Ce qui est vraiment effrayant, ce n’est pas tant que ce cinglé ait marqué comme du bétail les femmes qu’il a violées, mais plutôt le fait qu’il l’ait fait pendant 20 ans, voire plus, sans que les autorités ou la justice ne s’intéressent à son cas ! Ne parlons pas non plus de la presse qui n’a rien fait puisqu’elle était occupée à parler des frasques des candidats de la télé réalité. Il est impossible qu’aucune information ou aucune fuite ne se soit produite le long de ces deux décennies cauchemardesques.
Interpellé au Mexique, le gourou présumé de la secte Nxivm est poursuivi pour trafic sexuel, association de malfaiteurs et menaces.
Il faisait marquer ses esclaves à même la peau.
Le gourou présumé d’une secte qui entretenait, pour son propre compte, un réseau d’esclaves sexuelles, a été interpellé dimanche au Mexique, extradé et devait être présenté à la justice américaine ce mardi.
Keith Raniere, 57 ans, a fondé en 1998 une organisation baptisée Executive Success Program (ESP), qui tenait des séries d’ateliers dont le but officiel était de « réaliser le potentiel humain » des participants.
En 2003, il a créé une deuxième entité, baptisée Nxivm (prononcer Nexium), qui chapeautait ESP, selon le document de la plainte déposée mi-février par le ministère public devant un tribunal fédéral de Brooklyn.
Nxivm proposait en façade des cours de développement personnel mais dissimulait une secte dont les membres féminines étaient victimes de maltraitances, de marquages au fer rouge et d’esclavagisme sexuel.
Selon ce même document, les participants aux sessions de formation acceptaient de payer jusqu’à 5.000 dollars pour des ateliers de 5 jours et se retrouvaient, le plus souvent, endettés, au point de devoir travailler pour Nxivm pour rembourser.
De 15 à 20 femmes sous influence
Basée à Albany, capitale de l’État de New York, l’organisation a ouvert des centres dans plusieurs villes de États-Unis, du Canada, du Mexique et d’autres pays d’Amérique centrale.
Dès les débuts d’ESP, Keith Raniere est soupçonné d’avoir entretenu un cercle de 15 à 20 femmes sous influence, avec lesquelles il avait des relations sexuelles à son gré.
En 2015, il aurait créé une organisation parallèle pyramidale, baptisée DOS, qui comprenait des « esclaves » et des « maîtres ». Tous les membres étaient des femmes avec, au sommet de la pyramide, le gourou présumé Keith Raniere lui-même.
Parmi les missions des « esclaves », figurait notamment l’obligation d’avoir des rapports sexuels avec Keith Raniere lorsque cela leur était demandé.
Un « marquage » à même la peau
Avant d’être acceptées comme esclaves, les femmes devaient fournir de la « garantie », c’est-à-dire divers éléments compromettants pour elles-mêmes, photos, lettres ou documents, que l’organisation se réservait le droit de rendre publics si elles quittaient DOS.
Elles devaient aussi subir un « marquage », qui consistait à tracer sur la peau des lettres, souvent les initiales de Raniere, à l’aide d’un stylo à cautériser, qui brûlait les chairs. La victime était maintenue immobile par d’autres femmes et chaque séance était filmée.
Après la défection de plusieurs membres et la publication d’un long article dans le New York Times, en octobre, les agissements de cette secte ont été dévoilés par Sarah Edmonson, une ex-recrue choquée et meurtrie à jamais par son expérience au sein de la secte.
Sarah Edmonson a livré en octobre dernier un témoignage accablant sur les agissements de Keith Raniere./YouTube.
C’est après qu’on lui a gravé les initiales de Keith Ranière au fer rouge sur le bas-ventre que Sarah Edmonson a quitté Nxivm et décidé de témoigner au grand jour.
Après ces incroyables révélations, le gourou présumé s’est enfui en octobre au Mexique, où il a été interpellé dimanche, dans une villa luxueuse de la station balnéaire de Puerto Vallarta.
Il est poursuivi pour trafic sexuel, association de malfaiteurs et menaces. S’il est reconnu coupable de ces chefs d’accusation, Keith Raniere risque, au minimum, 15 ans de prison, et encourt jusqu’à la réclusion à perpétuité.
Selon l’article du New York Times, environ 16 000 personnes auraient suivi les formations d’ESP ou Nxivm depuis 1998.
Victor Fortunato – Le Parisien / AFP