Les propos acerbes tenus à l’encontre de l’Algérie depuis Tunis, ne sont pas ceux d’un quelconque chef de parti. C’est l’ancien président de la république française qui a taclé l’Algérie et a émis des doutes sérieux sur son avenir politique et économique. Certes, si les officiels algériens n’ont pas vocation à répondre au délire d’un non-officiel, les chefs de partis politiques ont le devoir de s’exprimer et de recadrer ce criminel de guerre qui a semé la désolation en Libye et a apporté son soutien à son ami le dictateur Bénali jusqu’aux dernières heures de son règne. Souvenons-nous des propositions indécentes faites par MAM à son homologue tunisien. Rappelons aussi que son ami d’hier, Kadhafi, a été reçu en grande pompe et avec tous les honneurs au palais de l’Élysée et qu’il lui a même été permis de dresser sa Khaïma (tente bédouine) — suprême caprice — dans les jardins de l’hôtel Marigny. Évitons de parler ici du financement de sa campagne présidentielle par celui qu’il traite aujourd’hui de dictateur. Évitons aussi de parler de ses innombrables casseroles, des affaires comme celle dite des frégates de Taïwan. Quant à la défunte Union pour la Méditerranée, qui ne sait pas que le franco-hongrois est l’auteur de ce concept concocté avec la complicité de Bénali et de Moubarak, pour y accueillir l’entité sioniste et rejeter l’adhésion de la Turquie ? Le problème réside dans le fait que pour répondre d’égal à égal à cet être amoral — qualifié de voyou de la république –, il faut être clean, propre comme un sou neuf, ce qui est loin d’être le cas des politiques algériens empêtrés dans des affaires glauques de corruption et de détournements de deniers publics et qui ont tous élu domicile sur l’autre rive. Le chef du parti FLN au pouvoir — percussionniste de son état — ne peut s’en prendre à celui qui lui a délivré une carte de résidence VIP ! Il ne peut jouer au chevalier vaillant, lui qui a acheté au prix fort un appartement de haut standing dans le quartier chic de la capitale française et qui déclare lui-même que sa fille chérie se fait soigner à demeure à Paris, pendant que les hôpitaux algériens sont transformés en mouroirs. C’est encore cet adage kabyle qui me revient à l’esprit : « A vava Ouethnagh, Ammi A3qelnagh. » L’enfant qui se plaint à son père des attaques subies par la famille reçoit cette réponse. Oui, mon fils, on nous a découverts. » [sous-entendu, on a découvert nos faiblesses.] On ne peut s’attendre à une réaction virile et saine tant que l’Algérie est gouvernée par des prédateurs sans foi ni loi. Il est utile de rappeler ici le rôle complice de l’armée sans lequel ces zigotos ne tiendraient pas une seule seconde.
« Inconvenants venant d’un ancien président de la République » et « inacceptables venant du chef du principal parti de l’opposition ». C’est la réaction d’Abdelaziz Rahabi, ancien ministre et porte-parole du gouvernement algérien, aux propos tenus par Nicolas Sarkozy en Tunisie, lundi 20 juillet.
# Ce qu’a dit Nicolas Sarkozy
« La Tunisie est frontalière avec l’Algérie et avec la Libye. C’est pas nouveau, vous n’avez pas choisi votre emplacement« , a expliqué l’ancien chef de l’État lors d’une visite au musée du Bardo à Tunis, touché par un attentat qui avait fait 22 morts au mois de mars. Une déclaration ponctuée d’un petit rictus dans lequel le site Tout Sur l’Algérie a vu « un air navré ». Le site d’infos algérien dénonce un « dérapage » de Nicolas Sarkozy et ce dernier fait l’objet de nombreuses critiques de la part des internautes dans les commentaires de cet article.
« L’Algérie, qu’en sera-t-il dans l’avenir, de son développement, de sa situation ? C’est un sujet. Qui me semble-t-il doit être traité dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée », a encore estimé le président de Les Républicains, qui a aussi évoqué la « malheureuse Libye, qui a souffert pendant des décennies d’un des dictateurs les plus cruels qu’on n’ait jamais connu, monsieur Khadafi ».
# La réaction d’Abdelaziz Rahabi
Interviewé par le même média algérien, Tout Sur l’Algérie, ce mardi, l’ancien ministre de la Culture et de la Communication et porte-parole du gouvernement algérien est scandalisé par ces propos qui tiennent selon lui de la « déclaration de circonstance pour plaire aux Tunisiens » :
Premièrement, ce sont des propos qui sont inconvenants venant d’un ancien président de la République qui est connu dans les relations bilatérales pour ne pas avoir respecté beaucoup de ses engagements vis-à-vis de l’Algérie et d’avoir surtout lancé ce fameux slogan sur la repentance. Ce dernier a servi surtout à bloquer toute forme de débat sur la reconnaissance des crimes commis par le colonialisme.
Deuxièmement, ces propos sont inacceptables venant du chef du principal parti de l’opposition, ce qui renseigne sur ce que sera l’avenir des relations algéro-françaises s’il venait à être élu en 2017.
Troisièmement, il crée une confusion en déterrant l’Union pour la Méditerranée et en en faisant le cadre de concertation et de coopération de l’Algérie avec l’Europe alors que cette initiative a échoué, car justement, elle n’est pas un cadre de dialogue entre le Nord et le Sud mais sa promotion visait uniquement à contourner la demande d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne et à intégrer Israël dans le processus Euro Med.Selon lui, Nicolas Sarkozy ne visait pas là de but précis mais cherchait seulement à « plaire » à ses interlocuteurs du jour. Celui qui fut aussi diplomate considère donc que le patron de l’opposition française pourrait très bien « faire les mêmes déclarations en Algérie à propos d’un autre pays » : Il n’a rien derrière la tête. C’est quelqu’un qui parle beaucoup et qui fait beaucoup de déclarations de circonstance pour plaire là où il est. Il peut faire les mêmes déclarations en Algérie à propos d’un autre pays. Il ne faut pas lui accorder plus d’importance qu’il n’en a. Il ne faut pas qu’il soit un sujet de débat interne.
Abdelaziz Rahabi explique enfin pourquoi, à son sens, les officiels algériens n’ont pas réagi à cette petite phrase qui fait polémique : « Cela ne mérite pas une réaction. L’Algérie ne réagit que par voie de son chef d’État et Sarkozy n’est pas un officiel, mais les partis politiques auraient pu réagir. »