Cela fait maintenant des années qu’on vous le dit, que le parti des Le Pen qui est en réalité une entreprise familiale, fonctionne exactement de la même manière que les autres partis politiques avec les mêmes scandales financiers. Quand ils se font surprendre la main dans le sac, ils vont là encore utiliser les mêmes techniques de défense, c’est-à-dire crier au complot politique.
Il est assez triste que les gens puissent tomber dans ce piège grossier en pensant que le Front National, même sous sa nouvelle appellation, est une solution pour la France et qu’il représente le seul moyen de la sauver de la ruine et du chaos dans lequel les élites l’ont plongée.
Le parquet de Paris a demandé le renvoi en procès de proches de Marine Le Pen et du micro-parti Jeanne dans l’affaire du financement des campagnes électorales de 2014 et 2015.
Le Front national – rebaptisé depuis Rassemblement national – est déjà mis en cause pour des soupçons d’enrichissement frauduleux similaires concernant les campagnes de 2012.
Cette fois, il ne s’agit pas de l’affaire des assistants européens du FN, marquée ces derniers mois par plusieurs mises en examen. Le parti de Marine Le Pen, désormais appelé Rassemblement national (RN), va peut-être connaître de nouveaux ennuis judiciaires avec l’autre grand dossier qui le menace, celui du financement de ses campagnes électorales. Le parquet de Paris a en effet requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de proches de la dirigeante, a appris mardi l’AFP de source judiciaire. Il s’agit du volet concernant les élections municipales et européennes de 2014 ainsi que les départementales de 2015.
Ces personnes sont :
- Jean-François Jalkh, député européen et ancien vice-président du parti, dont le renvoi en procès est demandé par le ministère public pour escroqueries et tentatives d’escroqueries.
- Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen et longtemps prestataire principal de la communication électorale frontiste via sa société Riwal, pour abus de biens sociaux.
- L’association Jeanne, ce micro-parti associé au mouvement d’extrême droite, pour escroqueries et tentatives d’escroqueries et recel d’abus de biens sociaux. Elle a à sa tête un autre proche de Marine Le Pen, Axel Loustau, ex-associé de Frédéric Chatillon chez Riwal, et comme secrétaire général Jean-François Jalkh.
Des soupçons de financement déguisé
Pour ce qui est de ces campagnes, les juges d’instruction soupçonnent en fait la société Riwal de Frédéric Chatillon d’avoir accordé un crédit au FN via le micro-parti Jeanne, selon une source proche de l’enquête. Ce qui est interdit : les sociétés commerciales n’ont pas le droit de contribuer au financement des partis politiques. L’ex-dirigeant du GUD, syndicat étudiant d’extrême droite, avait ainsi été mis en examen le 15 février 2017, au moment de la dernière campagne présidentielle.
Cette partie de l’enquête sur les scrutins de 2014 et 2015 complète un premier volet portant sur la présidentielle et les législatives de 2012, portant sur des soupçons d’escroquerie – via des kits de campagne surfacturés fournis par Riwal – au préjudice de l’Etat, qui rembourse les frais des candidats aux législatives ayant remporté plus de 5% des suffrages. Un dossier dans lequel sont également mis en cause Frédéric Chatillon, Jean-François Jalkh mais aussi Axel Loustau, le trésorier du RN/FN Wallerand de Saint-Just et, en tant que personnes morales, le Front national, Riwal et Jeanne.
Marine Le Pen est quant à elle ressortie de son audition chez les juges comme témoin assistée (elle est en revanche mise en examen dans l’autre affaire, celle des assistants du Parlement européen). La tenue du procès concernant ces campagnes de 2012 est pour l’heure suspendue à une décision de la Cour de cassation, saisie par le parti qui conteste son renvoi.
La rentrée de Marine Le Pen plombée par les affaires et les difficultés financières
Ces derniers développements judiciaires tombent en pleine rentrée politique de Marine Le Pen, qui rassemble les cadres de son parti à Fréjus (Var) ce week-end, et alors que le RN est en proie à de grandes difficultés financières. Très endetté, le mouvement tourne au ralenti depuis le début de l’été et la saisie par les juges en juillet de 2 millions d’euros de subvention publique, dans le cadre de l’affaire des assistants européens. Le parti y est ici soupçonné d’avoir mis en place un “système” pour faire rémunérer des permanents avec les fonds européens réservés à l’embauche de collaborateurs parlementaires. L’enquête cible 17 députés et une quarantaine d’assistants, pour un préjudice évalué par le Parlement de Strasbourg à 6,8 millions d’euros, entre 2009 et 2017.
Le RN, qui a formé un recours contre cette décision, saura le 26 septembre si la justice confirme ou non le gel de ces fonds. En attendant, il a interrompu la prise en charge du tiers du montant du loyer des permanences, comme elle le faisait depuis 2012, ce qui a obligé le quart d’entre elles à fermer. Et « si [la décision du 26] est négative, nous risquons la mort du […]
Arnaud Focraud – Le Journal du Dimanche [JDD]