La justice a estimé que l’information sur la sexualité de Monsieur Briois – homosexuel en l’occurrence – était importante du point de vue de son utilité publique car le peuple doit être informé d’autant que ça peut largement influencer des choix politiques majeurs comme la loi sur le mariage pour tous et l’absence de soutien manifeste du FN pour la manif pour tous (LMPT). Pierre Bergé, au moins, ainsi que ses alliés, ne s’en cachent pas et assument tout, ce qui n’est pas le cas du lobby gay du Front National !
Steeve Briois poursuivait un blogueur après la révélation de son homosexualité dans un livre. Il a été débouté.
Ce jugement tranche avec la condamnation de Closer, quand le magazine people avait révélé que Florian Philippot partageait la vie d’un homme. Octave Nitkowski 2, Steeve Briois 0. Le maire Front national d’Hénin-Beaumont a de nouveau perdu le procès qui l’opposait au blogueur politique, comme le révélait mercredi 8 juillet le Huffington Post, siteoù Octave Nitkowski tient un blog. Steeve Briois se retrouve condamné à verser 2500 euros de frais d’avocat au blogueur, par ailleurs étudiant à Sciences Po.
Mercredi 8 juillet, le TGI a encore une fois donné raison à Octave Nitkowski – où plutôt à ses parents, contre qui la plainte avait été déposée, le blogueur étant encore mineur à l’époque des faits – en déboutant Steeve Briois.
“Un sujet d’intérêt général”
Sur quelle base la justice peut-elle donc condamner Closer, quand le magazine people dévoile l’homosexualité de Florian Philippot, et protéger Octave Nitkowski, quand ce dernier “oute” Steeve Briois? “On peut en effet s’étonner qu’il existe cette dissonance entre les deux affaires”, note David Dassa-Le Deist, l’avocat de Steeve Briois. Contacté par L’Express, il explique s’être référé à l’affaire Philippot lors de sa plaidoirie pour demander la condamnation du jeune blogueur, même s’il reconnaît des différences entre les deux affaires.
Pour trancher, les juges se sont demandé si l’information apportait, ou non, au débat d’intérêt général. Lors de leur premier jugement en décembre 2013, la justice avait en effet déjà considéré que les informations apportées sur l’homosexualité de Steeve Briois dans l’ouvrage de Nitkowski se justifiaient en raison du statut de Steeve Briois de “personnalité politique de premier plan”. “Le droit du public à être informé prime sur le droit au respect de ce pan de sa vie privée”, avaient écrit les juges. Cette décision, dans un pays où le respect de la vie privée est un droit strictement respecté, avait énormément surpris les observateurs.
En outre, le contexte politique de l’époque avait convaincu les juges que “l’évocation de l’homosexualité de M. Briois” constituait un élément “de nature à apporter une contribution à un débat d’intérêt général”. En effet, elle pouvait éclairer l’attitude ambiguë de Marine Le Pen lors des débats autour du mariage homosexuel en 2013. Octave Nitwkowski avait lui-même assuré avoir mentionné l’orientation sexuelle de Steeve Briois “pour étayer un propos politique, qui explique pourquoi Marine Le Pen est restée étrangement à la marge du débat sur le mariage pour tous”.
Closer “attise les commérages”
Cela n’était visiblement pas le cas de Closer. Si la rédaction du magazine people s’était défendue lors de son procès en se référant au cas d’Octave Nitkowski, et avait insisté sur l’importance de Florian Philippot sur l’échiquier politique, les juges avaient retenu plusieurs différences notoires entre ces deux affaires. Le vice-président du FN avait fait l’objet d’une surveillance, au téléobjectif, ce qui “participe à un phénomène de harcèlement”, selon le tribunal. Avait également été retenue “la place très importante accordée au sujet” dans le journal, avec “un haut de couverture et quatre pages intérieures”, alors qu’Octave Nitkowski n’accordait que quelques lignes au sujet dans un ouvrage de 200 pages. Le blogueur lui-même s’était indigné de ce parallèle, en dénonçant une simple volonté d'”attiser les commérages” de Closer, alors que son but à lui […]
Léo Mouren – L’Express