison pour laquelle certains hôpitaux ont davantage de personnes se présentant avec la syphilis est sans doute dû aussi au fait que le traitement de référence, l’Extencilline, n’est plus commercialisé par Sanofi depuis 2014 et donc plus disponible en pharmacie. Les malades doivent désormais se tourner vers le Sigmacillina, fabriqué par un laboratoire italien qui n’est accessible qu’à l’hôpital », poursuit Florence Lot. Hasard du calendrier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient d’annoncer la disponibilité dans quelques semaines d’un remplaçant français de l’Extencilline qui sera bientôt dans les pharmacies.« Hausse des pratiques à risque »
Le groupe interassociatif TRT-5 (traitements & recherche thérapeutique) qui rassemble neuf associations dont Aides et Act Up, confirme : « Oui, il y a une recrudescence des cas, de toutes les infections sexuellement transmissibles d’ailleurs, comme la chlamydia. Il ne s’agit pas de l’ampleur de la syphilis de la fin du XIXe-début XXe, mais les médecins avaient perdu l’habitude de la diagnostiquer, et c’est revenu à l’ordre du jour. » Pourquoi ? « On le doit à la hausse des pratiques à risque, en particulier chez les homosexuels masculins. Les enquêtes le démontrent dès 1997 », ajoute Florence Lot. Cette maladie touche en effet essentiellement la communauté gay masculine avec 84 % des cas, dont près de 40 % sont aussi séropositifs. Mais il existe aussi une légère tendance à une augmentation chez les hétérosexuels. Et les intervenants rappellent que le préservatif reste la seule protection contre ce mal, puisqu’il n’existe ni vaccin ni traitement préventif.
Le Parisien