Il faudrait être totalement stupide et décérébré pour croire que la bouffe industrielle puisse être de bonne qualité juste parce qu’un chef étoilé a vendu son image et que l’emballage arbore son portrait. Ce serait d’une naïveté criminelle surtout lorsque l’on connaît le mode de fonctionnement des lignes de productions ainsi que les impératifs de conservation et de stockage. D’autant que les emplois du temps de ces chefs étoilés sont tellement chargés qu’on a du mal à les voir surveiller la production de leurs petits plats industriels.
Ce qui est par contre insupportable et inadmissible c’est de tenter de faire accroire que des plats industriels puissent comparés à une cuisine mitonnée à la maison avec des produits frais. C’est encore plus pathétique lorsque l’on voit un collectif de chefs étoilés combattre la malebouffe tout en s’employant eux-mêmes à la produire. On est bien dans le règne de l’hypocrisie la plus assumée…
Pour franceinfo, l’ONG Foodwatch a étudié la composition d’une soixantaine de plats vendus dans la grande distribution avec l’image d’un grand chef cuisinier.
« Ça vous dirait d’avoir un grand chef dans votre cuisine ?», lance Thibault Sombardier dans les publicités télévisées. À l’instar de l’ancien finaliste de “Top Chef”, étoilé au Guide Michelin, plusieurs chefs prestigieux associent leurs noms à des plats vendus en supermarché. Mais ces produits sont-ils meilleurs que les autres ?
Avec l’aide de Foodwatch, nous en avons examiné une soixantaine et leurs étiquettes livrent parfois des informations inattendues. “On voit qu’il y a pas mal d’ingrédients comme des additifs souvent controversés, comme le nitrite de sodium ou les gélifiants à base d’algues”, commente Ingrid Kragl, responsable de l’association de défense des consommateurs.
Un conseil : regardez les étiquettes
Foodwatch s’étonne également du décalage entre la promesse marketing de certains de ces plats et leur composition réelle. “Souvent, à côté du chef, vous avez une image et un nom très alléchants, et puis quand on regarde le détail, les ingrédients mis en avant sont parfois présents en très très infime quantité dans le plat”, explique Ingrid Kragl.
Si certains de ces produits se distinguent avec des recettes de bonne qualité nutritionnelle, sans additifs ni conservateurs, d’autres détonnent avec l’image gastronomique associée aux grands chefs. Ce qui désole Ingrid Kragl : “On peut quand même s’étonner de les voir prêter leur image à des marques qui commercialisent des produits très proches de la malbouffe.” Comme pour tous les plats, l’association recommande aux consommateurs de scruter les étiquettes avant d’acheter.
Thomas Baïetto, Benoît Jourdain, Christophe Rauzy