En ce vingt et unième jour de Ramadan, la vallée du M’Zab a connu une agitation extrême avec des affrontements particulièrement sanglants entre les deux communautés mozabite et châambie, toutes deux de confession musulmane. Le bilan macabre est de plus de 22 morts et une centaine de blessés au moins. Ce conflit dure pourtant depuis quelques années déjà, mais les autorités se sont montrées peu enclines à le prendre au sérieux. Il aura fallu ce bain de sang pour que le « président », sénile, valétudinaire et quasi impotent, convoque en urgence une réunion restreinte pour décider d’impliquer l’armée avec pour mission le rétablissement de l’ordre. Un choix peu judicieux, la mission de l’armée n’étant pas le rétablissement de l’ordre civil en temps de paix. Cette décision stupide est certainement le fruit de l' »alacrité » rapportée par Hollande lors de sa récente visite éclair à Alger. La leçon de la décennie rouge n’a pas été retenue, malgré les innombrables dépassements relevés à l’époque. La solution à cette fitna ne peut être trouvée que dans le traitement des causes qui en sont à l’origine.
Après avoir laissé la situation pourrir durant plusieurs mois à Ghardaïa, le pouvoir s’est enfin réveillé. Après une journée particulièrement meurtrière – une vingtaine de morts et plusieurs dizaines de blessés -, le président Bouteflika a convoqué une réunion d’urgence pour annoncer une série de mesures. La première concerne l’aspect sécuritaire du problème. Le chef de l’État a chargé le commandant de la 4e région militaire de « superviser l’action des services de sécurité et des autorités locales concernées pour le rétablissement et la préservation de l’ordre public à travers la wilaya de Ghardaïa ». L’armée, à travers cette instruction, sera inutilement exposée. À la fois sur le plan symbolique et opérationnel. Symboliquement, le rôle de l’armée nationale est de combattre les ennemis de l’Algérie. Or, hormis le terrorisme, l’Algérie n’a pas d’ennemi intérieur. À Ghardaïa, les deux protagonistes ne sont pas des ennemis. Ils n’arrivent plus à vivre ensemble et ce n’est pas en envoyant des militaires patrouiller dans les rues de la ville que ce problème sera résolu. Il faudrait chercher d’autres solutions, en discutant avec les vrais acteurs locaux et non avec de faux notables qui n’exercent plus aucune influence sur les populations locales. Ensuite, d’un point de vue opérationnel, l’armée n’est pas le corps de sécurité le mieux adapté à cette situation. Une armée sait faire la guerre, conquérir ou défendre un territoire. Dans le cas de l’armée algérienne, c’est surtout la seconde mission qui prime. Mais les militaires ne savent pas faire du maintien de l’ordre. Même les armées modernes ne savent pas le faire. Une fois un territoire conquis ou libéré, ce sont d’autres structures, comme la police et la gendarmerie, qui prennent le relais pour gérer cet aspect. À Ghardaïa, la police et la gendarmerie doivent retrouver leurs missions et travailler en toute autonomie, loin des ordres des militaires, mais sous l’autorité de la justice. Une justice, elle-même renforcée. La décision du président Bouteflika va exposer inutilement notre armée et affaiblir les autres institutions que sont la police, la gendarmerie et la justice.
TSA Algérie