Encore un médecin pincé pour trafic de Subutex et qui permet au public de se rendre compte de l’ampleur de ce trafic à 250 millions d’euros en France mais également de la dépendance des toxicomanes à cette molécules qu’ils arrivent même à s’injecter dans le sang.
Le Subutex est dans la ligne de mire de l’Académie de médecine, qui a demandé en juillet aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour renforcer la lutte contre ce médicament « recherché avec avidité par les héroïnomanes ».
Il s’était fait une spécialité de délivrer des médicaments à ceux qui n’en avaient pas vraiment besoin. Un médecin mosellan accusé d’avoir alimenté un trafic de Subutex, un substitut à l’héroïne, a été condamné lundi à Sarreguemines à deux ans de prison avec sursis, deux années d’interdiction d’exercer son métier et 50 000 euros d’amende.
Le Dr Jacques Furlan, médecin généraliste et ancien maire de la ville de Hombourg-Haut, devra également payer quelque 130 000 euros à la Caisse primaire d’Assurance maladie (CPAM) de Moselle, dont l’avocat, Me Nicolas Matuszak, s’est dit satisfait que « l’escroquerie ait été reconnue ».La source d’un réseau de trafiquants
Le docteur Furlan avait été mis en examen en octobre 2013. L’enquête avait établi qu’il avait prescrit de fin mars 2011 à avril 2013 près de 25 000 ordonnances de Subutex à quelque 285 patients.
Lors de l’audience fin novembre devant le tribunal de Sarreguemines, la procureur avait requis à l’encontre du sexagénaire trois ans de prison dont deux avec sursis, 50 000 euros d’amende et l’interdiction d’exercer son métier. Marion Freitag avait alors fait valoir qu’« en distribuant du Subutex à des patients qui n’en ont pas besoin, on alimente un réseau ».
« Je ne peux pas mener moi-même une enquête » sur chaque patient, avait rétorqué le médecin, assurant n’avoir « jamais eu (…) une intention de frauder la Sécurité sociale ».
Le Subutex, un coût à 250 millions annuels
Son avocat, Me Dominique Rondu, a indiqué qu’il envisageait de faire appel de l’interdiction d’exercer de deux ans à compter du jugement, qui vient s’ajouter aux deux années passées sans exercer, depuis la mise en examen du Dr Furlan.
Un pharmacien, qui avait comparu aux côté du médecin, a été relaxé. L’Ordre des médecins s’est vu attribuer un euro de dommages et intérêt, ce qu’il avait demandé, a précisé son avocat, Me Stanislas Louvel, satisfait de la « reconnaissance de culpabilité » qu’établit ce jugement.
Le Subutex est dans la ligne de mire de l’Académie de médecine, qui a demandé en juillet aux pouvoirs publics de prendre des mesures pour renforcer la lutte contre ce médicament « recherché avec avidité par les héroïnomanes ». Facilement accessible sur simple prescription, il donne lieu à un trafic qui coûte, selon elle, près de 250 millions d’euros par an aux organismes payeurs comme la Sécurité sociale.