Leur silence assourdissant est la preuve de leur complicité. L’Organisation de la coopération islamique (OCI) prévoit de se réunir mais pas avant le 1er août prochain en Turquie, c’est à dire après la fin des événements. Pourquoi pas en 2018 ! L’histoire s’en souviendra, la mémoire des hommes le retiendra.
Faut-il pleurer sur les Palestiniens ? Un peuple qui se meurt dans l’indifférence outrageuse des dirigeants dudit « Monde arabe » !
Durant plus de dix jours, l’armée d’occupation israélienne assassinait au quotidien des adolescents et adolescentes palestiniens [la majorité d’entre eux ne dépassait pas la vingtaine d’années] faisant réagir ladite « communauté internationale », l’ONU, le Quartet pour le Proche-Orient.
Même le président Trump a envoyé son représentant spécial pour le Proche-Orient dans la région. Bref, le monde entier s’inquiétait du sort des Palestiniens. Ces réactions, fussent-elles opportunistes, existaient néanmoins.
Mais les Arabes ? Où étaient donc les Arabes, dont le mutisme n’avait d’égal que leur veulerie ?
Il ne fait pas de doute que des préoccupations plus importantes que ce qu’il advenait aux Palestiniens les retenaient. Les Palestiniens? Ils meurent depuis 70 ans, ils peuvent continuer à mourir, les Arabes s’occuperont, après coup, à leur rendre hommage.
Non ! Soyons sérieux ! Voilà que dimanche, se réveillant en sursaut, la Ligue arabe, annonce pour jeudi (aujourd’hui) une réunion « urgente » – quelle diligence ! – sur les agressions israéliennes contre la mosquée Al-Aqsa à El-Qods occupée. Cela au moment où Israël [sous la pression de l’ONU et de la communauté internationale] a retiré (mardi) le corps du délit « les détecteurs de métaux » qui ont déclenché la colère des Palestiniens. Le secrétaire général de la Ligue arabe, l’Égyptien Ahmed Aboul Gheit, en décalage par rapport aux événements, avertit que les autorités israéliennes « jouent avec le feu » dénonçant « l’aventurisme » du gouvernement israélien.
On en tremble encore à Tel-Aviv ! Emboîtant le pas à la Ligue arabe, avec l’« impératif » de sauver la Palestine, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) prévoit de se réunir le… 1er août prochain à Istanbul en Turquie. Grandiloquente, l’OCI prévient de son côté : « Porter atteinte à la mosquée Al-Aqsa d’une quelconque manière et quel que soit le prétexte aura des conséquences très graves et conduira à l’instabilité dans la région », et de préciser : « La question de la mosquée Al-Aqsa est une ligne rouge qui ne se prête à aucune complaisance ou indulgence.»
Voyons ! Malheureusement le grotesque ne tue pas comme le font les balles israéliennes qui assassinent les Palestiniens.
Cela fait des décennies que les Arabes (et bien sûr les musulmans) brandissaient « Seif el-Hadjadj » sur la tête de l’État hébreu, sans aller au-delà d’une menace qui ne coûte rien. Il ferait beau voir, en effet, les Arabes (en fait les monarques et dictateurs arabes) passer à l’action pour rétablir les Palestiniens dans leurs droits. Ils sont trop redevables – pour se maintenir à leurs postes – à ceux-là même qui protègent l’entité sioniste au Conseil de sécurité. Les monarchies du Golfe, en particulier, qui ont été capables de détruire la Syrie par rébellion et terroristes interposés – au plus grand bénéfice d’Israël par la neutralisation du seul État arabe qui, lui, résiste au Moyen-Orient – ne lèveront certes pas le petit doigt en faveur des Palestiniens.
Cela se serait su et surtout vu ! Cela fait dix ans que les Ghazaouis et la bande de Ghaza souffrent du blocus hermétique que leur impose Israël, le monde entier s’en est ému. Seuls les Arabes – encore une fois – manquaient à l’appel. Toutefois, lorsqu’il s’agit de s’entre-tuer, ou faire valoir une suprématie de pacotille, ils sont capables de toutes les bravades. L’Arabie saoudite – rameutant le ban et l’arrière ban arabe et musulman – a constitué une « coalition » de 34 pays arabes et musulmans pour combattre (depuis mars 2015)… les milices houthis. Ce sont les pauvres Yéménites – leur pays a été ravagé par plus de deux ans de guerre – qui meurent sous les bombes du Royaume wahhabite et ses alliés arabes et musulmans. On pouvait présumer – à tort certes – que cette « coalition » dite arabe si « combative » se retournerait contre Israël pour protéger les Palestiniens.
Ce n’est là qu’un mirage !
Il est patent que ni la Ligue arabe qui se réunit donc aujourd’hui, ni l’OCI (le 1er août) ne songent à un tel programme, il n’est pas prévu dans leur cahier des charges. Ni même celui d’intercéder entre Arabes lorsqu’ils s’engagent dans des règlements de comptes. Faut-il s’étonner de ce fait ? Au moment où des organisations internationales et des États tentent une médiation dans la crise du Golfe, la Ligue arabe et l’OCI – respectivement sous la tutelle de l’Égypte et de l’Arabie saoudite – s’enferment dans un silence de mauvais aloi.
En fait, soumises aux deux leaders « autoproclamés » des Mondes arabes et musulmans – l’Égypte et l’Arabie saoudite – la Ligue arabe et l’OCI n’ont pas la capacité d’apporter ce plus attendu, ne serait-ce que pour justifier leur existence. Leur inutilité a encore été démontrée de façon éclatante à l’aune de la crise du Golfe et de l’énième agression d’Israël contre le peuple palestinien.
Karim Mohsen – L’Expression [Algérie]