Là, pour le coup, il n’est pas question encore une fois d’une association de musulmans de France pratiquant la takia au profit de je ne sais quelle organisation islamiste mondiale, il est question d’un collectif de catholiques qui comprend parfaitement à quel point l’État de droit est piétiné quotidiennement en France notamment avec cette mascarade plus politico-médiatique que juridique ! La pire menace pour une nation, pour un peuple, c’est bien l’effondrement de l’État de droit, car c’est le début du règne du chaos. On peut estimer que ça ne nous concerne pas car pour le moment il est question de harceler les musulmans sauf que demain ce sera le cas pour n’importe qui d’autre, notamment avec les restrictions climatiques qui vont s’abattre sur les Français sans aucun débat démocratique…
Jésus ne cesse, dans les Évangiles, de dénoncer les hypocrites : ils se targuent haut et fort de respecter mieux que quiconque la Loi, mais en foulent en réalité l’esprit, c’est-à-dire « la justice, la miséricorde et la fidélité ».
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, et qu’au-dedans ils sont pleins de rapine et d’intempérance. » (Matthieu 23, 25). L’hypocrite non seulement ne respecte pas l’esprit des principes, mais plus encore les distord et les affaiblit.
Comment, lorsqu’on assiste aux gesticulations estivales du ministre de l’intérieur, présentées comme des actions décisives contre l’islamisme, l’antisémitisme et la misogynie, ne pas penser à ces figures du mal social et politique que sont les hypocrites ?
Nous sommes un groupe de catholiques qui croient en la puissance libératrice de l’Évangile au niveau individuel mais aussi collectif, et parlons ici en tant que membres d’une tradition dramatiquement traversée par l’antisémitisme et le patriarcat. C’est depuis cette tradition, qui a tâché depuis un demi-siècle de combattre ces deux maux, que nous mesurons combien il est difficile et déterminant de se remettre en cause sérieusement lorsqu’on a été historiquement dominant, et que l’on s’est identifié à l’idée même de civilisation.
Or, l’expulsion d’Hassan Iquioussen, annoncée par un tweet du ministre de l’intérieur fin juillet au nom de la lutte contre « un discours haineux à l’encontre des valeurs de la France », a toutes les caractéristiques d’une action hypocrite.
Des droits en tant qu’étranger
D’une part, elle méconnaît plusieurs principes structurants de notre État de droit : le droit, pour tout individu, au respect de sa vie privée et familiale, et le principe de séparation des pouvoirs.
D’autre part, elle s’inscrit dans une rhétorique et une politique racistes, visant les musulmans, qui ne sont nullement en mesure – mais le veut-elle vraiment ? – d’apaiser les divisions qui traversent aujourd’hui la société française.
Hassan Iquioussen, quelque déplaisant qu’il soit – et, par les propos qu’il diffuse, il l’est fortement à nos yeux –, a des droits qui lui sont reconnus en tant qu’étranger, et en particulier en tant qu’étranger résidant depuis plus de vingt ans en France.
Il a ainsi droit, au titre de l’article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, qui se trouve au sommet de notre hiérarchie des normes, au respect de sa vie privée et familiale. L’expulsion, pour être juridiquement régulière, doit être motivée par une atteinte à l’ordre public si grave qu’elle puisse justifier de porter atteinte à l’intégrité d’une cellule familiale…