Il est vrai que ce genre de révélations ne choque plus. Ce sont des vétilles qui font pâle figure à côté des grosses affaires étalées au grand jour et qui ne scandalisent plus personne, tant elles sont passées dans les mœurs. L’affaire de la banque Khalifa, à elle seule, est révélatrice des usages en cours en Algérie. Le patron de la banque vient d’être condamné (aujourd’hui-même) à 18 ans de prison, en attendant une amnistie générale, alors que tous les gros pontes du régime, largement impliqués dans ce scandale, sont épargnés. Ce deuxième procès, faisant suite au premier tenu en 2007, a été une véritable mascarade. Aucun ministre ne s’est présenté à la barre, alors que leur incrimination est avérée.
Actualisé à 13h30, avec cette précision de Nacer Mehal, ancien ministre de la Communication et ex-DG de l’APS : « Je ne pensais pas que les câbles diplomatiques aient pu à ce point s’intéresser à des palinodies de ce niveau. Mais pour la bonne information de vos lecteurs, je réfute totalement ce type d’assertions. J’ai toujours utilisé, vers Djeddah, la compagnie nationale Air Algérie et le seul voyage effectué avec la Saudia Airlines était un vol affrété par Air Algérie et mes billets pris et payés par moi-même à l’agence AH des Pins Maritimes. Les preuves sont là. Cette précision faite, je ne m’interdis pas de louer l’hospitalité de mes amis et frères saoudiens. Ce « WikiLeaks » fera donc pschitt… Confraternellement ».
Depuis vendredi, WikiLeaks met en ligne des milliers de câbles et de documents du ministère saoudien des Affaires étrangères et de l’ambassade du Royaume à Alger.
Parmi les notes envoyées ou reçues par l’ambassade de l’Arabie Saoudite à Alger figure le rejet, par le ministère saoudien des Affaires étrangères, d’une demande d’un ancien ministre algérien d’effectuer la Omra avec sa famille.
« Le ministère de la Culture et de la Communication a reçu une demande de M. Mustapha Cherif, ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique en Algérie où il exprimait son souhait d’effectuer une Omra avec sa famille durant le mois du Ramadan », écrit le ministère saoudien qui rappelle ensuite à l’ambassade l’une des règles exigées par le ministère de la Culture et de la communication pour l’acceptation de ce genre de demandes.
« Un intellectuel ou un journaliste » ayant déjà bénéficié d’un voyage ne peut prétendre à un deuxième voyage qu’après l’expiration d’un délai de cinq ans. « M. Mustapha Cherif a déjà été invité pour El Hadj en 1431 de l’hégire (2010, NDLR). Il a effectué durant cette période une Omra et a visité Médine. On s’excuse de ne pas pouvoir donner suite à sa demande », conclut le ministère.
Nacer Mehel préfère la compagnie saoudienne
Dans ces câbles saoudiens, on retrouve également un courrier envoyé par l’ambassade de l’Arabie Saoudite à Alger portant la désignation de l’ancien ministre de la Communication pour un voyage en Arabie Saoudite. Nacer Mehel était alors à la tête de l’APS. Il a été présenté comme l’une « des personnalités les plus actives sur la scène médiatique en Algérie ».
Dans son courrier envoyé à Riyad, l’ambassade saoudienne a précisé que le concerné avait émis le souhait d’effectuer le voyage avec sa femme à bord de la compagnie aérienne saoudienne sur un vol Alger-Djedda-Alger. Mais cette demande a été rejetée par le ministère des Affaires étrangères. Motif : le ministère de la Culture saoudien avait déjà choisi Abdelaziz Benhamed Necib, journaliste et pédagogue. Le ministère saoudien a rappelé aussi à son ambassade que l’invitation d’un candidat algérien « ne lui ouvre pas le droit à un billet d’avion », « ni d’être accompagné par sa femme ».
Vendredi, WikiLeaks avait annoncé la publication de 6 000 documents présentés comme des communications confidentielles saoudiennes. Le ministère des Affaires étrangères saoudien a mis en garde contre des faux, sans toutefois contester l’authenticité de l’ensemble des documents dont il est impossible de vérifier de source indépendante.