Une honte ! Encore un général incompétent qui n’hésite pas à aller se soigner dans les meilleurs hôpitaux suisses aux frais du trésor public algérien, pendant que ses concitoyens se meurent dans des hôpitaux mouroirs…
Covid-19 – Abdelhamid Ghriss souhaitait prolonger son séjour à Genève après une opération. Il a été prié de rentrer à Alger.
Un haut gradé de l’armée algérienne qui était hospitalisé à l’Hôpital cantonal de Genève (HUG) a été contraint de plier bagage et de libérer son lit pour soulager le personnel médical, confronté à une surcharge de travail à cause de l’épidémie de Covid-19. L’établissement hospitalier qui avait accueilli l’ancien président Abdelaziz Bouteflika en mars 2019 prodigue aussi des soins à d’autres personnalités algériennes. Parmi elles, le général major Abdelhamid Ghriss, secrétaire général du Ministère de la défense nationale depuis septembre 2018. Il est l’un des hommes clés de l’appareil militaire algérien. Un personnage incontournable, qui a notamment la haute main sur les contrats d’armement.
Il y a une dizaine de jours, ce cacique du régime est arrivé à Genève à bord d’un appareil de la flotte du Groupe de liaisons aériennes ministériel (Glam) algérien. Une escorte discrète l’a emmené aux HUG, en cardiologie, pour y subir une intervention. À l’issue de celle-ci, Abdelhamid Ghriss aurait fait part de son souhait de pouvoir rester sur place un peu plus longtemps que prévu au prétexte que la fermeture des liaisons aériennes entre l’Europe et l’Algérie pourrait l’empêcher de venir faire ses visites de suivi postopératoire. Un long séjour au lieu du court séjour prévu initialement. Une demande immédiatement rejetée par l’Hôpital, alors en quête de lits et de personnel pour traiter les victimes locales du Covid-19. Abdelhamid Ghriss a dû être rapatrié vers l’hôpital militaire d’Ain Naadja. Un nouveau rendez-vous lui a été prescrit à Genève pour le mois de juin prochain.
Les personnalités politiques étrangères habituellement prises en charge par les HUG y trouvent-elles portes closes en ce moment ? « En l’état, nous n’accueillons que les urgences vitales et les patients Covid-19 », répond par courriel le service de presse de l’hôpital. Le site d’information Algérie Part, qui a rapporté l’affaire, affirme que ce refus de prolonger le séjour du militaire aurait provoqué des tensions entre Berne et Alger. À son retour, très fâché, en guise de représailles, le général algérien aurait tout fait pour ralentir le rapatriement des ressortissants suisses bloqués à Alger à cause du Covid-19. C’est du moins ce qu’affirme le journaliste algérien Abdou Semmar, qui dirige Algérie Part. Les péripéties hospitalières du haut gradé algérien auraient été, selon lui, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, les militaires n’ayant toujours pas digéré les poursuites lancées en Suisse dans le passé contre le général Khaled Nezzar, l’ancien ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée, pour crime de guerre. Plus récemment, toujours selon Abdou Semmar, ce seraient les poursuites engagées par le pouvoir algérien à l’encontre de la famille Kouninef, domiciliée en Suisse, qui auraient été sources de tensions, la justice helvétique demandant un accès au dossier judiciaire comme préalable à la mise en œuvre de l’entraide judiciaire.
Le renvoi d’Abdelhamid Ghriss a-t-il été à l’origine d’un couac diplomatique? La thèse est démentie. « Ce dimanche 29 mars, par exemple, un vol de retour pour des voyageurs suisses bloqués à l’étranger à cause du coronavirus a pu se réaliser grâce à la collaboration exemplaire des autorités algériennes », répond une porte-parole du DFAE. Et d’ajouter : « Les consultations politiques entre les deux pays sont régulières. Le dernier round a eu lieu au mois de novembre de l’année passée. » Sous couvert d’anonymat, un diplomate algérien confirme que la coopération entre la Suisse et l’Algérie, notamment dans la gestion des ressortissants suisses, n’a pas eu à souffrir de cet épisode.
Photo d’illustration : le général Abdelhamid Ghriss. Image : DR
Tribune de Genève
1er avril 2020