Il n’y a pas une seule institution sportive sans scandale catastrophique : la Fédération française de football, ses histoires de pédocriminalité et d’agressions sexuelles, le harcèlement des travailleurs au niveau de la Fédération française de tennis, un nombre incalculable d’agressions sexuelles dans le patinage artistique… Aujourd’hui, on apprend que le Comité olympique français a été dirigé de longues années par un monsieur qui a fait exploser ses frais de bouche ! Décidément, les dirigeants français ont un très gros problème avec l’argent et se servent de l’argent public avec une facilité déconcertante.
De plus, ce qui est encore plus choquant, c’est le fait de voir tous ces escrocs et ces vauriens se gaver d’argent public facile tout en demandant à des dizaines de milliers de bénévoles (45.000) de travailler gratuitement afin de faire tourner la boutique ! Pourtant les places sont vendues à des prix parfois exorbitants pouvant atteindre 950€ (la moyenne du prix des places tourne autour des 600€) ! La seule vente des droits de télévision rapporte au CIO 3 milliards d’euros, sans oublier le prix des billets, puis les sponsors. De fait, on aimerait bien savoir pourquoi tous ces bénévoles ?
On savait le volcan réveillé depuis un moment, mais la violence de l’éruption qui secoue le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) ne manque pas d’étonner.
Jeudi 25 mai, l’instance doit tenir son assemblée générale, à la Maison du sport français, dans le 13e arrondissement de Paris. Pour tenter de sortir d’une crise de gouvernance qui dure depuis de longs mois, certains membres du CNOSF préconisent d’y organiser un vote de confiance – qui n’est pourtant pas prévu par les statuts – sur l’action de la présidente, Brigitte Henriques, élue en juin 2021.
À quatorze mois des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, il y a urgence à apaiser l’atmosphère au comité. Mercredi 17 mai, la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, a estimé que « le mouvement sportif ne peut en aucun cas se permettre de telles divisions (…) devant le monde entier ». « Cette maison doit revenir en ordre avec l’ensemble des parties prenantes », a insisté la ministre.
Les « parties prenantes » sont nombreuses au CNOSF, mais plus l’instance s’enfonce dans la crise, plus il apparaît évident que le fond du problème est la lutte acharnée à laquelle se livrent Denis Masseglia, 75 ans, président du CNOSF de 2009 à 2021, et sa successeure, Mme Henriques, 52 ans, qui fut précédemment vice-présidente de la Fédération française de football (FFF) et du CNOSF.
Nouveaux éléments troublants
Dans ce contexte incendiaire, Le Monde a pris connaissance de nouveaux éléments troublants. Selon nos informations, M. Masseglia a vainement proposé, dans un courriel que nous avons consulté, en janvier 2022, à Mme Henriques un montage financier destiné à dissimuler, notamment à la Cour des comptes, le montant global des frais qu’il comptait se faire rembourser en tant que président honoraire et ambassadeur du CNOSF.
Photo d’illustration : Denis Masseglia, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le 14 avril 2021.
Rémi Dupré et Gabriel Richalot
21 mai 2023