Il n’y a plus ni droite ni gauche, il n’y a plus ni fasciste ni communiste, il n’y a plus ni musulman ni chrétien, il n’y a plus ni athéiste ni religioniste, il n’y a plus ni royaliste ni républicain, il n’y a plus ni monarchiste ni démocrate, il n’y a plus ni libéral ni socialiste. Oubliez ces vieux clivages qui n’ont plus aucune validité aujourd’hui. Il n’y a qu’un seul clivage actuellement parmi l’humanité, celui qui sépare les égarés et ceux qui ne le sont pas. Les égarés sont évidemment persuadés qu’ils ne sont pas égarés, parce qu’ils savent profiter de la vie un maximum, preuve incontestable selon eux de leur non-égarement, et il s’agit ici bien évidemment de la vie charnelle, sensible, matérielle, car pour eux il n’y a pas d’autre vie que la vie charnelle, et qu’après la mort il n’y a rien. Les égarés trouvent évidemment que la vie est trop courte, et ils s’intéressent donc follement au transhumanisme, qui ambitionne d’accomplir l’immortalité charnelle scientifiquement, c’est-à-dire d’abolir la mort.
Mais les égarés ne comprennent pas que la sensation charnelle est déterminée par la nature périssable de la chair, toute sensation charnelle est de toutes façons périssable ; il n’y a cette sensation que parce qu’il y a périssabilité. Cette sensation ne peut donc pas être éternelle, car si elle l’était il n’y aurait plus sensation. Mais les égarés voudraient malgré tout la rendre éternelle. C’est en cela qu’ils sont égarés. Ils ne veulent pas admettre que le lieu du charnel n’est pas le lieu de l’éternité, tout leur égarement est là. Il voudrait concilier le charnel et l’éternité, par la science ; ils ne voient aucune antinomie entre le charnel et l’éternité, et traitent ceux qui en voient une de superstitieux, d’égarés… ! Cette antinomie est pourtant bien connue des philosophes depuis Platon, mais les égarés tiennent Platon pour un égaré. Ils considèrent que s’il y a une éternité, elle ne peut être que sensible, charnelle, matérielle.
Ceux qui ne sont pas égarés considèrent, eux, qu’il n’y a d’éternité qu’au-delà du charnel, qu’il n’y a de vie, de vie véritable qu’au-delà de la vie charnelle, qui n’en est qu’un simulacre grossier. Et que cette vie véritable est éternelle et qu’elle soutient toute vie si dérisoire soit-elle. Et que sans cette vie éternelle, source de toutes joies, de toutes vies, il n’y aurait plus de vie du tout. Pour ceux qui ne sont pas égarés, « profiter un maximum de la vie » c’est se rapprocher un maximum de cette vie éternelle. Les égarés ne peuvent pas convaincre les non-égarés et n’ont de cesse de leur imposer leur égarement comme modèle de progrès humain car ils voient dans les non-égarés une menace pour leur « liberté » ; et inversement, les non-égarés ne peuvent convaincre les égarés, en prennent leur distance et ne progressent que vers la vie véritable. Les égarés demandent une preuve charnelle qu’il y a une vie non-charnelle. Mais si un non-égaré changeait l’eau en vin ou multipliait des pains devant des égarés, ces derniers ne croiraient pourtant pas au miracle et chercheraient une explication rationnelle en faisant une analyse chimique de ce vin ou de ces pains. Si un non-égaré ressuscitait un mort devant des égarés, ceux-ci n’en affirmeraient pas moins que le mort n’était pas vraiment mort mais seulement dans le coma, et qu’il s’est réveillé par hasard à ce moment précis. Et si un non-égaré rendait la vie à un aveugle devant des égarés par seule imposition des mains, ceux-ci réfuteraient encore le miracle et analyseraient chimiquement les yeux de l’ex-aveugle. Si enfin, un archange se manifestait devant des égarés dans toute sa miraculeuse splendeur, ceux-ci essaieraient d’analyser avec tout un appareillage électronique ce rayonnement lumineux particulier… Bref, les égarés veulent rester égarés, ils sont attachés à leur égarement, qu’ils nomment : « liberté ». Ils continueront donc de s’égarer dans leur égarement jusqu’à leur mort, en essayant de retarder celle-ci au maximum, d’en conjurer l’échéance jusqu’au bout, de l’oublier par l’ivresse des sens, l’avidité du spectacle et le divertissement scientifique.
Les égarés et les non-égarés sont irréconciliables. Les premiers sont voués à la perdition, les seconds au salut. Les égarés ont tenté de bâtir ici-bas une matrice pour épanouir leur égarement, une matrice de simulacres, où ils s’entre-déchirent, s’entre-dévorent et s’entretuent au nom de la libre concurrence, mais cette matrice ne peut que s’effondrer, et elle s’effondre déjà. Sans cette matrice, les égarés sont perdus. Ne restera donc sur Terre que les non-égarés, qui n’avaient pas besoin de cette matrice, qui en souffraient même. Les non-égarés ne vivent que pour et par la lumière du cœur, lumière dont se moquent éperdument les égarés. Les non-égarés savent que cette lumière finira par triompher sur Terre parmi les hommes, envers et contre la fureur désespérée des égarés. Cette lumière ne peut pas être sabotée comme une conduite de gaz… ce qui rend fous de rage les égarés, car cette lumière les démasque inexorablement.
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