Voici encore une fois la démonstration qu’il n’y a plus d’État de droit en France avec la censure de cette librairie par Gérald Darmanin qui vient de se faire condamner et pourtant il n’y aura aucune sanction pour cette décision arbitraire de censure inacceptable dans un pays démocratique. Il faudrait au minimum condamner sévèrement le ministre de l’Intérieur, mais également les agents qui se sont rendus coupables et qui se sont ridiculisés à recouvrir la vitrine de la librairie avec un drap noir le 9 décembre dernier ! Tant qu’il n’y aura pas des sanctions sévères contre le pouvoir et ses laquais, ils pourront continuer de plus belle afin de terroriser la population et de tenter de la décourager.
Une chose est certaine, contrairement au discours de la macronie qui consiste à défendre la liberté d’expression et jouer les ambassadeurs mondiaux des Lumières et de la liberté de penser, la réalité sur le terrain et à l’opposé du discours
L’action policière avait fait scandale, elle est désormais jugée illégale.
Par des ordonnances rendues lundi 26 juin, que Libération a pu consulter, le tribunal administratif de Nice a condamné l’État pour atteinte à la liberté d’expression après qu’une librairie de la ville a vu sa devanture recouverte d’un large drap noir par des agents à l’occasion d’un déplacement de Gérald Darmanin. Le ministre de l’Intérieur visitait le 9 décembre le nouvel hôtel de police niçois, en face duquel se situe la librairie les Parleuses.
Pour l’occasion, ses tenancières avaient exhibé en vitrine plusieurs collages féministes tels que « Qui sème l’impunité récolte la colère », « Victimes, on vous croit. Violeurs, on vous voit ». Ou encore « Sophie, on te croit », en référence à Sophie Patterson-Spatz, qui accuse depuis 2017 Gérald Darmanin de viol et s’est pourvue en cassation en janvier dans cette affaire. Mais le ministre n’avait rien vu de cela : la police avait tout recouvert d’un drap… et les libraires…
Photo d’illustration : Devanture de la librairie les Parleuses à Nice, dissimulée derrière un voile noir le temps de la visite du ministre, le 9 décembre. (Photo/DR)
Mathilde Frénois*, Louis Moulin et Anne Diatkine
27 juin 2023
*Correspondante à Nice,