On savait que les États-Unis d’Amérique étaient un pays en faillite aussi bien économique que morale, mais on ne s’attendait pas à vrai dire à découvrir que l’ex-patron du FBI James Comey en vienne à traiter, dans ses Mémoires, le président actuel Donald Trump de menteur pathologique et de chef mafieux ! Ceci ne fait néanmoins que confirmer ce que nous disons de Donald Trump depuis son élection et même bien avant.
Dans ses Mémoires, James Comey ne se montre pas tendre avec le président américain, qu’il décrit comme obsédé par des détails scabreux le concernant.
L’ancien patron du FBI James Comey doit publier, mardi prochain, ses Mémoires. Un livre très attendu, dont des passages ont fuité dans la presse jeudi et dans lequel l’ex-chef policier décrit le locataire de la Maison-Blanche comme un menteur invétéré soumettant son entourage à un code de loyauté qui rappelle l’attitude d’un chef « mafieux ». Donald Trump y apparaît aussi comme obsédé par des détails scabreux le concernant. James Comey relate ainsi que le président lui a demandé d’enquêter sur des allégations le mettant en présence de prostituées russes en 2013 dans un hôtel à Moscou. « Je suis germophobe. Ce ne serait pas possible que je laisse des gens se faire pipi dessus devant moi », aurait dit le milliardaire à propos des relations sexuelles prêtées aux prostituées, au cours desquelles elles se seraient urinées dessus à sa demande. « J’ai laissé échapper un rire », écrit James Comey, toujours selon cet extrait relayé par le Washington Post.
Ce « dossier » avait été rédigé par un ancien agent du renseignement britannique pour le compte d’opposants politiques au candidat républicain. Alors qu’il avait été jugé crédible dans un premier temps par le renseignement américain, son authenticité avait ensuite été complètement remise en question. Lors de cette discussion dans la tour Trump en janvier 2017, Donald Trump a demandé au chef du FBI de tordre le cou à ces affirmations qui lui étaient très défavorables « au cas où il existerait une seule chance sur cent qu’elles soient prises au sérieux par sa femme, Melania », selon James Comey.
« Le boss qui fait le jour et la nuit »
Cet échange avec le président « m’a fait revenir au début de ma carrière, quand j’étais procureur face au milieu », a-t-il ajouté. L’ex-chef policier a décrit une scène digne de la mafia : « Le cercle silencieux qui acquiesce. Le boss qui fait le jour et la nuit. Les serments de fidélité. La vision du monde selon laquelle tous sont contre nous. Le mensonge généralisé, qu’il soit petit ou gros, au service d’une sorte de code de loyauté qui place l’organisation au-dessus de la moralité et de la vérité. » Pour James Comey, « ce président est immoral, détaché de la vérité et des valeurs institutionnelles ». « Son leadership est transactionnel, axé sur l’ego et sur la loyauté personnelle », insiste-t-il.
Les Mémoires de James Comey, intitulés « A Higher Loyalty: Truth, Lies, and Leadership », retracent ses vingt ans de carrière comme procureur à New York, puis comme ministre adjoint de la Justice dans le gouvernement de George W. Bush, et chef du FBI entre 2013 et 2017. À la Maison-Blanche comme chez les responsables républicains, le livre a fait naître des craintes sur les dégâts qu’il pourrait infliger à une présidence Trump déjà affectée par des rumeurs, limogeages et démissions. Le Parti républicain a d’ores et déjà mis en ligne un site intitulé « Lyin’ Comey » (« Comey le menteur), où l’on peut notamment voir défiler une série de citations de personnalités politiques, désobligeantes pour l’ex-patron du FBI.
Le livre, qui sort le 17 avril, s’est un temps hissé en tête du classement des préventes d’Amazon, grandement aidé par les messages vengeurs sur Twitter de Donald Trump qui l’avait limogé en mai 2017. Lors d’une audition extraordinaire au Sénat, James Comey avait révélé les pressions venues de la Maison-Blanche, le fait que le président ait exigé sa « loyauté » et qu’il lui ait demandé d’abandonner un volet de l’enquête portant sur le général Michael Flynn, son conseiller à la sécurité nationale, forcé à la démission.
Le Point
Source : AFP